Du Pape François

 

Sortons du tombeau de nos peurs, en témoins lumineux de la joie de l’Évangile

 

Les jours de l’Octave de Pâques sont comme un unique jour, où se prolonge la joie de la Résurrection. Ainsi l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui continue à nous parler du Ressuscité, de son apparition aux femmes qui sont allées au tombeau (cf. Mt 28, 8-15). Jésus va à leur rencontre, les salue, puis il leur dit deux choses - qu’il nous fera du bien à nous aussi d’accueillir comme un don pascal que le Seigneur nous fait.

D’abord il les rassure par deux mots simples : « Ne craignez point », n’ayez pas peur. Le Seigneur sait que les craintes sont nos ennemies quotidiennes. Il sait aussi que nos peurs viennent d’une grande peur : la peur de la mort - nous avons peur de disparaître, de perdre des êtres chers, d’être malade et de ne plus y arriver... Mais à Pâques Jésus a vaincu la mort, et personne d’autre ne peut donc nous dire de manière plus convaincante : « Ne crains pas », n’aie pas peur !

Le Seigneur le dit précisément là, à côté du tombeau dont il est sorti victorieux. Il nous invite ainsi à sortir des tombeaux de nos peurs - car nos peurs sont comme des tombeaux, elles nous enterrent à l’intérieur. Il sait que la crainte est toujours tapie à la porte de notre cœur et que nous avons besoin de nous entendre répéter : Ne crains rien, n’aie pas peur, ne crains rien. Au matin de Pâques, comme au matin de chaque journée, entendons : « N’aie pas peur », courage ! Mon frère, ma sœur qui crois dans le Christ, n’aie pas peur !  Moi te dit Jésus, j’ai fait l’expérience de la mort pour toi, j’ai pris ton mal sur moi, et maintenant, je suis ressuscité pour te dire : Je suis ici avec toi, pour toujours. Alors n’aie pas peur - n’ayez pas peur !

Mais comment faire pour combattre la peur ? La deuxième chose que Jésus dit aux femmes nous aide : « Allez annoncer à mes frères qu'ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront » - allez annoncer ! La peur nous enferme toujours en nous-mêmes. Jésus au contraire nous fait sortir et nous envoie vers les autres, et voilà le remède. Mais moi, j’en suis incapable, dirons-nous ! Eh bien réfléchissez : ces femmes n’étaient certainement pas les plus adaptées, ni les mieux préparées pour annoncer le Ressuscité. Mais peu importe au Seigneur, ce qui lui importe, c’est que l’on sorte et que l’on annonce - sortir et annoncer ! Parce que la joie pascale ne doit pas être gardée pour soi. La joie du Christ se renforce quand on la donne, elle se multiplie quand on la partage. Si nous nous ouvrons et que nous apportons l’Évangile, notre cœur se dilate et surmonte la peur. Il est là le secret : annoncer pour vaincre la peur.

Le texte d’aujourd’hui raconte que l’annonce peut rencontrer un obstacle :  le mensonge. L’Évangile raconte en effet une “contre-annonce“. Laquelle ? Celle des soldats qui ont monté la garde devant le tombeau de Jésus. On les paye pour qu’ils disent : « Ses disciples sont venus de nuit et l'ont dérobé tandis que nous dormions ». Mais si vous dormiez, c’est dans votre sommeil que vous avez vu qu’ils volaient le corps ? Voilà le mensonge, la logique de l’occultation, qui s’oppose à l’annonce de la vérité.

C’est un rappel pour nous aussi : les mensonges, dans les paroles et dans la vie, polluent l’annonce, corrompent de l’intérieur, ramènent au tombeau. Les mensonges nous ramènent en arrière et nous conduisent à la mort et au tombeau. Le Ressuscité, lui, veut nous faire sortir du tombeau des mensonges et des dépendances.

Chers frères et sœurs, nous sommes à juste titre scandalisés lorsque par les informations, nous découvrons des mensonges et des tromperies dans la vie des gens et dans la société. Mais nommons aussi le mensonge que nous avons en nous, et plaçons nos opacités, nos mensonges, devant la lumière de Jésus ressuscité : il veut porter à la lumière les choses cachées, pour faire de nous des témoins transparents et lumineux de la joie de l’Évangile, de la vérité qui nous rend libres.

Que Marie, la Mère du Ressuscité, nous aide à vaincre nos peurs et nous donne la passion de la vérité.

 

Angélus du 18 avril 2022