24 avril 2017

Du Pape François


La « joyeuse Annonce »




« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés » (Lc 4, 18). Cette parole de Dieu s’adresse à nous, les prêtres, d’une manière particulière.
Le Seigneur, oint par l’Esprit, apporte la « joyeuse Annonce » aux pauvres, et tout ce que Jésus annonce - et que nous annonçons nous aussi les prêtres - est  « joyeuse Annonce ». Le prêtre est joyeux de la joie évangélique donnée à celui qui a été oint dans ses péchés par l’huile du pardon, et oint dans son charisme par l’huile de la mission pour oindre les autres. Et à l’instar de Jésus, il porte joyeuse annonce par toute sa personne.
Quand il prêche, (en étant bref dans la mesure du possible !…) il le fait avec une joie qui touche le cœur de son peuple, grâce à la parole par laquelle le Seigneur l’a lui-même touché dans sa prière. Comme tout disciple missionnaire, le prêtre rend joyeuse annonce par tout son être, et souvent, ce sont justement des détails insignifiants - nous en avons tous fait l’expérience - qui communiquent le mieux la joie : le petit pas de plus qui fait que la miséricorde déborde dans des territoires qui n’appartiennent à personne ; le choix de concrétiser une rencontre et d’en fixer le jour et l’heure ; permettre, avec une douce disponibilité, qu’on use de votre temps…
La « joyeuse Annonce » est une autre façon de dire « Évangile », ou « Bonne Nouvelle », ou « Joyeuse Nouvelle » ! En tout ca, elle contient quelque chose qui résume tout le reste : la joie de l’Évangile. Elle résume tout, parce qu’elle est joyeuse en elle-même.
La « joyeuse Annonce » est la perle précieuse de l’Évangile. Ce n’est pas une chose, c’est une mission, et celui qui fait l’expérience de « la douce et réconfortante joie d’évangéliser » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 10) le sait.
La « joyeuse Annonce » naît de l’onction : la première, la grande onction sacerdotale de Jésus, c’est celle qu’a faite l’Esprit Saint dans le sein de Marie. En ces jours-là, la joyeuse Annonciation a conduit la Mère Vierge à chanter le Magnificat, à remplir d’un saint silence le cœur de Joseph, son époux, et a fait tressaillir de joie Jean dans le sein de sa mère Elisabeth.
Aujourd’hui, Jésus revient à Nazareth, et la joie de l’Esprit renouvelle l’onction dans la petite synagogue du village : l’Esprit se pose et se répand sur lui en le consacrant d’une onction de joie (cf. Ps 44, 8).
La « joyeuse Annonce », c’est ce seul mot, « Évangile », qui par le fait même d’être annoncé, devient une vérité joyeuse et miséricordieuse.
Que personne n’essaie de séparer ces trois grâces de l’Évangile que sont la vérité - non négociable -, la miséricorde - inconditionnelle pour tous les pécheurs - et la joie – à la fois intime et inclusive. Vérité, miséricorde, et joie : toutes les trois ensemble.
La vérité de la « joyeuse Annonce » ne pourra jamais être une vérité abstraite - de celles qui ne s’incarnent jamais pleinement dans la vie des personnes parce qu’elles se trouvent plus à l’aise dans la lettre imprimée dans les livres.
La miséricorde de la « joyeuse Annonce » ne pourra jamais être une fausse commisération, qui laisse le pécheur dans sa misère parce qu’elle ne lui tend pas la main pour qu’il se relève, et ne l’accompagne pas pour qu’il fasse un pas en avant dans son engagement.
L’Annonce ne pourra jamais être triste ou neutre, car elle est l’expression d’une joie entièrement personnelle : « la joie d’un Père qui ne veut pas qu’un de ses petits se perde » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 237), la joie de Jésus lorsqu’il voit que les pauvres sont évangélisés et que les petits vont évangéliser (cf. Ibid., n. 5).
Les joies de l’Évangile - j’utilise à présent le pluriel, car elles sont nombreuses et variées, selon ce que l’Esprit veut communiquer à chaque époque, à chaque personne dans chaque culture particulière - sont des joies spéciales. Elles doivent être conservées dans des outres neuves, celles dont parle le Seigneur pour exprimer la nouveauté de son message.


Homélie du pape François pour la messe chrismale 13 avril 2017


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.