9 septembre 2017

Du Pape François


Le premier pas

 

Aux évêques de Colombie 7 septembre 2017

 

Faire le premier pas“ est le thème de ma visite, et pour vous aussi, c’est mon premier message. Vous savez bien que Dieu est le Seigneur du premier pas : il nous devance toujours ! Toute l’Écriture Sainte parle de Dieu comme exilé hors de soi par amour. Il en a été ainsi lorsqu’il n’y avait que ténèbres, chaos : sortant de lui-même, il a fait en sorte que tout vienne à l’être (cf. Gn 1.2, 4). Il en a été ainsi lorsqu’il se promenait dans le jardin des origines, se rendant compte de la nudité de sa créature (cf. Gn 3, 8-9). Il en a été ainsi lorsque, pèlerin, il a logé sous la tente d’Abraham, en lui faisant la promesse d’une fécondité inespérée (cf. Gn 18, 1-10). Il a en été ainsi lorsqu’il s’est présenté à Moïse en le séduisant, alors qu’il n’avait plus d’autre horizon que de paître les brebis de son beau-père (cf. Ex 3, 1-2). Il en a été ainsi lorsqu’il n’a pas détourné le regard de sa Jérusalem bien-aimée, même quand elle se prostituait sur le trottoir de l’infidélité (cf. Ez 16, 15). Il en a été ainsi lorsqu’il a émigré avec sa gloire vers son peuple, exilé et en esclavage (cf. Ez 10, 18-19).

Et à la plénitude des temps, il a voulu révéler le vrai nom du “premier pas“ - de Son premier pas : il s’appelle Jésus, et c’est un pas irréversible. Il provient de la liberté d’un amour qui précède tout. Car le Fils est lui-même l’expression vivante de cet amour. Ceux qui le reconnaissent et l’accueillent reçoivent en héritage le don d’être introduits dans la liberté de pouvoir toujours accomplir, en lui, le premier pas. Ils n’ont pas peur de se perdre s’ils sortent d’eux-mêmes, car ils ont la garantie de son amour provenant du premier pas de Dieu, une boussole qui leur évite de se perdre.

Chers frères, je vous invite à ne pas avoir peur de toucher la chair blessée de votre propre histoire, et de l’histoire de votre peuple. Faites-le avec humilité, et d’un cœur sans partage, libre de toute compromission et de toute servilité : seul Dieu est Seigneur, et nous ne devons soumettre notre âme de pasteur à aucune autre cause.

La Colombie a besoin de votre regard, propre à des évêques, pour la soutenir dans le courage du premier pas vers la paix définitive, la réconciliation, vers le renoncement à la violence comme méthode, vers la suppression des inégalités qui sont la racine de nombreuses souffrances, la renonciation au chemin facile mais sans issue de la corruption, la patiente et persévérante consolidation de la res publica qui demande l’éradication de la misère et de l’inégalité.

Il s’agit d’une tâche ardue mais à laquelle on ne peut renoncer, les chemins sont raides et les solutions ne sont pas évidentes. De la hauteur de Dieu qui est la Croix de son Fils, vous obtiendrez la force. Avec la petite lumière humble des yeux du Ressuscité, vous parcourrez le chemin. En écoutant la voix de l’Époux qui susurre dans le cœur, vous recevrez les critères pour discerner à nouveau, au milieu même des incertitudes, la direction juste.

 

 

 

 

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