2 mai 2020

Du Pape François


Nous devenons ce vers quoi nous allons




L’Évangile d’aujourd’hui, qui se passe le jour de Pâques, raconte l’épisode des deux disciples d’Emmaüs. C’est une histoire qui commence et qui finit en chemin. Il y a le voyage aller des disciples, qui tristes de l’épilogue de l’histoire de Jésus, quittent Jérusalem et retournent chez eux à Emmaüs, en marchant environ onze kilomètres. C’est un voyage qui advient de jour, avec une bonne partie du trajet en descente. Et il y a le voyage de retour : onze kilomètres à nouveau, mais faits à la tombée de la nuit, avec une partie du chemin en montée après la fatigue du parcours aller et de toute la journée.
Deux voyages : l’un facile de jour, et l’autre pénible de nuit, et pourtant le premier advient dans la tristesse, le second dans la joie. Lors du premier, le Seigneur marche à leur côté, mais ils ne le reconnaissent pas. Dans le second, ils ne le voient plus, mais ils le sentent proche. Durant le premier ils sont découragés et sans espérance, dans le deuxième ils courent apporter aux autres la bonne nouvelle de la rencontre avec Jésus ressuscité.
Les deux chemins différents de ces premiers disciples nous disent à nous, disciples de Jésus d’aujourd’hui, que dans la vie nous avons deux directions opposées devant nous. Il y a le chemin de celui qui, comme ces deux hommes à l’aller, se laisse paralyser par les déceptions de la vie et avance tristement. Et il y a le chemin de celui qui ne met pas soi-même et ses problèmes à la première place, mais Jésus qui nous rend visite, et les frères qui attendent sa visite, c’est-à-dire les frères qui attendent que nous prenions soin d’eux.
Voilà le tournant : arrêter de graviter autour du moi, des déceptions du passé, des idéaux non réalisés, de toutes les mauvaises choses arrivées dans ma vie… Laisser tout cela et avancer en regardant la réalité plus grande et plus vraie de la vie : Jésus est vivant, Jésus m’aime. C’est la réalité la plus grande - et je peux faire quelque chose pour les autres, c’est une belle réalité, positive, solaire, belle !
Le volte-face c’est cela : passer des pensées autour de mon moi à la réalité de mon Dieu, passer du choix de moi au oui à Dieu. Le choix de moi, ça donne : S’il nous avait libérés, si Dieu m’avait écouté, si la vie était allée comme je voudrais, si j’avais ceci et cela… sur un ton de plainte. C’est stérile, ça n’aide ni nous-mêmes ni les autres, et c’est ce que font les deux disciples. Mais ces derniers passent au oui : Oui, le Seigneur est vivant et il marche avec nous. Oui, maintenant et non pas demain, nous nous remettons en chemin pour l’annoncer. Et oui, je peux faire telle chose pour que les gens soient plus heureux, pour qu’ils soient mieux, pour aider tant de monde. Oui, oui, je le peux. En passant du choix de soi au oui, on passe de la plainte à la joie et à la paix, parce que lorsque nous nous plaignons, nous ne sommes pas dans la joie. Nous sommes dans la grisaille, dans cette ambiance grise de la tristesse. Et cela ne nous aide pas ni ne nous fait grandir. En passant du soi au oui, on passe de la plainte à la joie du service.
Ce changement de rythme - du moi à Dieu, du soi au oui -, comment est-il arrivé chez les disciples ? En rencontrant Jésus ! Les deux disciples d’Emmaüs lui ouvrent d’abord leur cœur. Puis ils l’écoutent expliquer les Écritures, et ensuite ils l’invitent chez eux. Ce sont trois moments que nous pouvons aussi vivre dans nos maisons : d’abord ouvrir notre cœur à Jésus, lui confier les poids, les fatigues, les déceptions de la vie, lui confier les “soi”. et puis, deuxième étape, écouter Jésus, prendre l’Évangile dans nos mains, lire aujourd’hui même ce passage, au chapitre 24 de l’Évangile de Luc. Troisièmement, prier Jésus, avec les paroles mêmes de ses disciples : « Seigneur, reste avec nous ». Seigneur, reste avec moi, reste avec nous tous, car nous avons besoin de toi pour trouver le chemin, et sans toi il y a la nuit.
Chers frères et sœurs, dans la vie nous sommes toujours en chemin, et nous devenons ce vers quoi nous allons. Choisissons le chemin de Dieu, pas celui du moi ; le chemin du oui, pas celui du soi. Nous découvrirons qu’il n’existe pas d’imprévu, pas de montée, pas de nuit qui ne puissent être affrontés avec Jésus.
En accueillant la Parole, la Vierge Marie, Mère du Chemin, a fait de toute sa vie un “oui” à Dieu, et elle nous indique la voie.

Regina cæli dimanche 26 avril 2020



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