16 mars 2024

Du Pape François

 Dieu ne se lasse jamais de pardonner

 

 

 « Nous pouvons marcher dans une vie nouvelle » (Rm 6,4) : c’est ce qu’écrit l’apôtre Paul aux premiers chrétiens de l’Église de Rome. Mais quelle est la vie nouvelle dont il parle ? C’est la vie née du Baptême, qui nous plonge dans la mort et la résurrection de Jésus, et fait de nous pour toujours des enfants de Dieu, des enfants de la résurrection destinés à la vie éternelle, orientés vers les choses d’en haut. C’est la vie qui nous fait avancer vers notre identité la plus vraie, celle d’être des enfants bien-aimés du Père, de sorte que toute peine et tout obstacle, tout labeur et toute tribulation ne peuvent prévaloir sur cette merveilleuse réalité qui nous fonde : nous sommes des enfants du bon Dieu.

Nous avons entendu que saint Paul associe la vie nouvelle à un verbe : “marcher“. Ainsi, la vie nouvelle, commencée dans le Baptême, est un voyage, et il n’y a pas de retraite sur ce chemin : sur ce chemin, personne ne recule - on avance toujours.

Mais après tant de pas sur le chemin, peut-être avons-nous perdu de vue la vie sainte qui coule en nous. Plongés jour après jour dans un rythme répétitif, pris par mille choses, déconcertés par tant de messages, nous cherchons partout des satisfactions et des nouveautés, des stimuli et des sensations positives, mais nous oublions qu’une vie nouvelle coule déjà en nous, et que comme la braise sous la cendre, elle attend de tout brûler et de tout illuminer.

Lorsque nous sommes occupés par tant de choses, pensons-nous à l’Esprit Saint qui est en nous et qui nous guide ? Il m’arrive souvent de ne pas penser à lui, et ce n’est pas bon. Être ainsi absorbés par tant de soucis nous fait oublier le vrai chemin que nous suivons dans la vie nouvelle. Il faut chercher la braise sous la cendre, cette cendre qui s’est installée dans le cœur et qui recouvre la beauté de notre âme, qui la dissimule.

Dieu qui dans la vie nouvelle est notre Père, nous apparaît alors comme un maître, et au lieu de nous confier à lui, nous passons un contrat avec lui. Au lieu de l’aimer, nous le craignons, et les autres, au lieu d’être des frères, enfants du même Père, nous apparaissent comme des obstacles et des adversaires. Il existe une mauvaise habitude, celle de transformer nos compagnons de route en adversaires - et nous le faisons si souvent ! Les défauts de notre prochain nous apparaissent exagérément, et ses qualités nous restent cachées… Combien de fois sommes-nous inflexibles envers les autres, et indulgents envers nous-mêmes, et nous nous sentons poussés par une force irrésistible à faire le mal que nous voudrions éviter (cf. Rm 7,19).

En définitive, après avoir brouillé le visage de Dieu, brouillé celui de nos frères, et estompé la grandeur qui est en nous, nous continuons notre chemin - mais combien de fois nous fatiguons-nous de marcher et perdons-nous le sens de la marche ? Nous restons immobiles, ou même pas immobiles, juste inactifs. Frères, sœurs, quel est le chemin pour reprendre la voie de la vie nouvelle en ce Carême ?

Eh bien c’est le chemin du pardon de Dieu. Mettez ceci dans votre esprit et dans votre cœur : Dieu ne se lasse jamais de pardonner. Avez-vous entendu cela ? Mais le drame, c’est que c’est nous qui nous fatiguons de demander pardon ! Lui ne se lasse jamais de pardonner, et le pardon divin fait de nous des hommes nouveaux, comme de nouveaux baptisés. Il nous purifie de l’intérieur, nous ramène à l’état de notre renaissance baptismale. Il fait couler à nouveau les eaux fraîches de la grâce dans nos cœurs desséchés par la tristesse, et salis par le péché. Le Seigneur enlève les cendres des braises de l’âme, nettoie les taches intérieures qui nous empêchent de faire confiance à Dieu, d’embrasser nos frères, de nous aimer nous-mêmes. Il pardonne tout.

Écoutez bien : Dieu pardonne tout, et il ne se lasse jamais de pardonner. Le pardon de Dieu nous transforme de l’intérieur : il nous donne une nouvelle vie et un nouveau regard. Il prépare nos yeux à voir Dieu - et Dieu ne peut être vu que si le cœur est purifié. Mais qui peut faire cette purification ? Seul Dieu connaît et guérit le cœur, seul Dieu est capable de connaître et de guérir le cœur, Lui seul peut le libérer du mal.

Pour cela, nous devons lui apporter notre cœur ouvert, et contrit, et nous devons imiter le lépreux de l’Évangile qui le prie : « Si tu le veux, tu peux me purifier » (Mc 1,40). C’est une belle prière, et nous pouvons la répéter tous ensemble ici : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier ». Puis disons-le maintenant silencieusement au Seigneur : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier » - Il le peut !

Certains pensent : Mais ce péché est trop grave, le Seigneur ne pourra pas !… Le Seigneur pardonne tout, le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner. Répétez-le : « Le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner ». Le Seigneur le veut parce qu’il veut que nous soyons renouvelés, libres, légers à l’intérieur, heureux et en chemin, et non pas garés sur les chemins de la vie. Il sait combien il est facile pour nous de trébucher, de tomber et de sombrer, et il veut nous relever.

J’ai vu une belle image où le Seigneur se penche pour nous relever, et c’est ce que le Seigneur fait chaque fois que nous nous confessons. Ne l’affligeons pas, ne remettons pas à plus tard la rencontre avec son pardon, car ce n’est que si nous sommes relevés par lui que nous pourrons nous redresser et voir la défaite de notre péché, effacé pour toujours.

Le péché est toujours une défaite, mais Lui est vainqueur du péché : Il est la Victoire, et le pardon est le début de la vie nouvelle : commencée dans le Baptême, elle recommence dans le pardon. Ne renonçons pas au pardon de Dieu, au sacrement de la Réconciliation. Ce n’est pas une pratique de dévotion, mais le fondement de l’existence chrétienne. Il ne s’agit pas d’examiner nos péchés, mais de nous reconnaître pécheurs et de nous jeter dans les bras de Jésus crucifié pour être libérés. Ce n’est pas un geste moralisateur, mais la résurrection du cœur.

Le Seigneur ressuscité nous ressuscite tous. Allons donc recevoir le pardon de Dieu et sentons-nous, nous qui l’administrons, dispensateurs de la joie du Père qui retrouve son fils perdu. Sentons que nos mains, posées sur la tête des fidèles, sont les mains transpercées par la miséricorde de Jésus, qui transforme les blessures du péché en canaux de la miséricorde. Et nous, confesseurs, sentons que le « pardon et la paix » que nous proclamons sont la caresse de l’Esprit Saint dans le cœur des fidèles.

Chers frères, pardonnons ! Chers frères prêtres, pardonnons, pardonnons toujours comme Dieu qui ne se lasse jamais de pardonner, et nous nous trouverons nous-mêmes. Accordons toujours le pardon à ceux qui le demandent et aidons ceux qui ont peur à s’approcher avec confiance du sacrement de la guérison et de la joie.

Remettons le pardon de Dieu au centre de l’Église.

 

Célébration pénitentielle à la paroisse saint Pie V à Rome, 8 mars 2024

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.