8 novembre 2020

Du Pape François

 La force de la prière

 

 

Au cours de sa vie publique, Jésus a constamment recours à la force de la prière. Les Évangiles nous le montrent lorsqu’il se retire dans des lieux en aparté pour prier. Il s’agit de notes sobres et discrètes, qui laissent seulement entrevoir ces dialogues orants. Elles témoignent cependant clairement que dans les moments de plus grand dévouement aux pauvres et aux malades aussi, Jésus ne négligeait jamais son dialogue intime avec le Père : plus il était plongé dans les besoins des personnes, plus il sentait la nécessité de reposer dans la Communion trinitaire avec le Père et l’Esprit.

Il y a donc un secret dans la vie de Jésus, caché aux yeux humains, mais qui est le centre de tout. La prière de Jésus est une réalité mystérieuse dont nous n’avons qu’une faible intuition, mais qui permet de ressaisir dans une juste perspective sa mission tout entière. Pendant ces heures solitaires - avant l’aube ou pendant la nuit -, Jésus se plonge dans son intimité avec le Père, c’est-à-dire dans l’Amour dont chaque âme a soif, et c’est ce qui apparaît dès les premiers jours de son ministère public.

Un samedi, par exemple, on voit la petite ville de Capharnaüm se transformer en hôpital de campagne : après le coucher du soleil, tous les malades sont amenés à Jésus et il les guérit. Cependant, avant l’aube, Jésus disparaît, il se retire dans un lieu solitaire et il prie. Simon et les autres le cherchent et quand ils le trouvent, ils lui disent : « Tout le monde te cherche ! ». Que répond Jésus ? « Je dois aller prêcher dans les autres villages, c’est pour cela que je suis venu » (cf. Mc 1, 35-38). Jésus est toujours un peu “au-delà“, au-delà dans la prière avec le Père, et au-delà, dans d’autres villages, d’autres horizons pour aller prêcher, d’autres peuples.

La prière est le gouvernail qui guide la route de Jésus. Ce qui guide les étapes de sa mission, ce ne sont pas les succès, ce n’est pas le consensus, ce n’est pas cette phrase séduisante : « Tout le monde te cherche ». Ce qui trace le chemin de Jésus, c’est la voie la moins commode, mais qui obéit à l’inspiration du Père et que Jésus écoute et accueille dans sa prière solitaire.

De l’exemple de Jésus nous pouvons tirer certaines caractéristiques de la prière chrétienne. Tout d’abord, elle a un primat : elle est le premier désir de la journée, quelque chose que l’on pratique à l’aube, avant que le monde ne se réveille, et elle donne une âme à ce qui autrement resterait sans souffle. Un jour vécu sans prière risque de se transformer en une expérience fastidieuse. Tout ce qui nous arrive peut tourner pour nous en destin mal supporté et aveugle, tandis que Jésus nous éduque à l’obéissance à la réalité, et à l’écoute.

La prière est tout d’abord écoute, et rencontre avec Dieu, alors les problèmes de tous les jours ne deviennent pas des obstacles, mais des appels de Dieu lui-même à écouter et à rencontrer Celui qui est en face de nous. Les épreuves de la vie se transforment en occasions pour grandir dans la foi et dans la charité, et le chemin quotidien, y compris les difficultés, devient “vocation”. La prière a le pouvoir de transformer en bien ce qui, dans la vie, pourrait devenir une condamnation, elle a le pouvoir d’ouvrir un grand horizon à notre esprit et d’élargir notre cœur.

En deuxième lieu, la prière est un art à pratiquer avec insistance. Jésus lui-même nous dit : « Frappez, frappez, frappez ». Nous sommes tous capables de prières épisodiques qui naissent de l’émotion d’un moment. Mais Jésus nous éduque à un autre type de prière, une prière persévérante, qui produit une transformation progressive, rend forts dans les périodes de tribulation, et qui nous donne la grâce d’être soutenus par Celui qui nous aime et nous protège toujours.

Une autre caractéristique de la prière de Jésus est la solitude. Celui qui prie ne s’évade pas du monde, mais il privilégie les lieux déserts. Dans le silence, Dieu parle, et chaque personne a besoin d’un espace où cultiver sa propre vie intérieure, et où ses actions retrouvent un sens. Sans vie intérieure nous devenons superficiels, agités, facilement anxieux, et comme l’anxiété nous fait mal ! C’est pourquoi nous devons prier : sans vie intérieure, nous fuyons la réalité et nous nous fuyons aussi nous-mêmes - nous sommes des hommes et des femmes toujours en fuite.

La prière est le lieu où l’on perçoit que tout vient de Dieu et retourne à Lui. Parfois, nous les êtres humains, nous croyons être les maîtres de tout, ou bien au contraire nous perdons toute estime de nous-mêmes, et nous allons d’un côté à l’autre. La prière nous aide à retrouver les justes dimensions dans notre relation avec Dieu, notre Père, et avec toute la création.

La prière de Jésus nous apprend à nous abandonner entre les mains du Père, comme Jésus au Jardin des oliviers : « Père, que ta volonté soit faite ». Demandons à l’Esprit Saint de nous transformer de l’intérieur et de nous conduire à cet abandon entre les mains du Père. Redécouvrons dans l’Évangile, Jésus Christ comme maître de prière, et mettons-nous à son école. Nous y trouverons la joie et la paix.

 

Audience générale du mercredi 4 octobre 2020

 

 

 

 

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