31 octobre 2020

Du Pape François

 

Accueillons le don de la prière de Jésus


Jésus priait. Le début de sa mission publique a lieu avec le baptême dans le fleuve Jourdain et les évangélistes sont d’accord pour attribuer une importance fondamentale à cet épisode. Ils racontent que tout le peuple s’était recueilli en prière, et ils spécifient que ce rassemblement avait clairement un caractère pénitentiel (cf. Mc 1, 5; Mt 3, 8) : le peuple allait auprès de Jean se faire baptiser pour le pardon des péchés - il y a un caractère pénitentiel, de conversion.

Le premier acte public de Jésus est donc la participation à une prière chorale du peuple, une prière du peuple qui va se faire baptiser, une prière pénitentielle où tous se reconnaissaient pécheurs. Son acte est un acte d’obéissance à la volonté du Père. Jésus est le Juste, il n’est pas pécheur, mais il a voulu descendre jusqu’à nous, pécheurs, et il prie avec nous.

Quand nous prions, il est avec nous en train de prier, il est avec nous, parce qu’il est au ciel en train de prier pour nous. Jésus prie toujours avec son peuple, il prie toujours avec nous, toujours. Nous ne prions jamais seuls, nous prions toujours avec Jésus. Il ne reste pas sur la rive opposée du fleuve comme s’il disait : Je suis le juste, vous des pécheurs, et qu’il marquait sa différence et sa distance du peuple désobéissant. Non, il plonge ses pieds dans les mêmes eaux de purification, il fait comme un pécheur. C’est la grandeur de Dieu qui envoie son Fils, qui s’anéantit lui-même et qui apparaît comme un pécheur.

Jésus n’est pas un Dieu lointain, il s’est incarné, et en inaugurant sa mission, il se met à la tête d’un peuple de pénitents, comme s’il se chargeait d’ouvrir une brèche à travers laquelle nous tous, après Lui, nous devons avoir le courage de passer. La route, le chemin est difficile, mais lui avance en ouvrant le chemin. Ce jour-là, sur les rives du fleuve Jourdain, il y a toute l’humanité avec ses aspirations inexprimées de prière, il y a surtout le peuple des pécheurs : ceux qui pensaient ne pas pouvoir être aimés par Dieu, ceux qui n’osaient pas aller au-delà du seuil du Temple, ceux qui ne priaient pas parce qu’ils ne s’en sentaient pas dignes. Jésus est venu pour tous, et il commence en s’unissant à eux, comme un chef de file.

L’Évangile de Luc souligne le climat de prière dans lequel a eu lieu le baptême de Jésus : « Or quand tout le peuple eut été baptisé et au moment où Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, le ciel s’ouvrit ». En priant, Jésus ouvre la porte des cieux, et de cette brèche descend l’Esprit Saint. Et d’en-haut, une voix proclame la vérité merveilleuse : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur ». Dans cette simple phrase, il y a un immense trésor : elle nous révèle quelque chose du mystère de Jésus et de son Cœur toujours tourné vers le Père. Dans le tourbillon de la vie et du monde qui en viendra à le condamner, dans les expériences les plus dures et les plus tristes qu’il doit supporter, même quand il fait l’expérience de ne pas avoir de place où poser la tête et quand autour de Lui se déchaînent la haine et la persécution, Jésus ne reste jamais sans le refuge d’une demeure : il habite éternellement dans le Père.

Voilà la grandeur unique de la prière de Jésus : l’Esprit Saint prend possession de sa personne et la voix du Père atteste qu’Il est le bien-aimé, le Fils dans lequel Il se reflète pleinement. Eh bien cette prière de Jésus deviendra lors de la Pentecôte, par grâce, la prière de tous les baptisés dans le Christ. Il a Lui-même obtenu ce don pour nous, et il nous invite à prier comme il priait.

Si un soir de prière nous nous sentons faibles et vides, s’il nous semble que notre vie a été entièrement inutile, nous devons en cet instant supplier que la prière de Jésus devienne aussi la nôtre : Je ne peux pas prier aujourd’hui, je ne sais pas quoi faire, je ne m’en sens pas capable, je suis indigne, indigne... À ce moment-là, il faut s’en remettre à Lui pour qu’il prie pour nous. Lui, à ce moment-là, est devant le Père en train de prier pour nous, il est l’Intercesseur. Il fait voir pour nous ses plaies au Père. Ayons confiance en cela. Si nous avons confiance, alors nous entendrons une voix du ciel, plus forte que celle qui monte des bas-fonds de nous-mêmes, et nous entendrons cette voix murmurer des paroles de tendresse : “Tu es le bien-aimé de Dieu, tu es fils, tu es la gloire du Père des cieux”.

C’est précisément pour nous, pour chacun de nous que retentit la parole du Père, et même si nous étions refusés par tous, si nous étions des pécheurs de la pire espèce. Jésus n’est pas descendu dans les eaux du Jourdain pour lui-même, mais pour nous tous. Il a ouvert les cieux comme Moïse avait ouvert les eaux de la mer Rouge, pour que nous puissions tous passer derrière Lui. Jésus nous a offert sa propre prière, qui est son dialogue d’amour avec le Père. Il nous l’a offerte comme une semence de la Trinité qui veut s’enraciner dans notre cœur. Accueillons-la ! Accueillons ce don, le don de la prière en étant toujours avec Lui. Nous ne nous tromperons pas.


Audience du mercredi 28 octobre 2020

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