Notre
histoire commence dans le Cœur de Dieu
Le Seigneur
a fait choix de son peuple et il l’a accompagné au long de son
chemin dans le désert, pendant toute sa vie. Dans le passage de la
lettre aux Galates que nous venons de lire, saint Paul fait mémoire
de sa vie, sans cacher ses péchés. Eh bien ce que Dieu a fait avec
son peuple, il l’a fait avec chacun de nous.
Nous avons
été choisis. Pourquoi moi est-ce que je suis chrétien, et pas
celui là-bas, qui n’a jamais entendu parler de Jésus-Christ ?
C’est une grâce, une grâce d’amour. Il faut donc faire mémoire
de cette réalité, mais dans ce qu’elle a de concret - et c’est
ce que fait Paul en confessant avoir persécuté l’Église
férocement. Paul ne dit pas : Je suis bon, je suis le fils d’un
tel, j’ai de la noblesse. Mais il affirme : J’ai été un
persécuteur, j’ai été mauvais ! Paul fait mémoire de
son parcours, et ainsi, il remonte au commencement.
Cette
habitude de faire mémoire de notre vie n’est pas très répandue
parmi nous. Nous oublions les choses, nous vivons dans le moment qui
advient, et nous oublions notre histoire. Mais chacun de nous a une
histoire : une histoire de grâce, une histoire de péché, un
cheminement, tant de choses… Et nous ferions bien de prier avec
notre histoire. C’est ce que fait Paul quand il raconte un peu de
son histoire - mais en général, il dit : Lui m’a choisi !
Lui m’a appelé ! Lui m’a sauvé ! Lui a été mon
compagnon de route…
Faire
mémoire de sa propre vie, c’est rendre gloire à Dieu. Faire
mémoire de nos péchés, dont le Seigneur nous a sauvés, c’est
rendre gloire à Dieu. C’est pourquoi Paul dit qu’il ne se vante
que de deux choses : de ses propres péchés, et de la grâce du
Christ crucifié, de sa grâce. Il faisait mémoire de ses péchés
et se vantait ainsi : J’ai été pécheur, mais le Christ
crucifié m’a sauvé, et il se vantait du Christ. Ça, c’est la
manière dont Paul fait mémoire - celle à laquelle Jésus lui-même
nous invite.
Quand Jésus
dit à Marthe : « Tu t’inquiètes et tu t’agites pour
beaucoup de choses, mais une seule chose est nécessaire. Marie a
choisi la meilleure part », qu’est-ce que ça veut dire ?
Écouter le Seigneur, et faire mémoire. Nous ne pouvons pas prier
chaque jour comme si nous n’avions pas d’histoire. Chacun de nous
a sa propre histoire, et avec cette histoire dans le cœur, nous
allons à la prière comme le fait Marie. Mais si souvent nous sommes
distraits, comme Marthe, par nos activités, par notre journée, par
les choses que nous devons faire, et nous oublions notre histoire.
Notre
relation à Dieu ne commence pas le jour de notre baptême : là,
elle est scellée, mais elle commence quand Dieu, depuis l’éternité,
nous a regardés et nous a choisis. Elle commence dans le Cœur de
Dieu.
Il faut
faire mémoire de ce choix de Dieu sur nous. Faire mémoire de notre
chemin d’alliance. Cette alliance,
l’avons-nous gardée, ou non ? Eh bien non : nous sommes
pécheurs, mais nous faisons mémoire, et nous faisons mémoire de la
promesse que Dieu a faite et qui ne déçoit jamais, et c’est là
notre espérance. C’est ça la vraie prière.
Prions avec
le psaume que nous venons d’entendre : « Tu me scrutes,
Seigneur, et tu sais ! Tu sais quand je m’assois, quand je me
lève. De très loin tu pénètres mes pensées, tous mes chemins te
sont familiers » (Ps
138 1-3). C’est ça prier,
c’est faire mémoire devant Dieu de notre histoire, parce que notre
histoire est l’histoire de son amour envers nous.
Homélie du
mardi 7 octobre 2014
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