1 octobre 2022

Du Pape François

 Pour mieux discerner, apprenons à parler à Jésus, comme un ami à son ami

 

 

 Nous reprenons aujourd’hui les catéchèses sur le thème du discernement, et nous allons nous focalisons sur le premier de ses éléments constitutifs, qui est la prière. La prière est une aide indispensable au discernement spirituel, lorsque la prière nous fait nous adresser à Dieu avec simplicité et familiarité, comme on parle à un ami. Entrer dans l'intimité avec le Seigneur, avec une spontanéité affectueuse, nous permet d’aller au-delà des pensées.

Le secret de la vie des saints est la familiarité et la confiance en Dieu, qui grandit en eux et leur permet toujours plus facilement de reconnaître ce qui Lui est agréable. La prière véritable, ce n'est pas réciter des prières comme un perroquet. Elle est familiarité avec Dieu et confiance en lui, spontanéité affectueuse. Cette familiarité nous donne de vaincre la crainte, ou le doute que Sa volonté ne soit pas pour notre bien - une tentation qui traverse parfois nos pensées et rend notre cœur agité et incertain, voire amer.

Le discernement ne prétend pas atteindre une certitude absolue : il s’agit de notre vie, et la vie n'est pas toujours logique, elle comporte des aspects multiples, qui ne peuvent être enfermés dans une perspective unique. Nous aimerions savoir avec précision ce qu'il faut faire, et pourtant, même lorsque ça nous arrive, nous n'agissons pas toujours en conséquence. Combien de fois avons-nous fait, nous aussi, l'expérience décrite par l'apôtre Paul qui dit : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. » (Rm 7,19). Nous ne sommes pas seulement faits de raison, et il ne suffit pas de recevoir de bonnes instructions pour les exécuter.

Il est significatif que le premier miracle accompli par Jésus dans l'Évangile de Marc soit un exorcisme (cf. Mc 1, 21-28). Dans la synagogue de Capharnaüm, il délivre un homme du diable, le libérant de la fausse image de Dieu que Satan suggère depuis les origines : celle d'un Dieu qui ne veut pas notre bonheur. Dans ce passage de l'Évangile, l'homme possédé sait que Jésus est Dieu, mais cela ne l'amène pas à croire en Lui et on l’entend dire : « Es-tu venu pour nous perdre ? »

Beaucoup de gens, même des chrétiens, pensent un peu cela : Jésus est peut-être le Fils de Dieu, mais ils doutent qu'il veuille notre bonheur. Certains craignent même que prendre au sérieux ce que Jésus nous propose, signifie ruiner sa vie, mortifier nos désirs et nos aspirations les plus fortes. Cette pensée nous traverse parfois l'esprit, que Dieu nous en demande trop. Nous avons peur que Dieu nous demande trop, ou veuille nous enlever ce qui nous est le plus cher - qu’en somme, il ne nous aime pas vraiment.

Pourtant, lors de notre première rencontre avec le Seigneur, nous avons vu que le signe de la rencontre avec lui est la joie. Et quand je rencontre le Seigneur dans la prière, je deviens joyeux - chacun de nous devient joyeux, beau !

La tristesse, ou la peur, en revanche, sont des signes d'éloignement de Lui Dieu : "Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements", dit Jésus au jeune homme riche (Mt 19,17). Mais ce jeune homme, qui a pris l'initiative de rencontrer Jésus, est partagé dans ses affections. Jésus ne le force pas à se décider - Jésus ne nous oblige jamais à le suivre. Mais le texte note que le jeune homme se détourne de Jésus « tout triste » (v. 22). De fait, même en ayant à sa disposition une abondance de biens et de possibilités, qui s’éloigne du Seigneur n’est jamais satisfait.

Discerner ce qui se passe en nous n'est pas facile, car les apparences sont trompeuses. Mais la familiarité avec Dieu peut doucement dissiper les doutes et les craintes, rendant notre vie toujours plus réceptive à sa "douce lumière", selon la belle expression de Saint John Henry Newman. Les saints brillent de la lumière qui les illumine, et montrent dans les gestes simples de leur journée la présence aimante de Dieu, qui rend possible l'impossible.

On dit que deux conjoints, qui ont vécu ensemble longtemps en s'aimant, finissent par se ressembler. On peut dire quelque chose de semblable de la prière : de manière graduelle mais efficace, elle nous rend toujours plus capables de reconnaître ce qui compte, par connaturalité, comme quelque chose qui jaillit du fond de notre être. Être en prière ne signifie pas dire des paroles. Être en prière signifie ouvrir son cœur à Jésus, s'approcher de Jésus, laisser Jésus entrer dans notre cœur et nous faire sentir sa présence - sa présence dissipera alors nos pensées multiples, très souvent loin de ce que Jésus veut.

Demandons cette grâce : vivre une relation d'amitié avec le Seigneur, comme un ami parle à un ami. Parler à Jésus comme un ami parle à son ami, c'est une grâce que nous devons demander les uns pour les autres. Nous verrons de plus en plus Jésus comme notre ami, notre ami le plus grand et notre ami fidèle, qui ne fait pas de chantage, et surtout qui ne nous abandonne jamais. 

Même lorsque nous nous éloignons de Lui, Lui reste à la porte de notre cœur. Je ne veux plus rien savoir avec toi, disons-nous, et Lui reste là, silencieux, à portée de main, à portée de cœur, car Il est toujours fidèle.

 

Catéchèse du mercredi 28 septembre 2022

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