24 novembre 2018

Du Pape François


Une royauté qui libère




En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons la solennité du Christ Roi. Et l’Évangile d’aujourd’hui nous fait contempler Jésus tandis qu’il se présente à Pilate en tant que Roi d’un Royaume qui « n’est pas de ce monde » (Jn 18, 36). Cela ne signifie pas que le Christ soit le roi d’un autre monde, mais qu’il est roi d’une autre façon, tout en étant roi dans ce monde.

Il y a deux logiques. La logique mondaine repose sur l’ambition, la compétition, elle combat avec les armes de la peur, du chantage et de la manipulation des consciences. La logique de l’Évangile, celle de Jésus, s’exprime au contraire dans l’humilité et dans la gratuité. Elle s’affirme silencieusement, mais concrètement, avec la force de la vérité. Les royaumes de ce monde se fondent souvent sur des abus de pouvoir, des rivalités, des oppressions. Le royaume du Christ est un « royaume de justice, d’amour et de paix », dit la Préface. 

Quand Jésus s’est-il révélé roi ? Dans l’événement de la Croix ! Celui qui regarde la Croix du Christ ne peut pas ne pas voir la surprenante gratuité de l’amour. Certains d’entre nous peuvent dire : Mais père, ça a été un échec ! C’est précisément dans l’échec du péché - le péché est un échec - dans l’échec des ambitions humaines, que s’inscrit le triomphe de la Croix, la gratuité de l’amour. Dans l’échec de la Croix, on voit l’amour, cet amour qui est gratuit, que Jésus nous donne. Parler de puissance et de force, pour le chrétien, signifie faire référence à la puissance de la Croix et à la force de l’amour de Jésus : un amour qui demeure solide et intègre, également face au refus, et qui apparaît comme l’accomplissement d’une vie passée dans le don total de soi en faveur de l’humanité.

Sur le Calvaire, les passants et les chefs raillent Jésus cloué sur la croix et lui lancent le défi : « Sauve-toi toi-même en descendant de la croix ! » (Mc 15, 30). « Sauve-toi toi-même ! ». Mais paradoxalement, la vérité de Jésus est précisément celle que ses adversaires lui lancent sur le ton de la raillerie : « Il ne peut se sauver lui-même ! » (v. 31). Si Jésus était descendu de la croix, il aurait cédé à la tentation du principe de ce monde. Mais il remet sa vie entre les mains du Père, et c’est ainsi qu’il nous sauve, il donne sa vie pour nous, pour chacun de nous. Il a donné sa vie pour sauver chacun de nous de nos péchés, Il a donné sa vie pour moi. 

Cela, qui l’a compris ? L’un des deux malfaiteurs qui sont crucifiés avec Lui, celui que l’on appelle le “bon larron“, qui le supplie : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton Royaume » (Lc 23, 42). C’était pourtant un malfaiteur, il était corrompu et il était condamné à mort précisément pour toutes les brutalités qu’il avait commises dans sa vie. Mais dans le comportement de Jésus, dans la douceur de Jésus, il a vu l’amour. Et telle est la force du Christ : c’est l’amour.

C’est pour cela que la royauté de Jésus ne nous opprime pas, mais nous libère de nos faiblesses et pauvretés, en nous encourageant à parcourir les chemins du bien, de la réconciliation et du pardon. Regardons la Croix de Jésus, regardons le bon larron, et disons tous ensemble ce qu’a dit le bon larron : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton Royaume ». Demandons à Jésus, quand nous nous voyons faibles, pécheurs, vaincus, de nous regarder, et disons-lui : Tu es là. Merci de ne pas m’oublier. 

Face à tant de déchirures dans le monde et aux trop nombreuses blessures dans la chair des hommes, demandons à la Vierge Marie de nous soutenir dans notre engagement à imiter Jésus, notre Roi, en rendant présent son Royaume par des gestes de tendresse, de compréhension et de miséricorde.

Angélus 22 novembre 2015




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