10 mai 2020

Du Pape François


Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice




Avec l’audience d’aujourd’hui, nous concluons le parcours sur les Béatitudes évangéliques. Comme nous l’avons entendu, la dernière proclame la joie eschatologique de ceux qui sont persécutés pour la justice.
Cette béatitude annonce le même bonheur que la première : le Royaume des Cieux appartient aux persécutés comme il appartient aux pauvres en esprit - et nous sommes parvenus ainsi au terme d’un parcours unitaire.
La pauvreté en esprit, les pleurs, la douceur, la soif de sainteté, la miséricorde, la purification du cœur et les œuvres de paix peuvent conduire à la persécution à cause du Christ, mais cette persécution est finalement cause de joie et de grande récompense dans les cieux. Le sentier des Béatitudes est un chemin pascal qui conduit d’une vie selon le monde à une vie selon Dieu, d’une existence guidée par la chair - c’est-à-dire par l’égoïsme - à une existence guidée par l’Esprit.
Le monde avec ses idoles, ses compromis et ses priorités, ne peut approuver ce type d’existence. Les “structures de péché“ souvent produites par la mentalité humaine, si étrangères à l’Esprit de vérité - cet Esprit que le monde ne peut pas recevoir (cf. Jn 14,17), ne peuvent que refuser la pauvreté, ou la douceur, ou la pureté, et déclarer que la vie selon l’Évangile est une erreur, voire un problème, quelque chose en tout cas qu’il faut marginaliser. Ce sont des idéalistes ou des fanatiques, dira le monde, et c’est ce que beaucoup de gens pensent.
Si le monde vit en fonction de l’argent, quelqu’un qui témoigne que la vie peut se réaliser dans le don et dans le renoncement devient une gêne pour le système de la convoitise. Ce mot de “gêne“ est le mot-clé : le témoignage chrétien, si bienfaisant, gêne ceux qui ont une mentalité mondaine. Ils le vivent comme un reproche. Quand apparaît la sainteté et qu’émerge la vie des enfants de Dieu, il y a dans cette beauté quelque chose qui dérange, et qui invite à prendre position : soit accepter de se remettre en cause et de s’ouvrir au bien, soit refuser cette lumière et endurcir son cœur, y compris jusqu’à l’opposition et l’acharnement (cf. Sg 2, 14-15). Il est frappant de voir combien, dans les persécutions des martyrs, l’hostilité grandit jusqu’à l’acharnement. Dans les persécutions au siècle dernier par les dictatures européennes, on assiste à un véritable acharnement contre les chrétiens, et contre l’héroïcité des chrétiens.
Mais le drame de la persécution est aussi le lieu où se vit la libération par rapport à l’assujettissement au succès, à la vaine gloire et aux compromis du monde. De quoi se réjouit celui qui est refusé par le monde à cause du Christ ? Il se réjouit d’avoir trouvé quelque chose qui vaut plus que le monde entier - « Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? », nous dit Jésus (Mc 8,36).
Il est douloureux de se souvenir qu’en ce moment, de nombreux chrétiens subissent des persécutions dans différentes zones du monde, et nous devons prier afin que soit mis fin à leur tribulation le plus tôt possible. Les martyrs d’aujourd’hui sont plus nombreux que ceux des premiers siècles : exprimons notre proximité à ces frères et sœurs - nous sommes un unique corps et ces chrétiens sont les membres sanglants du Corps du Christ qu’est l’Église.
Mais l’exclusion et la persécution, si Dieu nous en accorde la grâce, nous font ressembler au Christ crucifié, et en nous associant à sa passion, elles sont la manifestation de la vie nouvelle. Cette vie est celle du Christ qui, pour nous les hommes et pour notre salut, fut méprisé et rejeté par les hommes (cf. Is 53,3 ; Ac 8, 30-35).
Accueillir son Esprit peut nous conduire à avoir assez d’amour dans le cœur pour offrir notre vie pour le monde, sans faire de compromis avec ses mensonges, et en acceptant qu’il nous refuse. Cette vie qui nous fait refuser les compromis et emprunter la route de Jésus-Christ, c’est la vie du Royaume des Cieux et elle nous conduit à la plus grande joie et la véritable allégresse. Car dans les persécutions, il y a toujours la présence de Jésus qui nous accompagne, la présence de Jésus qui nous console, et la force de l’Esprit qui nous aide à aller de l’avant.
Ne nous décourageons pas quand une vie cohérente avec l’Évangile attire sur nous les persécutions : l’Esprit est là qui nous soutient sur ce chemin.

Catéchèse du mercredi 29 avril 2020

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