28 janvier 2017

Du Pape François

Proclamons l’Évangile de la réconciliation en vivant d’une existence réconciliée


La rencontre avec Jésus sur la route vers Damas transforme radicalement la vie de saint Paul. À partir de ce moment, la signification de l’existence ne réside plus pour lui dans la confiance en ses propres forces pour observer scrupuleusement la Loi, mais dans l’adhésion de toute sa personne à l’amour gratuit et immérité de Dieu, à Jésus Christ crucifié et ressuscité. Il connaît ainsi l’irruption d’une vie nouvelle, la vie selon l’Esprit, dans laquelle, par la puissance du Seigneur ressuscité, il fait l’expérience du pardon, de la proximité et du réconfort. Et Paul ne peut garder pour lui-même cette nouveauté : il est poussé par la grâce à proclamer la joyeuse nouvelle de l’amour et de la réconciliation que Dieu offre pleinement dans le Christ à l’humanité.
Pour l’apôtre des nations, la réconciliation de l’homme avec Dieu dont il est devenu ambassadeur (cf. 2 Co 5, 20) est un don qui vient du Christ. « L’amour du Christ nous pousse à la réconciliation » (cf. 2 Co 5, 14-20), est-il dit dans la deuxième lettre aux Corinthiens, et il ne s’agit pas de notre amour pour le Christ, mais de l’amour que le Christ a pour nous. De même, la réconciliation vers laquelle nous sommes poussés n’est pas simplement notre initiative : c’est en premier lieu la réconciliation que Dieu nous offre dans le Christ. Avant d’être un effort humain de croyants qui cherchent à surmonter leurs divisions, c’est un don gratuit de Dieu. Comme effet de ce don, la personne, pardonnée et aimée, est appelée à son tour à proclamer l’Évangile de la réconciliation en paroles et en actes, à vivre et à témoigner d’une existence réconciliée.
Dans cette perspective, nous pouvons nous demander aujourd’hui : Comment proclamer cet Évangile de réconciliation après des siècles de divisions? C’est Paul lui-même qui nous aide à trouver la voie. Il souligne que la réconciliation dans le Christ ne peut se réaliser sans sacrifice. Jésus a donné sa vie en mourant pour tous, de même les ambassadeurs de la réconciliation sont appelés, en son nom, à donner leur vie : à ne plus vivre pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux (cf. 2 Co 5, 14-15). Comme Jésus l’enseigne, ce n’est que lorsque nous perdons notre vie par amour pour lui que nous la gagnons vraiment (cf. Lc 9, 24). C’est la révolution que Paul a vécue, et c’est la révolution chrétienne de toujours : ne plus vivre pour nous-mêmes, pour nos intérêts et nos retours d’image, mais à l’image du Christ, pour lui et selon lui, avec son amour et dans son amour.
Une réconciliation authentique parmi les chrétiens pourra se réaliser lorsque nous saurons reconnaître les dons les uns des autres et que nous serons capables, avec humilité et docilité, d’apprendre les uns des autres - oui, d’apprendre les uns des autres - sans attendre que ce soient les autres qui apprennent d’abord de nous.
Être rivé au passé, en s’attardant à rappeler les torts subis et faits et en jugeant avec des paramètres uniquement humains, paralyse et empêche de vivre le présent. La Parole de Dieu nous encourage à tirer force de la mémoire, à nous rappeler le bien reçu du Seigneur, mais elle nous demande aussi de laisser derrière nous le passé pour suivre Jésus dans l’aujourd’hui et pour vivre une vie nouvelle en lui.
Permettons à Celui qui fait toute chose nouvelle (cf. Ap 21, 5) de nous orienter vers un avenir nouveau, ouverts à l’espérance que ne déçoit pas, à un avenir dans lequel les divisions pourront être surmontées et où les croyants, renouvelés dans l’amour, seront unis pleinement et de manière visible.
Profitons de chaque moment que la Providence nous offre pour prier ensemble, pour évangéliser ensemble, pour aimer et servir ensemble, surtout celui qui est plus pauvre et plus délaissé.

Vêpres œcuméniques à Saint-Paul-hors-les-murs 25 Janvier 2017

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