C’est la confiance
«
C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour ».
Ces paroles très fortes de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte
Face disent tout. Elles résument le génie de sa spiritualité et suffiraient à
justifier qu’on l’ait déclarée Docteur de l’Église.
Seule
la confiance, et “rien d’autre”, il n’y a pas d’autre chemin pour nous conduire
à l’Amour qui donne tout. Par la confiance, la source de la grâce déborde dans
nos vies, l’Évangile se fait chair en nous et nous transforme en canaux de
miséricorde pour nos frères. C’est la confiance qui nous soutient chaque jour
et qui nous fera tenir debout sous le regard du Seigneur lorsqu’il nous
appellera à Lui : « Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains
vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos
justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre
Justice et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même ».
Dans
le nom qu’elle choisit comme religieuse, apparaît Jésus, l’“Enfant” qui
manifeste le mystère de l’Incarnation, et la “Sainte Face”, c’est-à-dire le
visage du Christ qui se donne jusqu’au bout sur la Croix. Elle est “Sainte
Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face”.
Le
Nom de Jésus est continuellement “respiré” par Thérèse comme un acte d’amour,
jusqu’à son dernier souffle. Elle avait également aussi gravé ces mots dans sa
cellule : “Jésus est mon seul amour” - c’était son interprétation de
l’affirmation centrale du Nouveau Testament : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16).
Thérèse
a pu définir sa mission en ces termes : « Je désirerai au Ciel la même chose
que sur la terre : Aimer Jésus et le faire aimer ». Les
dernières pages de l’Histoire d’une âme sont un
testament missionnaire. Elles expriment sa manière de concevoir
l’évangélisation par attraction, et non
par pression ou prosélytisme. Elle cite les paroles que l’épouse adresse à
l’époux dans le Cantique des Cantiques (1, 3-4) :
« Attirez- moi, nous courrons à l’odeur de vos parfums ».
Et elle commente : De même qu’un torrent, se jetant avec impétuosité dans
l’océan, entraîne après lui tout ce qu’il a rencontré sur son passage, de même,
ô mon Jésus, l’âme qui se plonge dans l’océan sans rivages de votre amour,
attire avec elle tous les trésors qu’elle possède. Seigneur, vous le savez, je
n’ai point d’autres trésors que les âmes qu’il vous a plu d’unir à la mienne ».
En
parlant de l’action de l’Esprit Saint, elle dit : « Voici ma prière, je demande
à Jésus de m’attirer dans les flammes de son amour, de m’unir si étroitement à
Lui, qu’Il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l’amour embrasera
mon cœur, plus je dirai : Attirez-moi, plus aussi les âmes qui s’approcheront
de moi - pauvre petit débris de fer inutile, si je m’éloignais du brasier divin
-, plus ces âmes courront avec vitesse à l’odeur des parfums de leur Bien-Aimé,
car une âme embrasée d’amour ne peut rester inactive ».
Dans
le cœur de Thérèse, la grâce du baptême devient ce torrent impétueux qui se
jette dans l’océan de l’amour du Christ, emportant avec lui une multitude de
sœurs et de frères. C’est ce qui arriva en particulier après sa mort où sa
promesse d’une « pluie de roses » s’est réalisée.
L’une
des découvertes les plus importantes de Thérèse, pour le bien de tout le peuple
de Dieu, est sa “petite voie”, la voie de la confiance et de l’amour, connue
aussi sous le nom de Voie de
l’enfance spirituelle. Thérèse
raconte sa découverte de la petite voie dans l’Histoire d’une âme : « Me
grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes
mes imperfections ; mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une
petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle ».
Pour
la décrire, elle utilise l’image de l’ascenseur : « L’ascenseur qui doit
m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas
besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne
de plus en plus ». Elle va
ainsi jusqu’à dire : « Je sens toujours la même confiance audacieuse de
devenir une grande Sainte, car je ne compte pas sur mes mérites n’en ayant aucun, mais
j’espère en Celui qui est la Vertu, la Sainteté Même, c’est Lui seul qui se
contentant de mes faibles efforts m’élèvera jusqu’à Lui et, me couvrant de ses
mérites infinis, me fera sainte ».
Sa
confiance illimitée encourage ceux qui se sentent fragiles, limités, pécheurs à
se laisser conduire et transformer pour atteindre le sommet : « Ah ! Si toutes
les âmes faibles et imparfaites sentaient ce que sent la plus petite de toutes
les âmes, l’âme de votre petite Thérèse, pas une seule ne désespérerait
d’arriver au sommet de la montagne de l’amour, puisque Jésus ne demande pas de
grandes actions, mais seulement l’abandon et la reconnaissance ».
Dans
la foi, elle vit intensément une confiance illimitée en la miséricorde infinie
de Dieu : C’est l’une des découvertes les plus importantes de Thérèse, l’une de
ses plus grandes contributions pour l’ensemble du peuple de Dieu. Elle est
entrée de manière extraordinaire dans les profondeurs de la miséricorde divine
et y a puisé la lumière de son espérance sans limites.
La
confiance à laquelle Thérèse invite ne doit pas être comprise seulement par
rapport à la sanctification et au salut personnels. Elle embrasse la totalité
de l’existence concrète et s’applique à toute notre vie, où nous sommes souvent
envahis par les peurs, par le désir de sécurité humaine, par le besoin de tout
contrôler. La pleine confiance, qui devient abandon dans l’Amour, nous libère
des calculs obsessionnels, de l’inquiétude constante pour l’avenir, des peurs
qui enlèvent la paix.
Dans
ses derniers jours, Thérèse insistait sur ce point : « Nous qui courons dans la
voie de l’Amour, je trouve que nous ne devons pas penser à ce qui peut nous
arriver de douloureux dans l’avenir, car alors c’est manquer de confiance ». Si nous
sommes entre les mains d’un Père qui nous aime sans limites, quoi qu’il arrive,
d’une manière ou d’une autre, son plan d’amour et de plénitude se réalisera
dans notre vie.
Exhortation
apostolique C’EST LA CONFIANCE, du pape François, sur la confiance en l’amour
miséricordieux de Dieu, à l’occasion du 150 ème anniversaire de la naissance de
de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, donné à Rome le 15
octobre 2023
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.