23 mai 2020

Du Pape François




Le pouvoir de l’émerveillement



Nous poursuivons la catéchèse sur la prière en méditant sur le mystère de la Création. La vie, le simple fait que nous existions, ouvre le cœur de l’homme à la prière.
La première page de la Bible ressemble à une grande hymne d’action de grâce. Le récit de la Création est rythmé par des refrains où est continuellement redite la bonté et la beauté de tout ce qui existe. Dieu, par sa parole, appelle à la vie, et tout accède à l’existence. Par sa parole, il sépare la lumière des ténèbres, fait alterner le jour et la nuit, il fait se succéder les saisons, il déploie une palette de couleurs avec la diversité des plantes et des animaux… Dans cette forêt débordante qui l’emporte rapidement sur le chaos, l’homme apparaît en dernier. Et cette apparition provoque un excès d’exultation qui amplifie la satisfaction et la joie : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Et voici : cela était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour » (Gn 1,31). C’est bon, mais c’est beau aussi : on voit la beauté de toute la Création !
La beauté et le mystère de la Création génèrent dans le cœur de l’homme le premier mouvement qui suscite la prière. C’est ce que dit le psaume 8, que nous avons entendu au début : « À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? ». Celui qui prie contemple le mystère de l’existence autour de lui, il voit le ciel constellé d’étoiles au-dessus de lui - et que l’astrophysique montre aujourd’hui dans toute son immensité -, et il se demande quel dessein d’amour il doit y avoir derrière une œuvre aussi puissante ! Et dans cette étendue sans limites, qu’est-ce que l’homme ? « Presqu’un néant », dit un autre psaume (cf. Ps 89,48) : un être qui naît, un être qui meurt, une créature extrêmement fragile. Et pourtant, dans tout l’univers, l’être humain est l’unique créature consciente d’une telle profusion de beauté. Cet être petit qui naît, meurt, qui est là aujourd’hui et qui n’est pas là demain, il est le seul à avoir conscience de cette beauté - nous avons conscience de cette beauté !
La prière de l’homme est étroitement liée à l’émerveillement. La grandeur de l’homme est infinitésimale par rapport aux dimensions de l’univers. Ses plus grandes conquêtes semblent bien peu de chose, mais l’homme n’est pas rien. Dans la prière, s’affirme un irrésistible sens de la miséricorde. Rien n’existe par hasard : le secret de l’univers se manifeste dans un regard bienveillant que quelqu’un croise dans nos yeux. Le psaume affirme que nous avons été faits un peu moindres qu’un Dieu, que nous sommes couronnés de gloire et d’honneur (Ps 8, 6). La grandeur de l’homme, c’est sa relation avec Dieu : elle l’intronise ! Par nature, nous ne sommes presque rien, petits, mais par vocation, par appel, nous sommes les enfants du grand Roi !
C’est une expérience qu’ont faite beaucoup d’entre nous. Si l’histoire de notre vie, avec toutes ses amertumes, risque parfois d’étouffer en nous le don de la prière, il suffit de la contemplation d’un ciel étoilé, d’un coucher de soleil, d’une fleur, pour raviver une étincelle d’action de grâce, et peut-être cette expérience est-elle à la base de la première page de la Bible.
Lorsque le grand récit biblique de la Création est rédigé, le peuple d’Israël traverse des temps difficiles. Une puissance ennemie a occupé sa terre, beaucoup ont été déportés et maintenant, ils se retrouvent esclaves en Mésopotamie. Il n’y a plus de patrie, ni de temple, ni de vie sociale et religieuse, rien.
Et pourtant, c’est devant la Création que l’on commence à retrouver des motifs d’action de grâce, à louer Dieu pour l’existence. La prière ouvre la porte à l’espérance parce que les hommes de prière gardent les vérités qui sont fondamentales. Ils redisent, d’abord à eux-mêmes et ensuite à tous les autres, que malgré toutes les lassitudes et les épreuves, malgré les jours difficiles, cette vie est remplie d’une grâce dont on peut s’émerveiller, et donc il faut toujours la défendre et la protéger.
Les hommes et les femmes qui prient savent que l’espérance est plus forte que le découragement. Ils croient que l’amour est plus puissant que la mort et qu’il triomphera assurément un jour, même si nous ne connaissons ni le temps ni la manière. Les hommes et les femmes de prière reflètent sur leur visage des rais de lumière, parce que même dans les jours plus sombres, le soleil ne cesse pas de les illuminer. La prière t’illumine : elle illumine ton âme, elle illumine ton cœur, et elle illumine ton visage, même dans les périodes plus sombres, même dans les périodes de plus grande souffrance.
Nous sommes tous des porteurs de la joie. Sais-tu que tu es un porteur de la joie, ou bien préfères-tu apporter de mauvaises nouvelles, des choses qui attristent ? Nous sommes tous capables de porter la joie : cette vie est le don que Dieu nous a fait et elle est trop brève pour être consumée dans la tristesse, dans l’amertume.
Louons Dieu, en étant simplement contents d’exister. Regardons l’univers, regardons sa beauté, et regardons aussi nos croix en disant : Tu existes, et tu nous as faits pour toi. Nous sommes les enfants du grand Roi, du Créateur, capables de lire sa signature dans toute la création, la signature de ce Dieu qui l’a faite par amour.
Que le Seigneur nous fasse comprendre cela toujours plus profondément, et qu’il nous pousse à dire merci - et ce merci est une belle prière.

Catéchèse du mercredi 20 mai 2020




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