Que
le Seigneur nous donne la grâce d’un cœur ouvert !
Dans la première lecture, tirée du premier
livre de Samuel, nous avons entendu comment le roi Saül est rejeté
par Dieu pour n’avoir pas obéi. Le Seigneur lui a dit qu’il
remporterait la bataille, qu’il serait victorieux, mais que tout ce
qu’il prendrait devait être voué à l’extermination. Et Saül
n’a pas obéi.
Quand le prophète le lui reproche et le
rejette au nom de Dieu comme roi d’Israël, Saül donne une
explication : « J’ai écouté la voix du peuple qui
voulait prendre le meilleur du bétail pour offrir un sacrifice au
Seigneur ».
C’est une bonne chose que de faire un
sacrifice, mais le Seigneur avait ordonné, avait demandé de faire
autre chose. C’est pourquoi Samuel dit à Saül : « Le
Seigneur aime-t-il les holocaustes et les sacrifices autant que
l’obéissance à sa Parole ? » C’est donc que
l’obéissance va plus loin et est supérieure aux paroles de
justification de Saül disant : J’ai écouté le peuple. Le
peuple m’a dit : On a toujours fait comme ça ! Ce qui a
plus de valeur dans le butin ira au service du Seigneur, soit pour le
Temple, soit pour des sacrifices. On a toujours fait comme ça !
Le roi aurait dû changer ce “On a toujours
fait comme ça !“ Mais il dit à Samuel : « Jai eu
peur du peuple ». Saül a eu peur, et c’est pourquoi il a
laissé les choses se faire, contre la volonté du Seigneur.
On retrouve la même attitude dans l’Évangile
quand les docteurs de la Loi reprochent à Jésus que ses disciples
ne jeûnent pas : On a toujours fait comme ça ! Pourquoi
ne jeûnent-ils pas ? Et Jésus répond avec ce principe de
vie : « Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une
pièce d’étoffe neuve : autrement, le morceau neuf ajouté
tire sur le vieux tissu et la déchirure s’agrandit. Ou encore,
personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres. Car alors, le
vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin, et
les outres. À vin nouveau, outres neuves ».
Est-ce que ça veut dire que la loi change ?
Non ! Ça veut plutôt dire que la loi est au service de
l’homme, qui est au service de Dieu, et c’est pourquoi l’homme
doit avoir le cœur ouvert. L’attitude de celui qui dit : On a
toujours fait comme ça, naît en réalité d’un cœur fermé.
Jésus a dit : « Je vous enverrai
l’Esprit Saint qui vous conduira à la vérité tout entière »,
et donc si tu as le cœur fermé à la nouveauté de l’Esprit
Saint, tu n’arriveras jamais à la vérité tout entière. Ta vie
chrétienne sera une vie moitié, moitié, une vie raccommodée,
rapiécée avec des nouveautés, mais sur une structure qui n’est
pas ouverte à la voix du Seigneur. Tu as un cœur fermé, qui n’est
pas capable de changer les outres.
Ça a été le péché du roi Saül, pour
lequel il a été rejeté. Et c’est aussi le péché de tant de
chrétiens qui s’agrippent à ce qui s’est toujours fait, et qui
ne veulent pas changer les outres. Ils finissent ainsi par vivre une
vie à moitié, rapiécée, raccommodée, dénuée de sens.
Pourquoi est-ce si grave ? Pourquoi le
Seigneur rejette-t-il Saül et choisit-il un autre roi ? C’est
parce que son cœur est fermé : il n’écoute pas la voix du
Seigneur, il n’est pas ouvert à la nouveauté du Seigneur, à
L’Esprit Saint qui nous surprend toujours. Ça, affirme Samuel,
c’est être pécheur : « La révolte est un péché,
comme la divination. L’obstination est une faute, comme la
consultation des idoles ». Et donc les chrétiens obstinés –
On a toujours fait comme ça : c’est ça le chemin, c’est ça
la voie – pèchent !
Le résultat de cette attitude est que le fait
de ne pas changer est plus important que ce qui a été dit. Ce que
je pense moi – à partir de moi et de mon cœur fermé – est plus
important que la Parole du Seigneur - l’obstination est un péché
d’idolâtrie, et le chrétien qui s’obstine pèche par idolâtrie.
Le message que l’Église nous donne
aujourd’hui, c’est ce que Jésus dit avec tant de force :
« À vin nouveau, outres neuves » ! Les
habitudes doivent se renouveler face à la nouveauté de l'Esprit,
aux surprises de Dieu.
Que le Seigneur nous donne la grâce d’un
cœur ouvert, ouvert à la voix de l’Esprit Saint, qui sache
discerner ce qui est fondamental et ne doit pas changer, de ce qui
doit changer pour pouvoir accueillir la nouveauté de l’Esprit
Saint.
Homélie
du lundi 18 janvier 2016 à Sainte Marthe (1 S, 15, 16-23 ; Mc
2, 18-22)
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