4 avril 2020

Du Pape François


Heureux les cœurs purs




Aujourd’hui, nous lisons ensemble la sixième béatitude, qui promet la vision de Dieu et a pour condition la pureté du cœur.
Le psaume dit : « Mon cœur m’a redit ta parole : Cherchez ma face. C’est ta face, Seigneur, que je cherche, ne me cache pas ta face » (Ps 26,8-9). Ce langage manifeste la soif d’une relation personnelle avec Dieu, non pas mécanique, non pas un peu nébuleuse, mais une relation personnelle, que le livre de Job exprime ainsi : « C’est par ouï-dire que je te connaissais, mais maintenant mes yeux t’ont vu » (Jb 42,5). Je pense très souvent que c’est ce que nous vivons dans nos relations avec Dieu. Nous connaissons Dieu par ouï-dire, mais par notre expérience, nous avançons, et si nous sommes fidèles, nous finissons par le connaître directement, et c’est cela la maturité de l’Esprit.
Comment arriver à cette intimité, à connaître Dieu de nos yeux ? On peut penser aux disciples d’Emmaüs par exemple, qui ont le Seigneur Jésus à leurs côtés, « mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître » (Lc 24,16). Le Seigneur ouvrira leurs yeux, au terme d’un chemin qui culmine avec la fraction du pain et qui avait commencé par un reproche : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! » (Lc 24,25). L’origine de leur cécité, c’est leur cœur sans intelligence et lent, et quand le cœur est sans intelligence et lent, on ne voit pas les choses, on les voit comme dans un brouillard.
Pour pouvoir contempler, il est nécessaire de rentrer en soi et de faire de la place à Dieu, parce que comme le dit saint Augustin : « Dieu est plus intime à moi-même que moi-même ». Pour voir Dieu, ça ne sert à rien de changer de lunettes ou de point d’observation, ou de changer d’auteurs théologiques pour enseigner le chemin : il faut libérer son cœur des mensonges intérieurs qui génèrent nos péchés. Les péchés changent la vision intérieure, ils changent l’évaluation des choses, ils font voir des choses qui ne sont pas vraies, ou du moins, qui ne sont pas complètement vraies.
Il est donc important de comprendre ce qu’est la “pureté du cœur“. Pour cela, il faut se souvenir que pour la Bible, le cœur est le lieu le plus intime de l’être humain, l’espace intérieur où une personne est elle-même. Et l’Évangile de Matthieu affirme : « Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, comme elles seront grandes, les ténèbres ! » (Mt 6,23). Cette lumière est le regard du cœur, et le point à partir duquel se lit la réalité.
Mais que signifie un « cœur pur » ? Celui qui a le cœur pur vit en présence du Seigneur, il a vécu une simplification intérieure en apprenant à renier le mal en lui, et il mène une vie unifiée, droite. Il a su reconnaître la part mauvaise, la part assombrie par le mal en lui, pour apprendre l’art de se laisser toujours enseigner et conduire par l’Esprit Saint.
Le chemin à partir du cœur malade, du cœur pécheur, du cœur qui ne peut pas bien voir les choses parce qu’il est dans le péché, jusqu’à la plénitude de la lumière du cœur, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est lui qui nous conduit à faire ce chemin, jusqu’à ce que nous parvenions à « voir Dieu ».
Dans cette vision béatifique, il y a une dimension future, eschatologique, comme dans toutes les béatitudes - c’est la joie du Royaume des Cieux vers lequel nous allons. Mais il y a aussi une autre dimension : voir Dieu veut dire comprendre les desseins de la Providence dans tout ce qui se produit, reconnaître sa présence dans les sacrements, sa présence dans les frères, particulièrement ceux qui sont pauvres et qui souffrent, et le reconnaître là où il se manifeste.
Cette béatitude est un peu le fruit des précédentes : si nous avons écouté la soif du bien qui habite en nous, et si nous nous mettons à vivre de la miséricorde, commence alors un chemin de libération qui dure toute la vie et conduit jusqu’au Ciel. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint si nous lui donnons de la place pour qu’il l’accomplisse, si nous sommes ouverts à son action. C’est l’œuvre de Dieu, et cette œuvre de Dieu et de l’Esprit Saint conduit à une grande joie, à une véritable paix.
N’ayons pas peur, ouvrons les portes de notre cœur à l’Esprit Saint pour qu’il nous conduise sur ce chemin de la plénitude de la joie.

Catéchèse du mercredi 1er avril 2020

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.