Laissons-nous Jésus monter dans la barque de notre vie ?
L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui
nous emmène sur les rives du Lac de Galilée. La foule se presse autour de
Jésus, tandis que quelques pêcheurs, dont Simon Pierre, lavent leurs filets
après une nuit de pêche qui n’a pas été bonne. Et voilà que Jésus monte
directement dans la barque de Simon, puis il l’invite à avancer en eau profonde
et à jeter à nouveau ses filets.
Tout d’abord, Jésus monte dans la barque
de Simon. Pour quoi faire ? Pour enseigner. Il choisit précisément cette
barque, qui n’est pas pleine de poissons, mais qui est revenue vide sur la rive
après une nuit de labeur décevante. C’est une belle image pour nous aussi.
Chaque jour, la barque de notre vie quitte
les rives de notre maison pour voguer sur la mer des activités quotidiennes,
chaque jour nous essayons de “pêcher au large“, de poursuivre des projets, de
vivre l’amour dans nos relations… Mais souvent, comme Pierre, nous faisons
l’expérience de la nuit des filets vides, de la déception par rapport à un
engagement important qui ne porte pas les résultats désirés - « nous avons
peiné toute la nuit sans rien prendre », dit Simon. Combien de fois, nous
aussi, nous nous retrouvons avec un sentiment de défaite, tandis que la
déception et l’amertume naissent dans nos cœurs, et ce sont là deux sentiments
très dangereux.
Que fait alors le Seigneur ? Il choisit de
monter dans notre barque, et de là, il veut proclamer l’Évangile. Cette barque
vide, symbole de notre incapacité, devient la “chaire“ de Jésus, le pupitre
d’où il proclame la Parole. Le Seigneur est le Seigneur des surprises, des
miracles dans les surprises, et il aime monter dans la barque de notre vie
quand nous n’avons rien à lui offrir. Il aime entrer dans nos vides et les
remplir de sa présence, se servir de notre pauvreté pour annoncer sa richesse,
de nos misères pour proclamer sa miséricorde.
Souvenons-nous que Dieu ne veut pas d’un
bateau de croisière. Une pauvre barque “déglinguée“ lui suffit, pourvu que nous
l’accueillions. Ça oui : l’accueillir ! Peu importe sur quelle
barque, il faut juste l’accueillir. Mais nous, le laissons-nous monter dans la
barque de notre vie ? Mettons-nous à sa disposition le peu que nous avons ?
Parfois, nous nous sentons indignes de Lui parce que nous sommes pécheurs. Mais
c’est une excuse qui ne plaît pas au Seigneur car elle l’éloigne de nous ! Il
est le Dieu de la proximité, de la compassion, de la tendresse, et il ne cherche
pas le perfectionnisme, il cherche l’accueil. À toi aussi, il dit : Laisse-moi
monter dans la barque de ta vie ! - Mais Seigneur, regarde… - Laisse-moi
monter, telle qu’elle est !
C’est ainsi que le Seigneur redonne
confiance à Pierre. Après être monté dans sa barque, après avoir prêché, il lui
dit : « Avance en eau profonde ». L’heure n’était pourtant pas propice à la
pêche : il fait jour. Mais Pierre fait confiance à Jésus. Il ne s’appuie
pas sur les stratégies des pêcheurs - qu’il connaît bien -, mais il s’appuie
sur la nouveauté de Jésus, cet émerveillement qui le pousse à faire ce que
Jésus lui dit.
Nous aussi, si nous accueillons le
Seigneur dans notre barque, nous pouvons avancer en eau profonde. Avec Jésus,
nous naviguons sur la mer de la vie sans crainte, sans céder à la déception
lorsque nous n’attrapons rien, et sans céder au “il n’y a plus rien à faire“.
Toujours, dans la vie personnelle comme
dans la vie de l’Église et de la société, il y a quelque chose de beau et de
courageux que l’on peut faire, toujours. Acceptons donc l’invitation, chassons
le pessimisme et la méfiance, et prenons le large avec Jésus ! Même notre
petite barque vide participera à une prise miraculeuse.
Et que Marie nous encourage et intercède
pour nous.
Angélus
du dimanche 6 février 2022
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