13 septembre 2020

Du Pape François

 

La correction fraternelle


Dans l’Évangile de ce dimanche (Mt 18,15-20) Jésus suggère, pour corriger son frère qui a commis une faute, une pédagogie du rattrapage - la pédagogie de Jésus est toujours pour nos récupérer, il cherche toujours à nous retrouver, nous sauver.

Cette pédagogie est articulée en trois passages. Il dit en premier lieu : « Va lui faire des reproches seul à seul. », c’est-à-dire sans faire étalage de son péché. Il s’agit d’aller voir son frère discrètement, non pas pour le juger, mais pour l’aider à se rendre compte de ce qu’il a fait. Nous avons souvent eu cette expérience. Quelqu’un vient et nous dit : Écoute, là tu t’es trompé. Tu devrais changer un peu dans ce sens-là. Nous nous fâchons peut-être au début, mais ensuite nous remercions, parce c’est un geste de fraternité, de communion, d’aide, de récupération.

Il n’est pas facile de mettre en pratique cet enseignement de Jésus pour différentes raisons. Nous craignons que notre frère ou notre sœur réagisse mal. Parfois, la confiance n’est pas suffisante entre nous et lui ou elle, ou pour d’autres raisons. Mais à chaque fois que nous l’avons fait, nous avons senti que c’était le chemin du Seigneur.

Il peut arriver cependant que malgré mes bonnes intentions, la première tentative échoue. Dans ce cas il est bon de ne pas renoncer en disant : Qu’il se débrouille, je m’en lave les mains. Ça, ce n’est pas chrétien. Il ne faut pas renoncer, mais recourir à l’appui d’un autre frère ou d’une autre sœur. Jésus dit : S’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. C’est un précepte de la loi mosaïque (cf. Dt 19,15). Bien que cela puisse sembler accabler l’accusé, cela servait en réalité à le protéger de faux accusateurs. Mais Jésus va plus loin. Les deux témoins sont sollicités non pas pour accuser et juger, mais pour aider : Mettons-nous d’accord, toi et moi, et allons parler à celui-ci, à celle-ci qui se trompe, qui se rend ridicule. Allons lui parler en frères.

Jésus nous invite à tendre la main, mais il envisage que cette deuxième approche avec les témoins puisse également échouer : même l’amour de deux ou trois frères peut ne pas suffire, parce qu’il ou elle est têtu. Dans ce cas, ajoute Jésus, « dis-le à l’assemblée de l’Église ». Dans certaines situations, toute la communauté est impliquée. Il y a des choses qui ne peuvent pas laisser les autres frères indifférents, et il faut un amour plus grand pour retrouver ce frère. Parfois même, cela ne suffit pas et Jésus dit : « S’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain ». Cette expression, en apparence si sévère, invite en réalité à remettre ce frère entre les mains de Dieu : seul le Père pourra montrer un amour plus grand que celui de tous les frères rassemblés.

Cet enseignement de Jésus nous aide beaucoup, parce que lorsqu’il nous arrive de voir une faute, un défaut, une chute chez un frère ou une sœur, la première chose que nous faisons habituellement est d’aller le raconter aux autres, en médisant. Les médisances ferment le cœur à la communauté et empêchent l’unité de l’Église. Le grand bavard c’est le diable, qui dit toujours de mauvaises choses sur les autres, car il est le menteur qui cherche à désunir l’Église, à éloigner les frères les uns des autres pour qu’ils ne fassent pas communauté.

S’il vous plaît, frères et sœurs, faisons un effort pour ne pas médire. Le ragot est une peste pire que la Covid ! Faisons un effort : pas de médisance, et pas de condamnation sans appel. Reconnaissons que parfois, nos tentatives humaines peuvent échouer, et que seul le fait de se trouver devant Dieu peut mettre notre frère face à sa conscience et à la responsabilité de ses actes. Si ça ne va pas, silence et prière pour le frère ou pour la sœur qui se trompent, mais jamais de médisance.

Que la Vierge Marie nous aide à faire de la correction fraternelle une saine habitude, afin que dans nos communautés l’on puisse instaurer de nouvelles relations fraternelles fondées sur le pardon réciproque, et surtout sur la force invincible de la miséricorde de Dieu.


Angélus du dimanche 6 septembre 2020

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