À
Jésus, on répond avec le “oui“ de toute la vie
L’Évangile
de ce jour nous parle de deux éléments centraux pour la vie
chrétienne : le Pain, et la Parole. Le pain est la nourriture
essentielle pour vivre, et Jésus dans l’Évangile s’offre à
nous comme le Pain de vie, comme pour nous dire : Vous ne pouvez
pas vous passer de moi. Et il emploie des expressions fortes :
« Mangez ma chair et buvez mon sang » (cf. Jn 6,53).
Qu’est-ce que cela signifie ? Que pour notre vie, il est
essentiel d’entrer dans une relation vitale, personnelle avec lui,
par la chair et le sang. L’Eucharistie est non pas un beau rite,
mais la communion plus intime, plus concrète, plus surprenante que
l’on puisse imaginer avec Dieu : une communion d’amour si
réelle qu’elle prend la forme de quelque chose qui se mange.
La vie
chrétienne repart chaque fois de là, de ce repas où Dieu nous
rassasie d’amour. Sans lui, le Pain de vie, tout effort dans
l’Église est vain - comme le rappelait don Tonino Bello :
“S’il manque l’amour d’où partent les œuvres, s’il manque
la source, s’il manque le point de départ qu’est l’Eucharistie,
tout engagement pastoral n’est qu’une girandole“.
Dans
l’Évangile, Jésus ajoute : « Celui qui me mange vivra
par moi », comme pour dire que celui qui se nourrit de
l’Eucharistie assimile l’esprit même du Seigneur. Lui est le
pain rompu pour nous, et qui le reçoit devient à son tour pain
rompu qui se donne aux autres. Il cesse de vivre pour lui-même, pour
son propre succès, pour avoir quelque chose ou pour devenir
quelqu’un, et il vit pour Jésus et comme Jésus, c’est-à-dire
pour les autres.
Don
Tonino a vécu ainsi, il a été un évêque-serviteur, un pasteur
qui, devant le tabernacle, apprenait à se faire manger par les gens.
Il rêvait d’une Église affamée de Jésus, et intolérante à
toute mondanité, une Église qui “sait percevoir le corps du
Christ dans les tabernacles dérangeants de la misère, de la
souffrance, et de la solitude“. Parce que, disait-il,
“l’Eucharistie ne supporte pas la sédentarité“, et si elle ne
nous fait pas lever de table, elle reste “un sacrement inaccompli“.
Nous
pouvons nous demander : En moi, ce sacrement se réalise-t-il ?
Plus concrètement : Est-ce que j’aime seulement être servi à
table par le Seigneur ou est-ce que je me lève pour servir comme le
Seigneur ? Le don que je reçois à la messe est-il un don dans
ma vie ? Et en tant qu’Église, nous pourrions nous demander :
Après tant de communions, sommes-nous devenus des personnes de
communion ?
Avec
le Pain, la Parole. L’Évangile rapporte d’âpres discussions
autour des paroles de Jésus : « Comment celui-ci peut-il
nous donner sa chair à manger ? ». Ces gens sont
paralysés dans leur discussion sur les paroles de Jésus, au lieu
d’être prêts à accueillir le changement de vie qu’il demande.
Ils ne comprennent pas que la parole de Jésus est pour marcher dans
la vie, pas pour s’asseoir et parler de ce qui va ou ne va pas. À
Jésus, on ne répond pas selon les calculs et les convenances du
moment, on lui répond avec le “oui“ de toute la vie. Il ne
cherche pas nos réflexions, mais notre conversion : il vise le
cœur.
Homélie
du 20 Avril 2018 à Molfetta
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