30 avril 2022

Du Pape François

 

Du “si“ au « oui ! » : nous devenons ce vers quoi nous allons…

 

L’Évangile de ce jour raconte l’épisode des deux disciples d’Emmaüs (Lc 24,13-35). C’est une histoire qui commence et qui finit en chemin. Il y a en effet le voyage d’aller des disciples qui, tristes à cause de l’épilogue de l’histoire de Jésus, quittent Jérusalem et retournent chez eux, à Emmaüs, en marchant environ onze kilomètres. C’est un voyage qui a lieu le jour et une bonne partie du trajet est en descente. Le voyage de retour, c’est onze kilomètres à nouveau, parcourus à la tombée de la nuit, avec une partie du chemin qui monte, après la fatigue du parcours de l’aller et de toute la journée. Deux voyages donc - l’un facile de jour et l’autre pénible de nuit -, pourtant le premier a lieu dans la tristesse, le second dans la joie. Au cours du premier, le Seigneur marche à leurs côtés, mais ils ne le reconnaissent pas. Pendant le second, ils ne le voient plus, mais ils le sentent proche. Lors du premier, ils sont découragés et sans espérance, au cours du deuxième ils courent apporter aux autres la bonne nouvelle de la rencontre avec Jésus Ressuscité.

Les deux chemins différents de ces premiers disciples nous disent, à nous disciples de Jésus aujourd’hui, que dans la vie nous avons deux directions opposées devant nous : il y a le chemin de celui qui, comme ces deux personnes à l’aller, se laisse paralyser par les déceptions de la vie et avance tristement. Et il y a le chemin de celui qui ne se met pas lui-même et ses problèmes à la première place, mais qui y met Jésus qui lui rend visite, et les frères qui attendent sa visite, c’est-à-dire nos frères qui attendent que nous prenions soin d’eux. Voilà le changement : arrêter de tourner autour de notre moi, autour des déceptions du passé, des idéaux non réalisés, de toutes les mauvaises choses arrivées dans notre vie - très souvent nous sommes amenés à graviter, à tourner en rond… Il faut laisser tout cela et avancer en regardant la réalité la plus grande et la plus vraie de notre vie : Jésus est vivant, Jésus m’aime. Voilà quelle est la réalité la plus grande - et je peux faire quelque chose pour les autres, c’est une belle réalité, positive, solaire, belle !

Voilà le changement de direction : passer des pensées sur moi-même à la réalité de mon Dieu, et passer du “si“ au “oui“. Le “si“, c’est : S’il nous avait libérés, si Dieu m’avait écouté, si la vie était allée comme je le voulais, si j’avais ceci et cela… - sur un ton de plainte. Ce “si” n’aide pas, il n’est pas fécond, il n’aide ni nous-mêmes ni les autres. Nos “si“ sont semblables à ceux des deux disciples. Mais ces derniers passent au oui : Oui, le Seigneur est vivant et il marche avec nous. Oui, remettons-nous maintenant en chemin pour l’annoncer, et non pas demain.

Oui, je peux faire ceci ou cela pour que les gens soient plus heureux, pour qu’ils soient mieux, pour aider tant de monde. Oui, je le peux. Passons du si au oui, de la plainte à la joie et à la paix, parce que lorsque nous nous plaignons, nous ne sommes pas dans la joie, nous sommes dans une grisaille, dans cette ambiance grise de la tristesse. Et ça ne nous aide pas et ne nous fait pas grandir dans le bien. Alors du si au oui, de la plainte à la joie du service.

Ce changement de rythme, ce passage du moi à Dieu, du si au oui, comment s’est-il produit chez les disciples ? En rencontrant Jésus. Les deux disciples d’Emmaüs lui ouvrent d’abord leur cœur, puis ils l’écoutent expliquer les Écritures. Ils l’invitent ensuite chez eux. Ce sont trois passages que nous pouvons aussi réaliser dans nos maisons : d’abord, ouvrir notre cœur à Jésus, lui confier les poids, les fatigues, les déceptions de la vie, lui confier les “si“ ; ensuite, deuxième étape, écouter Jésus, prendre l’Évangile entre nos mains, lire aujourd’hui même ce passage du chapitre 24 de l’Évangile de Luc ; troisièmement, prier Jésus, avec les mêmes paroles que ses disciples : « Seigneur, reste avec nous ». Seigneur, reste avec moi, reste avec nous tous car nous avons besoin de Toi pour trouver le chemin, et sans Toi il y a la nuit.

Chers frères et sœurs, dans la vie nous sommes toujours en chemin, et nous devenons ce vers quoi nous allons. Choisissons le chemin de Dieu, et non pas celui du moi, le chemin du oui, et non pas celui du si. Nous découvrirons qu’il n’existe pas d’imprévu, pas de montée, pas de nuit qui ne puissent être affrontés avec Jésus.

Que la Vierge Marie, Mère du Chemin, qui en accueillant la Parole a fait de toute sa vie un « oui » à Dieu, nous indique la voie.

 

Regina caeli 26 avril 2020

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