La
tendresse de Dieu : l’unique
force capable de conquérir le cœur des hommes
Je sais qu’en contemplant les yeux de la
Vierge, j’atteins le regard de votre peuple qui, en elle, a appris
à se manifester. Je sais qu’aucune autre voix ne peut exprimer
avec autant de profondeur le cœur mexicain comme la Vierge peut m’en
parler : elle protège ses plus hautes aspirations et ses
espérances les plus cachées, elle recueille ses joies et ses
larmes. Elle comprend ses nombreuses langues et leur répond avec la
tendresse de la Mère, parce que ce sont ses propres enfants.
Comme le fit saint Juan Diego et comme le
firent les générations successives des enfants de la Guadalupana,
le Pape également, depuis longtemps, cultivait le désir de la
regarder. Mieux, je voulais, moi-même, être
sous son regard maternel.
J’ai beaucoup réfléchi sur le mystère de
ce regard et je vous prie d’accueillir ce qui jaillit de mon cœur
de Pasteur en ce moment.
Avant
tout, la ‘‘Vierge Morenita’’
nous enseigne que l’unique force
capable de conquérir le cœur des hommes
est la tendresse de Dieu.
Ce qui enchante
et attire,
ce qui fait fléchir
et vainc,
ce qui ouvre
et délie les chaînes,
ce n’est pas la force des instruments ou la dureté de la loi, mais
la faiblesse toute-puissante de
l’amour divin, qui est la force
irrésistible de sa douceur et la
promesse irréversible de sa
miséricorde.
…
Dans vos regards,
chers évêques, le peuple mexicain a le
droit de trouver les traits de ceux
qui ‘‘ont vu le Seigneur’’
(cf.
Jn
20, 25), de ceux
qui ont été avec Dieu. C’est
l’essentiel.
Si notre regard ne témoigne pas d’avoir
vu Jésus, alors ses paroles dont
nous faisons mémoire ne représenteraient que des figures
rhétoriques vides. Peut-être exprimeraient-elles la nostalgie de
ceux qui ne peuvent pas oublier le Seigneur, mais de toute façon,
elles ne seraient que le balbutiement d’orphelins près du tombeau.
Des mots en fin de compte incapables d’empêcher que le monde soit
abandonné et réduit à sa propre puissance désespérée.
…
Que
vos regards soient capables
de croiser le regard des jeunes, de
les aimer et de saisir ce qu’ils cherchent avec ce courage avec
lequel beaucoup, comme les apôtres, ont quitté barques et filets
sur l’autre rive de la mer (Mc
1, 17-18), ont abandonné des
bancs d’extorsions en vue de suivre le Seigneur de la vraie
richesse (Mt
9, 9).
…
Je
vous prie de ne pas tomber
dans la paralysie
de donner de vieilles réponses
aux questions nouvelles.
Votre passé est une source de richesses à creuser qui peut inspirer
le présent et illuminer l’avenir. Malheur à vous si vous vous
endormez sur vos lauriers ! Il ne faut pas mépriser l’héritage
reçu : sauvegardez-le par un travail constant. Vous
êtes assis sur les épaules de géants
: évêques, prêtres, religieux, religieuses et les laïcs, fidèles
‘‘jusqu’au bout’’, qui ont offert leur vie pour que
l’Eglise puisse accomplir sa propre mission. Du haut de ce podium,
vous êtes appelés à lancer un large regard sur le champ du
Seigneur pour jeter la semence et attendre la récolte.
Le Pape François aux
évêques réunis au sanctuaire de Notre Dame de Guadalupe
13 février 2016
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