10 novembre 2018

Du Pape François


Administrateurs de la Providence…


En poursuivant l’explication du Décalogue, nous arrivons aujourd’hui à la septième Parole : « Tu ne voleras pas ». Quand nous entendons ce commandement, nous pensons à la question du vol et au respect de la propriété d’autrui. Il n’existe pas de culture où le vol et l’abus de pouvoir sur les biens soient licites. En effet, la sensibilité humaine, est très susceptible sur la défense des biens.
Mais il vaut la peine de s’ouvrir à une lecture plus ample de cette Parole, en regardant le thème de la propriété des biens à la lumière de la sagesse chrétienne.
Dans la doctrine sociale de l’Église, on parle de destination universelle des biens. Qu’est-ce que cela signifie ? Écoutons ce que dit le Catéchisme : “Au commencement, Dieu a confié la terre et ses ressources à la gérance commune de l’humanité pour qu’elle en prenne soin, la maîtrise par son travail et jouisse de ses fruits. Les biens de la création sont destinés à tout le genre humain.“ (2402). Et encore : “La destination universelle des biens demeure primordiale, même si la promotion du bien commun exige le respect de la propriété privée, de son droit et de son exercice.“ (2403).
Il y a toutefois des différences, des conditions diverses, des cultures différentes, et on peut vivre en pourvoyant les uns pour les autres - le monde est riche en ressources pour assurer à tous les biens primordiaux. Pourtant, beaucoup vivent dans une indigence scandaleuse, et les ressources, utilisées sans critère, se détériorent. Aujourd’hui, la richesse du monde est dans les mains d’une minorité, d’un petit nombre, et la pauvreté, ou plutôt la misère et la souffrance, sont le lot de beaucoup, de la majorité.
S’il y a la faim sur la terre, ce n’est pas à cause du manque de nourriture ! Or à cause des exigences du marché, on en vient parfois à la détruire, on la jette. Le Catéchisme dit encore : “L’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aux autres“ (2404). Toute richesse, pour être bonne, doit avoir une dimension sociale.
C’est dans cette perspective qu’apparaît la signification positive et ample du commandement « Tu ne voleras pas ». “La propriété d’un bien fait de son détenteur un administrateur de la Providence“ (ibid.). Personne n’est le maître absolu de ses biens, mais un administrateur des biens. La possession est une responsabilité, et tout bien soustrait à la logique de la Providence de Dieu est trahi, est trahi dans le sens le plus profond. Ce que je possède vraiment, c’est ce que je sais donner. Voilà la mesure pour évaluer comment je réussis à gérer mes richesses, bien ou mal. Si je sais donner, je suis ouvert, alors je suis riche non seulement de ce que je possède, mais aussi en générosité, générosité aussi comme un devoir de donner la richesse, pour que tous y participent. En effet, si je ne réussis pas à donner quelque chose, c’est parce que cette chose me possède, a un pouvoir sur moi et que j’en suis esclave. La possession des biens est une occasion de les multiplier avec créativité et de les utiliser avec générosité, et ainsi de grandir dans la charité et dans la liberté.
Le Christ lui-même, bien qu’il soit Dieu, « ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti » (Ph 2,6-7) et nous a enrichis de sa pauvreté » (cf. 2 Co 8,9).
Alors que l’humanité se donne du mal pour avoir plus, Dieu la rachète en se faisant pauvre : cet Homme crucifié a payé pour tous un rachat inestimable de la part de Dieu le Père, « riche en miséricorde » (Ep 2,4 ; cf. Jc 5,11). Ce qui nous rend riches, ce ne sont pas les biens, mais c’est l’amour.
Chers frères et sœurs, une fois encore Jésus Christ nous dévoile le sens plénier des Écritures. « Tu ne voleras pas » veut dire : Aime avec tes biens, profite de tes moyens pour aimer comme tu le peux. Alors ta vie devient bonne et la possession devient vraiment un don. Parce que la vie n’est pas un temps pour posséder mais pour aimer.

Catéchèse du mercredi 7 novembre 2018


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