19 septembre 2015

Du Pape François 16/09/2015

Ce qui se passe entre l’homme et la femme marque toute chose de son empreinte


     Chers frères et sœurs, bonjour ! Le tournant de civilisation actuel apparaît marqué par les effets à long terme d’une société administrée par la technocratie économique. La subordination de l’éthique à la logique du profit dispose de moyens considérables et d’un appui médiatique énorme. Dans ce cadre, une alliance nouvelle de l’homme et de la femme devient non seulement nécessaire, mais également stratégique pour l’émancipation des peuples de la colonisation de l’argent. Cette alliance doit à nouveau orienter la politique, l’économie et la cohabitation sociale : elle décide de l’habitabilité de la terre, de la transmission du sens de la vie, des liens entre la mémoire et l’espérance.
     Cette alliance de l’homme et de la femme est la grammaire génératrice, le “nœud d’or“, pourrions-nous dire, de la communauté conjugale et familiale. La foi puise cette grammaire dans la sagesse de la création de Dieu, qui a confié à la famille non pas le soin d’une intimité qui soit sa propre fin, mais le projet émouvant de rendre le monde “domestique“. C’est la famille qui se trouve à la source, à la base de cette culture universelle qui nous sauve. Elle nous sauve de tant, tant d’attaques, de tant de destructions, de tant de colonisations, comme celle de l’argent ou des idéologies qui menacent tellement le monde. La famille est la base pour se défendre !
     Le monde créé est confié à l’homme et à la femme : ce qui se passe entre eux marque toute chose de son empreinte. Leur refus de la bénédiction de Dieu aboutit fatalement à un délire de toute-puissance qui ruine toutes choses : c’est ce que nous appelons “péché originel“ - et nous venons tous au monde en héritant de cette maladie.
     Malgré cela, nous ne sommes ni maudits, ni abandonnés à nous-mêmes. L’antique récit du premier amour de Dieu pour l’homme et la femme avait déjà à cet égard des pages écrites en lettres de feu ! « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien » (Gn 3, 15a) : ce sont les paroles que Dieu adresse au serpent trompeur, séducteur. Par ces paroles, Dieu entoure la femme d’une barrière protectrice contre le mal, à laquelle elle peut recourir - si elle le veut - pour chaque génération. Ça veut dire que la femme porte une bénédiction secrète et spéciale pour la défense de sa créature contre le Malin - comme la femme de l’Apocalypse qui court cacher son fils à l’abri du Dragon, et Dieu la protège (cf. Ap 12, 6).
     Pensez à la profondeur qui s’ouvre ici ! Il existe beaucoup de lieux communs, souvent offensants, sur la femme tentatrice qui inspire le mal. Alors qu’il y a au contraire un espace pour une théologie de la femme, à la hauteur de cette bénédiction de Dieu pour elle et pour sa descendance !
     En tout cas, la protection miséricordieuse de Dieu à l’égard de l’homme et de la femme ne leur fait jamais défaut pour tous les deux, ne l’oublions pas ! Dans son langage symbolique, la Bible nous dit qu’avant de les éloigner du jardin d’Éden, Dieu fait à l’homme et à la femme des tuniques en cuir et les en revêt (cf. Gn 3, 21). Ce geste de tendresse signifie que même dans les douloureuses conséquences de notre péché, Dieu ne veut pas que nous restions nus et abandonnés à notre destin de pécheurs. Cette tendresse divine, cette attention envers nous, nous la voyons incarnée en Jésus de Nazareth, fils de Dieu « né d’une femme » (Gal 4, 4) - et saint Paul dit encore : « Alors que nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous » (Rm 5, 8), ce Christ né de la femme, né d’une femme. Il est la caresse de Dieu sur nos plaies, sur nos erreurs, sur nos péchés. Dieu nous aime tel que nous sommes et veut nous porter, nous faire aller de l’avant avec son projet, et la femme est celle qui est plus forte, celle qui accomplit ce projet.
     La promesse que Dieu fait à l’homme et à la femme, à l’origine de l’histoire, inclut tous les êtres humains, jusqu’à la fin de l’histoire. Si nous avons suffisamment la foi, les familles des différents peuples de la terre se reconnaîtront dans cette bénédiction. De toute façon, quiconque se laisse toucher par cette vision - peu importe le peuple, le pays, la religion à laquelle il appartient -, qu’il se mette en route avec nous ! Il sera notre frère et notre sœur, sans prosélytisme. Marchons ensemble sous cette bénédiction et portés par ce dessein de Dieu de faire de nous tous des frères dans la vie, dans un monde qui va de l’avant et qui naît justement de la famille : de l’union de l’homme et de la femme.
Que Dieu vous bénisse, familles de tous les coins de la terre, que Dieu vous bénisse tous !

Audience générale du 16 septembre 2015





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