Administrateurs
de la Providence…
En
poursuivant l’explication du Décalogue, nous arrivons aujourd’hui
à la septième Parole : « Tu ne voleras pas ».
Quand nous entendons ce commandement, nous pensons à la question du
vol et au respect de la propriété d’autrui. Il n’existe pas de
culture où le vol et l’abus de pouvoir sur les biens soient
licites. En effet, la sensibilité humaine, est très susceptible sur
la défense des biens.
Mais
il vaut la peine de s’ouvrir à une lecture plus ample de cette
Parole, en regardant le thème de la propriété des biens à la
lumière de la sagesse chrétienne.
Dans
la doctrine sociale de l’Église, on parle de destination
universelle des biens. Qu’est-ce que cela signifie ? Écoutons
ce que dit le Catéchisme : “Au commencement, Dieu a confié
la terre et ses ressources à la gérance commune de l’humanité
pour qu’elle en prenne soin, la maîtrise par son travail et
jouisse de ses fruits. Les
biens de la création
sont destinés
à tout le genre humain.“
(2402). Et encore : “La destination
universelle des biens demeure
primordiale,
même si la promotion du bien commun exige le respect de la propriété
privée, de son droit et de son exercice.“ (2403).
Il y
a toutefois des différences, des conditions diverses, des cultures
différentes, et on peut vivre en pourvoyant les uns pour les autres
- le monde est riche en ressources pour assurer à tous les
biens primordiaux. Pourtant, beaucoup vivent dans une indigence
scandaleuse, et les ressources, utilisées sans critère, se
détériorent. Aujourd’hui, la richesse du monde est dans les mains
d’une minorité, d’un petit nombre, et la pauvreté, ou plutôt
la misère et la souffrance, sont le lot de beaucoup, de la majorité.
S’il
y a la faim sur la terre, ce n’est pas à cause du manque de
nourriture ! Or à cause des exigences du marché, on en vient
parfois à la détruire, on la jette. Le Catéchisme dit encore :
“L’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir
les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à
lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens
qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aux autres“
(2404). Toute richesse, pour être bonne, doit avoir une dimension
sociale.
C’est
dans cette perspective qu’apparaît la signification positive et
ample du commandement « Tu ne voleras pas ». “La
propriété d’un bien fait de son détenteur un
administrateur de la Providence“ (ibid.). Personne n’est
le maître absolu de ses biens, mais un administrateur des
biens. La possession est une responsabilité, et
tout bien soustrait à la logique de la Providence de Dieu est
trahi, est trahi dans le sens le plus profond. Ce que je
possède vraiment, c’est ce que je sais donner. Voilà la mesure
pour évaluer comment je réussis à gérer mes richesses, bien ou
mal. Si je sais donner, je suis ouvert, alors je suis riche
non seulement de ce que je possède, mais aussi en générosité,
générosité aussi comme un devoir de donner la richesse, pour
que tous y participent. En effet, si je ne réussis pas à donner
quelque chose, c’est parce que cette chose me possède, a
un pouvoir sur moi et que j’en suis esclave. La
possession des biens est une occasion de les multiplier avec
créativité et de les utiliser avec générosité, et
ainsi de grandir dans la charité et dans la liberté.
Le
Christ lui-même, bien qu’il soit Dieu, « ne retint pas
jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est
anéanti » (Ph 2,6-7) et nous a enrichis de sa pauvreté »
(cf. 2 Co 8,9).
Alors
que l’humanité se donne du mal pour avoir plus, Dieu la
rachète en se faisant pauvre : cet Homme crucifié a
payé pour tous un rachat inestimable de la part de Dieu le Père,
« riche en miséricorde » (Ep 2,4 ; cf. Jc 5,11). Ce
qui nous rend riches, ce ne sont pas les biens, mais c’est l’amour.
Chers
frères et sœurs, une fois encore Jésus Christ nous dévoile le
sens plénier des Écritures. « Tu ne voleras pas » veut
dire : Aime avec tes biens, profite de tes moyens pour aimer
comme tu le peux. Alors ta vie devient bonne et la possession devient
vraiment un don. Parce que la vie n’est pas un temps pour
posséder mais pour aimer.
Catéchèse
du mercredi 7 novembre 2018
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