La
fidélité dans la miséricorde : l’être de Dieu
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, nous commençons les catéchèses
sur la miséricorde dans une perspective biblique, afin d’apprendre
la miséricorde en écoutant ce que Dieu lui-même nous enseigne par
sa parole. Nous partons de l’Ancien Testament, qui nous prépare et
nous conduit à la pleine révélation de Jésus Christ, en qui se
révèle de manière accomplie la miséricorde du Père.
Dans l’Écriture Sainte, le Seigneur est
présenté comme « Dieu miséricordieux ». C’est son
nom, à travers lequel il nous révèle, pour ainsi dire, son visage
et son cœur. Comme le raconte le livre de l’Exode, en se révélant
à Moïse, Dieu se définit lui-même ainsi : « Le
Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein
d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité » (Ex
34,6-7)…
Le Seigneur est « miséricordieux » :
ce mot évoque une attitude de tendresse
comme celle d’une mère à l’égard
de son enfant. En effet, le terme
hébreu employé par la Bible fait penser aux entrailles
ou encore au sein maternel.
C’est pourquoi, l’image qu’il suggère est celle d’un Dieu
qui se laisse émouvoir et attendrir par nous, comme une mère quand
elle prend son petit enfant dans ses bras, désireuse
de seulement aimer, protéger,
aider,
prête à tout donner,
et à se donner.
C’est l’image que suggère ce terme. Un amour, donc, qui pourrait
se définir comme “viscéral“, dans le bon sens du terme.
Il est ensuite écrit que le Seigneur est
« tendre », dans le sens où il fait
grâce, il a compassion :
dans sa grandeur, il se penche
sur celui qui est faible et pauvre, toujours prêt à accueillir,
à comprendre,
à pardonner.
Il est comme le père de la parabole rapportée dans l’Évangile de
Luc (cf.
Lc 15,11-32) : un père qui
ne s’enferme pas dans le ressentiment parce que son plus jeune fils
l’a abandonné, mais qui, au contraire, continue
de l’attendre - il
l’a engendré - et puis qui court
à sa rencontre et l’embrasse,
ne lui laisse même pas terminer sa confession - comme s’il lui
couvrait la bouche - tant son amour et sa
joie de l’avoir retrouvé sont
grands. Et ensuite, il va même appeler son fils aîné qui s’indigne
et ne veut pas participer à la fête - ce fils qui est toujours
resté à la maison, mais en vivant davantage comme un serviteur que
comme un fils. Et sur lui aussi, le père se
penche, l’invite
à entrer, cherche à ouvrir
son cœur à l’amour pour que
personne ne soit exclu de la fête de la miséricorde : la
miséricorde est une fête !
De ce Dieu miséricordieux, il est aussi dit
qu’il est « lent à la colère », littéralement “long
de respiration“, c’est-à-dire
avec la respiration ample de la
longanimité et de la
capacité à supporter. Dieu sait
attendre, son temps n’est pas le temps impatient des hommes. Il est
comme l’agriculteur sage qui sait attendre, qui laisse
au bon grain le temps de pousser malgré
l’ivraie (cf.
Mt 13,24-30).
Et enfin, le Seigneur se proclame « plein
d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité ». Comme
elle est belle, cette définition de Dieu : tout y est !
Parce que Dieu est grand et puissant, mais cette grandeur et cette
puissance se déploient dans son amour pour nous, nous qui sommes si
petits, si incapables. Le terme d’ “amour“ employé ici
indique l’affection, la grâce, la bonté - ce n’est pas l’amour
des feuilletons télévisés !… C’est l’amour
qui fait le premier pas, qui ne
dépend pas des mérites humains, mais qui est d’une
immense gratuité. C’est la
sollicitude
divine que rien ne peut arrêter,
pas même le péché, parce qu’elle sait aller
au-delà du péché, vaincre
le mal et pardonner.
Une « fidélité »
sans limites : voilà le
dernier mot de la révélation de Dieu à Moïse. La fidélité de
Dieu ne diminue jamais, parce que le Seigneur est le gardien qui,
comme le dit le psaume, ne s’endort pas mais veille continuellement
sur nous pour nous conduire à la vie : « Qu'il empêche
ton pied de glisser, qu'il ne dorme pas, ton gardien. Non, il ne dort
pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël. (...) Le
Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie. Le Seigneur te
gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais » (Ps
121,3-4 ; 7-8).
Ce
Dieu miséricordieux est fidèle dans
sa miséricorde, et saint Paul dit
quelque chose de beau : « Si tu ne lui es pas fidèle, lui
demeurera fidèle parce qu’il ne peut pas se renier » (2
Tim 2, 13). La fidélité
dans la miséricorde est précisément
l’être de Dieu.
C’est pourquoi Dieu est totalement et toujours fiable : une
présence solide, et stable - c’est cela, la certitude de notre
foi.
Alors
en ce Jubilé de la miséricorde, faisons-lui
totalement confiance, et
expérimentons la joie d’être
aimés par ce « Dieu
tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de
vérité, qui garde sa fidélité ».
Audience
générale du 13 janvier 2016
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