1 juin 2019

Du Pape François


Que notre parole soit une parole de fils de Dieu, portés par l’Esprit Saint



Nous commençons aujourd’hui un parcours de catéchèses à travers le livre des Actes des Apôtres. Ce livre biblique, écrit par saint Luc évangéliste, nous parle d’un voyage  - du voyage… Quel voyage ? Le voyage de l’Évangile dans le monde, et il nous montre cette merveilleuse union entre la Parole de Dieu et l’Esprit Saint qui inaugure le temps de l’évangélisation. Les protagonistes des Actes - la Parole et l’Esprit - sont vraiment un “couple“ vivant et efficace.
Dieu « envoie sur la terre son message » et « sa parole court rapidement », dit le psaume (147,4). La Parole de Dieu court, elle est dynamique, elle irrigue tous les terrains sur lesquels elle tombe. Et quelle est sa force ? Saint Luc nous dit que la parole humaine devient efficace non pas grâce à la rhétorique qui est l’art de bien parler, mais grâce à l’Esprit Saint qui est la dýnamis de Dieu, la dynamique de Dieu, sa force qui a le pouvoir de purifier la parole, de la rendre porteuse de vie.
Quelle est la différence entre la Bible et un livre d’histoires ? Les paroles de la Bible reçoivent dans l’Esprit Saint une très grande force qui fait que cette parole devient semence de sainteté, semence de vie, efficace. Quand l’Esprit s’empare de la parole humaine, elle devient dynamique, comme une sorte de dynamite capable d’allumer un feu dans les cœurs et de faire sauter les schémas, les résistances et les murs de la division en ouvrant des voies nouvelles et en dilatant les frontières du peuple de Dieu. Cela, nous le verrons tout au long du livre des Actes des Apôtres.
Celui qui rend incisive et qui donne une sonorité vibrante à notre parole humaine si fragile, capable même de mentir et de se dérober à ses responsabilités, c’est seulement l’Esprit Saint par lequel le Fils de Dieu a été engendré, l’Esprit de qui il a reçu l’onction et qui l’a soutenu dans sa mission, l’Esprit grâce auquel il a choisi ses apôtres et qui a garanti à leur annonce la pérennité et la fécondité - comme il les garantit aujourd’hui encore à notre annonce.
L’Évangile se conclut par la résurrection et l’ascension de Jésus, et la trame narrative des Actes des Apôtres part justement de là, de la surabondance de la vie du Ressuscité transfusée dans son Église. Saint Luc nous dit que Jésus « s’est présenté vivant après sa passion. Il leur en a donné bien des preuves puisque pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du Royaume de Dieu » (Ac 1,3). Le Ressuscité, Jésus ressuscité, pose des gestes très humains, comme de partager le repas avec les siens, et il les invite à vivre dans la confiance l’attente de l’accomplissement de la promesse du Père : « Vous serez baptisés dans l’Esprit Saint » (Ac 1,5).
Le baptême dans l’Esprit Saint est en effet l’expérience qui nous permet d’entrer dans une communion personnelle avec Dieu et de participer à sa volonté salvifique universelle en acquérant le don de la parrhésia, le courage, c’est-à-dire la capacité à prononcer une parole “comme fils de Dieu“, pas seulement en tant qu’homme, mais en tant que fils de Dieu : une parole limpide, libre, efficace, pleine d’amour pour le Christ et pour nos frères.
Il n’y a donc pas à lutter pour gagner ou mériter le don de Dieu. Tout est donné gratuitement, et en temps voulu. Le Seigneur donne tout gratuitement. Le salut ne s’achète pas, ne se paie pas : c’est un don gratuit. Devant leur angoisse de connaître à l’avance le temps où arriveront les événements qu’il a annoncés, Jésus répond aux siens : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,7-8).
Le Ressuscité invite les siens à ne pas vivre le présent dans l’anxiété, mais à faire alliance avec le temps, à savoir attendre le déroulement d’une histoire sacrée qui ne s’est pas interrompue, mais qui avance, qui va toujours de l’avant - à savoir attendre les “pas“ de Dieu, Seigneur du temps et de l’espace. Le Ressuscité invite les siens à ne pas se “fabriquer“ leur mission, mais à attendre que ce soit le Père qui dynamise leurs cœurs par son Esprit pour pouvoir s’impliquer dans un témoignage missionnaire capable de rayonner de Jérusalem à la Samarie, et de dépasser les frontières d’Israël pour atteindre les périphéries du monde.
Cette attente, les apôtres la vivent ensemble. Ils la vivent en tant que famille du Seigneur, dans la salle supérieure ou Cénacle, dont les murs témoignent encore du don par lequel Jésus s’est livré aux siens dans l’Eucharistie. Et comment attendent-ils la force, la dýnamis de Dieu ? En priant avec persévérance, comme s’ils n’étaient pas plusieurs mais un seul : en priant dans l’unité et avec persévérance. C’est en effet par la prière que l’on est vainqueur de la solitude, de la tentation, du soupçon, et que notre cœur s’ouvre à la communion. La présence des femmes et de Marie, la Mère de Jésus, intensifie cette expérience : elles ont appris les premières du Maître à témoigner de la fidélité de l’amour et de la force de la communion, qui font surmonter toute crainte.
Demandons nous aussi au Seigneur la patience d’attendre ses pas, de ne pas vouloir “fabriquer“ nous-mêmes son œuvre, et de rester dociles en priant, en invoquant l’Esprit, et en cultivant l’art de la communion ecclésiale.

Catéchèse du mercredi 29 mai 2019

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