5 septembre 2020

Du Pape François

 

Prenons notre croix



Après que Pierre, au nom des autres disciples, ait professé sa foi en Jésus comme Messie et Fils de Dieu, Jésus lui-même commence à parler de sa Passion. En route vers vers Jérusalem, il explique ouvertement à ses amis ce qui les attend au bout du chemin qui les conduit à la ville sainte : il annonce son mystère de mort et de résurrection, mystère d’humiliation et de gloire.

Il dit qu’il devra « souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter » (Mt 16,21), mais ses paroles ne sont pas comprises parce que les disciples ont une foi encore immature, et trop liée à la mentalité du monde (cf. Rm 12,2). Ils pensent à une victoire trop terrestre, c’est pourquoi ils ne comprennent pas le langage de la Croix. Face à la perspective que Jésus puisse échouer et mourir sur une croix, le même Pierre se rebelle et lui dit : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. » (v. 22).

Pierre croit en Jésus, il a la foi, il croit en Jésus et il veut le suivre, mais il n’accepte pas que sa gloire passe à travers la passion. Pour Pierre et les autres disciples - et pour nous aussi ! - la croix est quelque chose d’inconfortable. La croix est un “scandale” - tandis que Jésus considère que le “scandale”, c’est de fuir la croix, parce que ça voudrait dire se dérober à la volonté du Père, à la mission qu’il lui a confiée pour notre salut.

C’est pourquoi Jésus répond à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (v. 23). Dix minutes plus tôt, Jésus a loué Pierre et il lui a promis d’être la base, le fondement de son Église. Dix minutes après, il le traite de “Satan”. Comment comprendre cela ? Mais est-ce que ça ne nous arrive pas à tous ? Dans les moments de dévotion, de ferveur, de bonne volonté, de proximité envers le prochain, nous regardons Jésus, et nous avançons. Mais dans les moments où nous rencontrons la croix, le diable nous tente - Satan comme le dit Jésus à Pierre -, et nous fuyons. C’est du mauvais esprit, ça vient du diable de s’éloigner de la croix, de la croix de Jésus.

S’adressant ensuite à tous, Jésus ajoute : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (v. 24). Il indique là le chemin du vrai disciple, selon deux axes. Le premier est de « renoncer à soi-même » - ce qui ne signifie pas un changement superficiel, mais une conversion, un renversement de mentalité et de valeurs. Le second est de prendre sa croix : non seulement supporter avec patience les tribulations quotidiennes, mais porter avec foi et responsabilité cette part de fatigue et de souffrance que comporte la lutte contre le mal. L’engagement de “prendre sa croix” devient alors participation au salut du monde avec le Christ.

Veillons donc à ce que la croix accrochée au mur chez nous - ou que nous portons autour de notre cou - soit le signe de notre désir de nous unir au Christ, pour servir nos frères avec amour, spécialement les plus petits et les plus fragiles. La croix est le signe saint de l’amour de Dieu, c’est le signe du sacrifice de Jésus, et elle ne doit pas être réduite à un objet superstitieux, ni à un bijou ornemental. Chaque fois que nous fixons le regard sur l’image du Christ crucifié, pensons que comme vrai Serviteur du Seigneur, il a réalisé sa mission en donnant sa vie, en versant son sang pour la rémission des péchés. Et ne nous laissons pas conduire ailleurs, tentés par Malin : si nous voulons être ses disciples, nous sommes appelés à l’imiter en dépensant notre vie sans réserve, par amour de Dieu et du prochain.

Que la Vierge Marie, unie à son Fils jusqu’au calvaire, nous aide à ne pas reculer face aux épreuves et aux souffrances que le témoignage de l’Évangile comporte pour nous tous.

Angélus 30 août 2020

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