Pour mieux discerner, apprenons à parler à Jésus, comme un ami à son ami
Le secret de la vie des saints est la familiarité et
la confiance en Dieu, qui grandit en eux et leur permet toujours plus
facilement de reconnaître ce qui Lui est agréable. La prière véritable, ce
n'est pas réciter des prières comme un perroquet. Elle est familiarité avec
Dieu et confiance en lui, spontanéité affectueuse. Cette familiarité nous donne
de vaincre la crainte, ou le doute que Sa volonté ne soit pas pour notre bien -
une tentation qui traverse parfois nos pensées et rend notre cœur agité et
incertain, voire amer.
Le discernement ne prétend pas atteindre une certitude
absolue : il s’agit de notre vie, et la vie n'est pas toujours logique,
elle comporte des aspects multiples, qui ne peuvent être enfermés dans une perspective
unique. Nous aimerions savoir avec précision ce qu'il faut faire, et pourtant,
même lorsque ça nous arrive, nous n'agissons pas toujours en conséquence.
Combien de fois avons-nous fait, nous aussi, l'expérience décrite par l'apôtre
Paul qui dit : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets
le mal que je ne voudrais pas. » (Rm 7,19). Nous ne sommes pas
seulement faits de raison, et il ne suffit pas de recevoir de bonnes
instructions pour les exécuter.
Il est significatif que le premier miracle accompli
par Jésus dans l'Évangile de Marc soit un exorcisme (cf. Mc 1, 21-28). Dans la
synagogue de Capharnaüm, il délivre un homme du diable, le libérant de la
fausse image de Dieu que Satan suggère depuis les origines : celle d'un Dieu
qui ne veut pas notre bonheur. Dans ce passage de l'Évangile, l'homme possédé
sait que Jésus est Dieu, mais cela ne l'amène pas à croire en Lui et on
l’entend dire : « Es-tu venu pour nous perdre ? »
Beaucoup de gens, même des chrétiens, pensent un peu
cela : Jésus est peut-être le Fils de Dieu, mais ils doutent qu'il veuille
notre bonheur. Certains craignent même que prendre au sérieux ce que Jésus nous
propose, signifie ruiner sa vie, mortifier nos désirs et nos aspirations les
plus fortes. Cette pensée nous traverse parfois l'esprit, que Dieu nous en
demande trop. Nous avons peur que Dieu nous demande trop, ou veuille nous
enlever ce qui nous est le plus cher - qu’en somme, il ne nous aime pas
vraiment.
Pourtant, lors de notre première rencontre avec le
Seigneur, nous avons vu que le signe de la rencontre avec lui est la joie.
Et quand je rencontre le Seigneur dans la prière, je deviens joyeux - chacun de
nous devient joyeux, beau !
La tristesse, ou la peur, en
revanche, sont des signes d'éloignement de Lui Dieu : "Si tu veux entrer
dans la vie, observe les commandements", dit Jésus au jeune homme riche (Mt 19,17).
Mais ce jeune homme, qui a pris l'initiative de rencontrer Jésus, est partagé
dans ses affections. Jésus ne le force pas à se décider - Jésus ne nous oblige
jamais à le suivre. Mais le texte note que le jeune homme se détourne de Jésus « tout
triste » (v. 22). De fait, même en ayant à sa disposition une abondance de
biens et de possibilités, qui s’éloigne du Seigneur n’est jamais satisfait.
Discerner ce qui se passe en nous n'est pas facile,
car les apparences sont trompeuses. Mais la familiarité avec Dieu peut
doucement dissiper les doutes et les craintes, rendant notre vie toujours
plus réceptive à sa "douce lumière", selon la belle expression de Saint
John Henry Newman. Les saints brillent de la lumière qui les illumine, et
montrent dans les gestes simples de leur journée la présence aimante de Dieu,
qui rend possible l'impossible.
On dit que deux conjoints, qui ont vécu ensemble
longtemps en s'aimant, finissent par se ressembler. On peut dire quelque chose
de semblable de la prière : de manière graduelle mais efficace, elle nous rend
toujours plus capables de reconnaître ce qui compte, par connaturalité, comme
quelque chose qui jaillit du fond de notre être. Être en prière ne signifie pas
dire des paroles. Être en prière signifie ouvrir son cœur à Jésus, s'approcher
de Jésus, laisser Jésus entrer dans notre cœur et nous faire sentir sa présence -
sa présence dissipera alors nos pensées multiples, très souvent loin de ce que
Jésus veut.
Demandons cette grâce : vivre une relation d'amitié
avec le Seigneur, comme un ami parle à un ami. Parler à Jésus comme un ami
parle à son ami, c'est une grâce que nous devons demander les uns pour les
autres. Nous verrons de plus en plus Jésus comme notre ami, notre ami le plus
grand et notre ami fidèle, qui ne fait pas de chantage, et surtout qui ne nous
abandonne jamais.
Même lorsque nous nous éloignons de Lui, Lui reste à
la porte de notre cœur. Je ne veux plus rien savoir avec toi, disons-nous, et Lui
reste là, silencieux, à portée de main, à portée de cœur, car Il est toujours
fidèle.
Catéchèse
du mercredi 28 septembre 2022
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.