Les soins palliatifs, chemin de compassion
Le thème que vous avez choisi, Sur un chemin d’espérance, est à
la fois actuel et essentiel. Aujourd’hui, face aux effets tragiques de la
guerre, de la violence et des injustices de toutes sortes, il est trop facile
de céder à la peine, voire au désespoir. Pourtant, en tant que membres de
la famille humaine, et surtout en tant que croyants, nous sommes appelés à
accompagner avec amour et compassion ceux qui luttent, et qui ont des
difficultés à trouver des raisons d’espérer (cf. 1 P 3, 15).
L’espérance est en effet ce qui nous donne de la force face aux questions
soulevées par les défis, les difficultés et les angoisses de la vie.
C’est encore plus vrai lorsqu’on est confronté à une maladie grave ou à la
fin de la vie. Tous ceux qui vivent les incertitudes si souvent liées à la
maladie et à la mort ont besoin du témoignage d’espérance de ceux qui les
soignent et qui restent à leurs côtés. À cet égard, les soins palliatifs, tout
en cherchant à alléger autant que possible le fardeau de la douleur, sont avant
tout un signe concret de proximité et de solidarité avec nos frères et sœurs
qui souffrent. En même temps, ce genre de soins peuvent aider les patients et
leurs proches à accepter la vulnérabilité, la fragilité et la finitude qui
marquent la vie humaine en ce monde.
Je voudrais souligner ici que les soins palliatifs authentiques sont
radicalement différents de l’euthanasie, qui n’est jamais une source
d’espérance, ni une authentique préoccupation pour les malades et les mourants.
Il s’agit plutôt d’un échec de l’amour, reflet d’une “culture du rejet” dans
laquelle les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à
respecter et à protéger (cf. Fratelli tutti, n. 18).
L’euthanasie est souvent présentée à tort comme une forme de compassion.
Pourtant, la “compassion”, un mot qui signifie “souffrir avec”, n’implique pas
la fin intentionnelle d’une vie, mais plutôt la volonté de partager les
fardeaux de ceux qui sont confrontés aux dernières étapes de leur pèlerinage
terrestre. Les soins palliatifs sont donc une véritable forme de compassion car
ils répondent à la souffrance, qu’elle soit physique, émotionnelle,
psychologique ou spirituelle, en affirmant la dignité fondamentale et
inviolable de toute personne, en particulier des mourants, et en les aidant à
accepter le moment inévitable du passage de cette vie à la vie éternelle.
Dans cette perspective, nos convictions religieuses offrent une
compréhension plus profonde de la maladie, de la souffrance, et de la mort, les
considérant comme faisant partie du mystère de la Providence divine, et pour la
tradition chrétienne, comme un moyen de sanctification. Dans le même
temps, les actes de compassion et le respect manifestés par le personnel
médical et les soignants dévoués permet souvent aux personnes en fin de vie de
trouver un réconfort spirituel, une espérance, et une réconciliation avec Dieu,
les membres de leur famille, et leurs amis.
En effet, votre service est important - je dirais même essentiel - pour
aider les malades et les mourants à réaliser qu’ils ne sont pas isolés ou
seuls, que leur vie n’est pas un fardeau, qu’ils restent toujours
intrinsèquement précieux aux yeux de Dieu (cf. Ps 116, 15) et
unis à nous par les liens de la communion.
Chers amis, je vous encourage tous dans vos efforts pour faire progresser
les soins palliatifs pour nos frères et sœurs les plus vulnérables. Puissent
vos discussions et débats de ces journées vous aider à persévérer dans l’amour,
à donner de l’espérance à ceux qui sont en fin de vie et à faire avancer la
construction d’une société plus juste et plus fraternelle. J’invoque sur vous
et vos proches les bénédictions divines de sagesse, de force et de paix.
Message du pape François aux participants du symposium
international interconfessionnel
sur les soins palliatifs, Toronto 21 - 23 mai 2024
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