16 janvier 2021

Du Pape François

 

Loué sois-tu mon Seigneur !


Nous poursuivons notre catéchèse sur la prière, et nous nous consacrons aujourd’hui à la dimension de la louange.

Nous partons d’un passage critique de la vie de Jésus. Après les premiers miracles et la participation des disciples à l’annonce du Royaume de Dieu, la mission du Messie traverse une crise. Jean Baptiste, qui est en prison, est pris d’un doute et lui fait parvenir ce message : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 3). S’est-il trompé dans son annonce ? Il y a toujours dans la vie des moments sombres, des moments de nuit spirituelle, et Jean traverse l’un de ces moments. Il règne une certaine hostilité dans les villages sur le lac où Jésus a accompli de nombreux signes prodigieux (cf. 11, 20-24). C’est précisément en ce moment de déception que Matthieu rapporte un fait surprenant : Jésus n’élève pas une lamentation vers le Père, mais une hymne de jubilation - « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25). C’est en pleine crise, en pleine obscurité dans l’âme de tant de personnes comme Jean Baptiste, que Jésus bénit le Père, que Jésus loue le Père. Pourquoi ?

Avant tout, il le loue pour ce qu’il est : « Père, Seigneur du ciel et de la terre ». Jésus se réjouit dans son esprit parce qu’il sait, il connaît que son Père est le Dieu de l’univers, et que le Seigneur de tout ce qui existe est Père, « mon Père ». C’est de cette expérience de se savoir « Fils du Très-Haut » que jaillit la louange - Jésus se sait Fils du Très-Haut.

Puis Jésus loue le Père parce qu’il privilégie les petits. C’est ce dont il fait lui-même l’expérience en prêchant dans les villages : les « sages » et les « intelligents » sont suspicieux et fermés, ils font des calculs, tandis que les « petits » s’ouvrent et accueillent le message. Cela ne peut qu’être la volonté du Père, et Jésus s’en réjouit. Nous aussi nous devons nous réjouir et louer Dieu parce que les personnes humbles et simples accueillent l’Évangile.

Je me réjouis quand je vois ces gens simples, ces gens humbles qui vont en pèlerinage, qui vont prier, qui chantent, qui louent, des gens auxquels il manque peut-être beaucoup de choses, mais l’humilité les conduit à louer Dieu. Dans l’avenir du monde et dans l’espérances des Églises, il y a toujours les « petits », ceux qui ne se considèrent pas meilleurs que les autres, qui sont conscients de leurs limites et de leurs péchés et qui ne veulent pas dominer les autres, mais qui en Dieu le Père se reconnaissent tous frères.

Donc en ce moment d’échec apparent, où tout est obscur, Jésus prie en louant le Père. Et sa prière nous conduit aussi, nous auditeurs de l’Évangile, à juger de manière différente nos échecs personnels, les situations où nous ne voyons pas clairement la présence et l’action de Dieu, quand il semble que prévaut le mal et qu’il n’existe aucune façon de l’arrêter. Jésus a recommandé la prière de demande, mais au moment où il aurait un motif de demander de l’aide au Père, il se met à le louer.

A qui sert la louange ? A nous, ou à Dieu ? Un texte de la liturgie eucharistique nous invite à prier Dieu en le louant : « Tu n’as pas besoin de notre louange, et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce. Nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi » (préface commune IV) - en louant, nous sommes sauvés !

La prière de louange doit être pratiquée non seulement quand la vie nous remplit de bonheur, mais aussi dans les moments difficiles, dans les moments sombres, quand le chemin grimpe. Ce sont aussi des temps pour la louange, comme Jésus qui, dans les moments sombres, loue le Père. 

Nous allons découvrir qu’à travers cette montée, ce sentier difficile, ce sentier fatigant, ces passages difficiles, nous arrivons à un panorama nouveau, un horizon plus ouvert. Louer est comme respirer de l’oxygène : ça purifie notre âme, élargit notre regard, et nous permet de ne pas rester prisonniers des moments difficiles et sombres et des difficultés.

Le Cantique de frère soleil - ou Cantique des créatures - de saint François n’a jamais cessé de vibrer à travers les siècles. Le “Poverello“ ne l’a pas composé pas dans un moment de joie, de bien-être, mais au contraire au milieu des difficultés. François est désormais presque aveugle, et il ressent dans son âme le poids d’une solitude qu’il n’avait jamais éprouvée auparavant : le monde n’a pas changé depuis le début de sa prédication, certains se laissent encore déchirer par les querelles, et de plus, il perçoit les pas de la mort qui se font plus proches.

Ce pourrait être le moment de la déception, de la déception extrême, et de la perception de son échec. Mais à cet instant de tristesse, en cet instant sombre, François prie : « Loué sois-tu, mon Seigneur ! » - il prie en louant ! François loue Dieu pour tout, pour tous les dons de la création, et aussi pour la mort, qu’il appelle “sœur“, “notre sœur la mort“. Ces exemples de saints, de chrétiens, l’exemple de Jésus qui loue Dieu dans un moment difficile, ça nous ouvre les portes d’un chemin vaste vers le Seigneur où nous nous laissons purifier - la louange purifie toujours.

Les saints et les saintes nous montrent que l’on peut toujours louer, dans le bien et dans le mal, parce que Dieu est l’Ami fidèle.  Tel est le fondement de la louange : Dieu est l’Ami fidèle, et son amour ne fait jamais défaut. Il est toujours à nos côtés, Il nous attend toujours.

Dans les moments difficiles et obscurs, trouvons le courage de dire : « Béni sois-tu, ô Seigneur ! » Louer le Seigneur nous fera beaucoup de bien…


Audience du mercredi 13 janvier 2021

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