22 juin 2019

Du Pape François


L’Esprit Saint


Cinquante jours après Pâques, dans ce Cénacle qui est désormais leur maison et où la présence de Marie, Mère du Seigneur, est l’élément de cohésion, les apôtres vivent un événement qui dépasse leurs attentes. Réunis en prière - et la prière est le “poumon“ qui donne souffle aux disciples de tous les temps : sans prière, on ne peut pas être disciple de Jésus, sans prière, nous ne pouvons pas être chrétiens ! C’est l’air, c’est le poumon de la vie chrétienne -, eh bien réunis en prière, ils sont surpris par l’irruption de Dieu.
Il s’agit d’une irruption qui ne tolère pas ce qui est fermé : elle ouvre grand les portes par la force d’un vent qui rappelle le ruah, le souffle primordial, et accomplit la promesse de la « force » faite par le Ressuscité avant son départ (cf. Ac 1,8). Elle arrive à l’improviste, d’en haut : « un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent et la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière » (Ac 2,2).
Au vent, s’ajoute ensuite le feu, qui rappelle le buisson ardent et le Sinaï avec le don des dix paroles (cf. Ex 19,16-19). Dans la tradition biblique, le feu accompagne la manifestation de Dieu. Dans le feu, Dieu confie sa parole vivante et énergique (cf. He 4,12), qui ouvre à l’avenir. Le feu exprime symboliquement l’œuvre de Dieu qui réchauffe, éclaire et sonde les cœurs, teste la résistance des œuvres humaines, les purifie et à les revitalise.
Tandis qu’au Sinaï on entend la voix de Dieu, à Jérusalem, en la fête de la Pentecôte, c’est Pierre qui parle, le roc sur lequel le Christ a choisi d’édifier son Église. La parole de cet homme faible, capable même de renier le Seigneur, lorsqu’elle est traversée par le feu de l’Esprit, acquiert une force et devient capable de transpercer les cœurs, et de pousser à la conversion - Dieu choisit ce qui est faible dans le monde pour confondre les forts (1 Co 1,27).
L’Église naît du feu de l’amour, d’un “incendie“ qui éclate à la Pentecôte et qui manifeste la force de la parole du Ressuscité, portée par l'Esprit Saint. L’Alliance nouvelle et éternelle est fondée non plus sur une Loi écrite sur des tables de pierre, mais sur l’action de l’Esprit de Dieu qui fait toutes choses nouvelles, et qui se grave dans des cœurs de chair.
La parole des apôtres s’imprègne de l’Esprit du Ressuscité et devient une parole nouvelle, différente, mais que chacun peut comprendre car elle s’entend dans la langue propre à chacun (Ac 2,6). Il s’agit du langage de la vérité et de l’amour, et c’est la langue universelle - même les analphabètes peuvent la comprendre ! Le langage de la vérité et de l’amour, tout le monde le comprend. Si tu vas dans la vérité de ton cœur, si tu vas avec amour, tout le monde te comprendra, même si tu ne peux pas parler, si ce n’est avec une caresse, qui soit vraie et aimante.
L’Esprit Saint non seulement se manifeste à travers une symphonie de sons qui unit et qui compose harmoniquement les différences, et il se présente comme le chef d’orchestre qui fait jouer les différentes partitions de louange pour les grandes œuvres de Dieu. L’Esprit Saint est l’artisan de la communion, il est l’artiste de la réconciliation, qui sait enlever les barrières entre juifs et grecs, entre esclaves et hommes libres, pour faire d’eux un seul corps. Il édifie la communauté des croyants en harmonisant l’unité du corps et la multiplicité des membres. Il fait grandir l’Église en l’aidant à aller au-delà des limites humaines, des péchés, et de n’importe quel scandale.
La surprise est immense, et certains se demandent si ces hommes sont ivres. Alors Pierre intervient au nom de tous les apôtres, et il relit cet événement à la lumière de Joël 3, où est annoncée une nouvelle effusion de l’Esprit. Les disciples de Jésus ne sont pas ivres, mais ils vivent ce que saint Ambroise définit comme “la sobre ivresse de l’Esprit“, qui réalise au milieu du peuple de Dieu le don de prophétie à travers des songes et des visions, et ce don n’est pas réservé seulement à quelques-uns, mais à tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur.
À partir de ce moment-là, l’Esprit de Dieu pousse les cœurs à accueillir le salut à travers la personne de Jésus Christ, Celui que les hommes ont cloué sur le bois de la Croix, et que Dieu a ressuscité des morts « en le délivrant des douleurs de la mort » (Ac 2,24). C’est lui qui a répandu cet Esprit qui orchestre la polyphonie de louanges que tous peuvent entendre.
Demandons au Seigneur de nous faire expérimenter une nouvelle Pentecôte, qui dilate nos cœurs et accorde nos sentiments à ceux du Christ, de sorte que nous annoncions sans honte sa parole qui transforme, et que nous témoignions de la puissance de l’amour qui appelle à la vie tout ce qu’il rencontre.

Catéchèse du mercredi 19 juin 2019

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