30 septembre 2017

Du Pape François

La miséricorde




Chers frères et sœurs, nous avons entendu la réaction des invités de Simon le pharisien : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? » (Lc 7,49). Jésus vient d’accomplir un geste scandaleux : une femme de la ville, connue de tout le monde comme une pécheresse, est entrée dans la maison de Simon, s’est penchée sur les pieds de Jésus et a versé sur ses pieds une huile parfumée. Tout ceux qui étaient là à table murmuraient : Si Jésus est un prophète, il ne devrait pas accepter ce genre de geste de la part d’une femme comme celle-là - ces pauvres femmes, qui ne servaient qu’à être rencontrées en cachette, y compris par les chefs, ou à être lapidées… Selon la mentalité de l’époque, entre le saint et le pécheur, entre le pur et l’impur, la séparation devait être nette.
Mais l’attitude de Jésus est différente. Dès les débuts de son ministère en Galilée, il s’approche des lépreux, des possédés, de tous les malades et les marginaux. Un tel comportement n’était pas du tout habituel, au point que cette sympathie de Jésus pour les exclus, les “intouchables“, sera une des choses qui déconcerteront le plus ses contemporains. Là où il y a une personne qui souffre, Jésus l’accueille, et sa souffrance devient la sienne. Jésus ne prêche pas que la condition pénible doive être supportée avec héroïsme, à la manière des philosophes stoïciens. Jésus partage la douleur humaine, et quand il la rencontre, du plus intime de lui-même déborde cette attitude qui caractérise le christianisme : la miséricorde. Devant la douleur humaine, Jésus laisse déborder la miséricorde : le cœur de Jésus est miséricordieux. Jésus ressent de la compassion - littéralement, Jésus sent “frémir ses entrailles“. Combien de fois, dans les Évangiles, rencontrons-nous cela. Le cœur du Christ incarne et révèle le Cœur de Dieu qui, là où il y a un homme ou une femme qui souffre, veut sa guérison, sa libération, sa vie pleine.
C’est pour cela que Jésus ouvre grand les bras aux pécheurs. Combien d’hommes et de femmes persistent, aujourd’hui encore, dans une mauvaise vie pour n’avoir trouvé personne de disponible à le regarder, à la regarder, de manière différente, avec les yeux, mieux, avec le cœur de Dieu, c’est-à-dire les regarder avec espérance. Jésus, lui, voit une possibilité de résurrection même chez celui qui a accumulé des choix erronés. Jésus est toujours là, le cœur ouvert, il ouvre grand cette miséricorde qu’il a dans le cœur, il pardonne, embrasse, comprend, s’approche - Jésus est comme cela !
Parfois, nous oublions que pour Jésus, il ne s’agissait pas d’un amour facile, à bas prix. Avant de guérir un paralytique, il lui dit : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés » (Mc 2,5). Nous qui sommes habitués à faire l’expérience du pardon des péchés - peut-être trop “à bon marché“ -, nous devrions parfois nous rappeler combien nous avons coûté à l’amour de Dieu. Chacun de nous a coûté beaucoup à Jésus : sa propre vie ! Il l’aurait donnée même pour un seul d’entre nous. Le Fils de Dieu va sur la croix pour le pardon de nos péchés, parce qu’il veut la libération totale, définitive, du cœur de l’homme, parce qu’il n’accepte pas que l’être humain passe toute son existence avec ce “tatouage“ indélébile, avec la pensée de ne pas pouvoir être accueilli par le cœur miséricordieux de Dieu. C’est avec ces sentiments que Jésus va à la rencontre des pécheurs - que nous sommes tous.
Ainsi, les pécheurs sont pardonnés. Ils ne sont pas seulement rassérénés au niveau psychologique parce que libérés du sentiment de culpabilité. Jésus fait beaucoup plus : il offre aux personnes qui se sont trompées l’espérance d’une vie nouvelle. - Mais Seigneur, je suis une loque ! - Regarde devant toi et je te fais un cœur nouveau : voilà l’espérance que nous donne Jésus. Une vie marquée par l’amour. Matthieu le publicain devient apôtre du Christ, ce Matthieu, qui est un traître à sa patrie, un exploiteur des gens. Zachée, le riche corrompu de Jéricho - il était certainement diplômé en pots-de-vin ! -, se transforme en bienfaiteur des pauvres. La femme de Samarie qui a eu cinq maris, et qui vit maintenant avec un autre, s’entend promettre une « eau vive » qui pourra jaillir pour toujours en elle (Jn 4,14). C’est ainsi que Jésus change les cœurs, et il le fait avec nous tous.
Ça nous fait du bien de penser que Dieu n’a pas choisi comme première pâte pour former son Église des personnes qui ne faisaient jamais d’erreur. L’Église est un peuple de pécheurs qui font l’expérience de la miséricorde et du pardon de Dieu. Pierre a compris davantage de vérité sur lui-même au chant du coq, que de ses élans de générosité qui lui gonflaient la poitrine, le faisant se sentir supérieur aux autres.
Frères et sœurs, nous sommes tous de pauvres pécheurs, qui ont besoin de cette miséricorde de Dieu qui a la force de nous transformer, et de nous redonner l’espérance - et cela tous les jours, et il le fait ! Et aux gens qui ont compris cette vérité fondamentale, Dieu offre la plus belle mission du monde, à savoir l’amour pour nos frères et sœurs et l’annonce d’une miséricorde qu’Il ne refuse à personne, et c’est cela notre espérance.
Avançons donc avec cette confiance dans le pardon, dans l’amour miséricordieux de Jésus.

Audience du mercredi 9 août 2017







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