7 novembre 2015

Du Pape François 4/11/2015

La famille, une salle d’entraînement au don et au pardon réciproque



Chers frères et sœurs, bonjour !
L’Assemblée du synode des évêques, a réfléchi en profondeur sur la vocation et la mission de la famille dans la vie de l’Église et de la société contemporaine. Ça a été un événement de grâce.
Mais la vie des familles ne s’arrête pas là. Chères familles, vous êtes toujours en chemin, et vous écrivez continuellement, sur les pages de votre vie concrète, la beauté de l’Évangile de la famille. Dans un monde où la vie et l’amour semblent parfois se tarir, vous parlez tous les jours du grand don que sont le mariage et la famille.
Aujourd’hui, je voudrais souligner l’aspect suivant : la famille est une sorte de grande salle de sport, une salle d’entraînement au don et au pardon réciproques, sans lesquels aucun amour ne peut durer longtemps. Si l’on ne se donne pas et si l’on ne se pardonne pas, l’amour ne demeure pas, il ne dure pas. Dans la prière qu’il nous a enseignée lui-même, le « Notre Père », Jésus nous fait demander au Père : « Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs ». Et à la fin, il commente ainsi : « Car si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes » (Mt 6,12.14-15).
On ne peut pas vivre sans se pardonner, ou en tout cas on ne peut pas bien vivre, surtout en famille. Tous les jours, nous nous faisons du tort les uns aux autres. Nous devons prendre en compte ces erreurs, dues à notre fragilité et à notre égoïsme. Mais ce qui nous est demandé, c’est de guérir tout de suite les blessures que nous nous faisons, de retisser tout de suite les liens que nous rompons dans notre famille. Si nous attendons trop, tout devient plus difficile.
Et il existe un secret simple pour guérir les blessures et pour faire fondre les accusations : c’est de ne pas laisser la journée se terminer sans se demander pardon, sans faire la paix entre mari et femme, entre parents et enfants, entre frères et sœurs, entre… belle-fille et belle-mère ! Si nous apprenons à nous demander tout de suite pardon, et à nous donner mutuellement le pardon, les blessures guérissent, le mariage se fortifie, et la famille devient une maison toujours plus solide qui résiste aux secousses de nos petites et grandes méchancetés. Et pour ça, il n’y a pas besoin de faire un grand discours : il suffit d’une caresse - une caresse et tout est fini et on recommence. Mais ne pas terminer sa journée en guerre !
Si nous apprenons à vivre ainsi en famille, nous le ferons aussi à l’extérieur, partout où nous nous trouvons. On peut être sceptique là dessus - et c’est facile. Beaucoup, y compris parmi les chrétiens, pensent que c’est exagéré en disant : Oui, ce sont de belles paroles, mais c’est impossible à mettre en pratique. Mais avec la grâce de Dieu, il n’en est pas ainsi. En fait, c’est précisément en recevant le pardon de Dieu qu’à notre tour, nous sommes capables de pardonner aux autres. C’est pourquoi Jésus nous fait répéter ces paroles chaque fois que nous récitons la prière du Notre Père - c’est-à-dire tous les jours ! Et il est indispensable que dans une société parfois impitoyable, il y ait des lieux comme la famille, où l’on apprend à se pardonner les uns aux autres.
Le synode a ravivé notre espérance sur ce point aussi : la capacité de pardonner et de se pardonner fait partie de la vocation et de la mission de la famille. La pratique du pardon non seulement sauve les familles de la division, mais les rend capables d’aider la société à être moins méchante et moins cruelle. Oui, chaque geste de pardon répare les fissures de la maison et consolide ses murs.
Chères familles, l’Église est toujours à vos côtés pour vous aider à construire votre maison sur ce roc dont a parlé Jésus. Et n’oublions pas ces paroles qui précèdent immédiatement la parabole de la maison : « Ce n’est pas en me disant : Seigneur, Seigneur ! qu’on entrera dans le Royaume des cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père. » Et il ajoute : « Ce jour-là, beaucoup me diront : Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons expulsé les démons ? Alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus » (cf. Mt 7,21-23). C’est une parole forte sans aucun doute, qui a pour but de nous secouer et de nous appeler à la conversion.
Chères familles, je vous assure, si vous êtes capables de cheminer avec toujours plus de détermination sur la voie des béatitudes, en apprenant et en enseignant à vous pardonner réciproquement, alors grandira dans toute la grande famille de l’Église la capacité à rendre témoignage à la force rénovatrice du pardon de Dieu. Sinon, nous ferons des prédications, même très belles, et peut-être chasserons-nous aussi quelque diable, mais à la fin le Seigneur ne nous reconnaîtra pas comme ses disciples parce que nous n’aurons pas eu la capacité de pardonner, et de nous faire pardonner par les autres !
Vraiment, les familles chrétiennes peuvent faire beaucoup pour la société d’aujourd’hui, et pour l’Église. C’est pour cela que je désire que pendant le Jubilé de la miséricorde, les familles redécouvrent le trésor du pardon mutuel. Prions pour que les familles soient de plus en plus capables de vivre et de construire des chemins concrets de réconciliation, où personne ne se sente abandonné sous le poids de ses dettes.
Dans cette intention, disons ensemble : « Notre Père, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».

Catéchèse du mercredi 4 novembre 2015


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