13 février 2016

Du Pape François 10/02/2016

Revenez à Moi, de tout votre cœur



La Parole de Dieu, au début de ce chemin de Carême, adresse à l’Église et à chacun de nous deux invitations.
La première est celle de saint Paul : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Cor 5,20). Ce n’est pas juste un bon conseil paternel ni une simple suggestion, c’est une véritable supplication au nom du Christ : « Nous vous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Pourquoi un appel aussi solennel et vibrant ? Parce que le Christ sait combien nous sommes fragiles et pécheurs. Il connaît la faiblesse de notre cœur, il le voit blessé par le mal que nous avons commis et subi. Il sait combien nous avons besoin de pardon, il sait que nous avons besoin de nous sentir aimés pour accomplir le bien. Tout seuls, nous ne sommes pas capables : c’est pourquoi l’apôtre ne nous dit pas de “faire quelque chose“, mais de “nous laisser réconcilier“ par Dieu, de lui permettre de nous pardonner, avec confiance, parce que « Dieu est plus grand que notre cœur » (1 Jn 3,20).
Il y a une seconde invitation de Dieu qui dit, par l’intermédiaire du prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur » (2,12). S’il faut revenir, c’est parce que nous nous sommes éloignés. C’est le mystère du péché : nous nous sommes éloignés de Dieu, des autres et de nous-mêmes. Ce n’est pas difficile de s’en rendre compte : nous voyons tous combien nous avons du mal à avoir vraiment confiance en Dieu, à nous en remettre à lui comme notre Père, sans peur ; combien c’est ardu d’aimer les autres, au lieu de penser du mal d’eux ; combien il nous coûte de faire notre véritable bien, tandis que nous sommes attirés et séduits par tant de réalités matérielles qui s’évanouissent et, à la fin, nous laissent pauvres.
À côté de cette histoire de péché, Jésus a inauguré une histoire de salut. L’Évangile qui ouvre le carême nous invite à en être les protagonistes, en embrassant trois remèdes, trois médicaments qui guérissent du péché (cf. Mt 6,1-6 ; 16-18).
En premier lieu la prière, expression d’ouverture et de confiance dans le Seigneur : c’est la rencontre personnelle avec lui, qui raccourcit les distances créées par le péché. Prier signifie dire : « Je ne suis pas autosuffisant, j’ai besoin de toi, tu es ma vie et mon salut ».
En second lieu, la charité, pour dépasser le manque d’intérêt pour les autres. Le véritable amour, en effet, n’est pas un acte extérieur, ce n’est pas donner quelque chose de façon paternaliste pour apaiser sa conscience, mais accepter celui qui a besoin de notre temps, de notre amitié, de notre aide. C’est vivre le service, vaincre la tentation de se satisfaire.
En troisième lieu, le jeûne, la pénitence, pour nous libérer des dépendances vis-à-vis de ce qui passe et nous entraîner à être plus sensibles et miséricordieux. C’est une invitation à la simplicité et au partage : enlever quelque chose de notre table et de nos biens pour retrouver le vrai bien de la liberté.
« Revenez à moi, dit le Seigneur, de tout votre cœur » : non seulement par quelques actes extérieurs, mais du plus profond de nous-mêmes. En effet, Jésus nous appelle à vivre la prière, la charité et la pénitence avec cohérence et authenticité, en surmontant l’hypocrisie.
Que le carême soit un temps pour élaguer la fausseté, la mondanité, l’indifférence : pour ne pas penser que tout va bien si je vais bien ; pour comprendre que ce qui compte n’est pas l’approbation, la recherche du succès ou du consensus, mais la propreté du cœur et de la vie ; pour retrouver notre identité chrétienne, c’est-à-dire l’amour qui sert et non l’égoïsme qui se sert.
Mettons-nous en chemin ensemble, en Église, en recevant les cendres et en gardant le regard fixé sur le Crucifié. En nous aimant, il nous invite à nous laisser réconcilier avec Dieu et à revenir à lui, pour nous retrouver nous-mêmes.

Homélie de la messe du mercredi des Cendres, 1O février 2016
(Jl 2,12-18 ; 2 Co 5,20-6,2 ; Mt 6, 1… 18)




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.