Soyez victorieux du mal par le bien
Nous
arrivons au doigt central, qui s'élève au-dessus des autres comme pour nous
rappeler une chose indispensable. C'est l'ingrédient fondamental pour un avenir
à la hauteur de vos attentes, et c'est l'honnêteté ! Être
chrétien, c'est témoigner du Christ. La première façon de le faire est de vivre
honnêtement, comme Il le veut. Cela signifie ne pas se laisser prendre aux
pièges de la corruption. Le chrétien ne peut qu'être honnête, sinon il trahit
son identité. Sans honnêteté, nous ne sommes pas disciples, ni témoins de Jésus.
Nous sommes des païens, des idolâtres qui adorent leur propre moi au lieu de
Dieu, qui se servent des autres au lieu de servir les autres.
Mais
- je me demande - comment vaincre le cancer de la corruption qui semble
s'étendre et ne jamais s'arrêter ? Saint Paul nous aide avec une phrase simple
et géniale que vous pouvez répéter jusqu'à ce que vous la reteniez par cœur, la
voici : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par
le bien » (Rm 12, 21). Ne te laisse pas vaincre par le mal :
ne vous laissez pas manipuler par des individus ou des groupes qui cherchent à
vous utiliser pour maintenir votre pays dans la spirale de la violence et de
l'instabilité, afin de continuer à le contrôler sans égard pour personne.
Mais sois vainqueur du mal par le bien : soyez les
transformateurs de la société, les convertisseurs du mal en bien, de la haine
en amour, de la guerre en paix.
Voulez-vous
être cela ? Si vous le voulez, c'est possible. Pourquoi ? Parce que chacun
d'entre vous possède un trésor que personne ne peut lui voler : celui de
vos choix. Oui, tu es les choix que tu fais et tu peux
toujours choisir la bonne chose à faire. Nous sommes libres de choisir : ne
laissez pas votre vie se faire emporter par le courant pollué, ne vous laissez
pas emporter comme un tronc sec dans une rivière sale. Indignez-vous, sans
jamais céder aux flatteries, séductrices mais empoisonnées, de la corruption.
Je
me souviens du témoignage d'un jeune homme comme vous, Floribert Bwana Chui. Il
a été tué il y a quinze ans à Goma, alors qu'il n'avait que vingt-six ans, pour
avoir bloqué le passage de denrées alimentaires avariées qui auraient porté
atteinte à la santé des gens. Il aurait pu laisser faire, personne ne l'aurait
découvert, et il aurait en plus gagné. Mais en tant que chrétien, il a prié,
pensé aux autres et choisi d'être honnête en disant non à la saleté de la
corruption. Ça, c'est garder les mains propres alors que les mains qui
trafiquent de l'argent sont ensanglantées. Si quelqu'un te tend une enveloppe,
te promet des faveurs et des richesses, ne tombe pas dans le piège, ne te
laisse pas tromper, ne te laisse pas engloutir dans le marais du mal. Ne
te laisse pas vaincre par le mal, ne crois pas aux sombres complots de
l'argent qui plongent dans la nuit. Être honnête, c'est briller de jour, c'est
répandre la lumière de Dieu, c'est vivre la béatitude de la justice : sois
vainqueur du mal par le bien !
Nous
sommes au quatrième doigt, l'annulaire : c'est là que sont enfilées les
alliances. Mais si l'on y réfléchit, l'annulaire est aussi le doigt le plus
faible, celui qui a le plus de mal à se lever. Il nous rappelle que les grands
objectifs de la vie, l'amour avant tout, passent par des fragilités, des
efforts et des difficultés. Il faut les habiter, les affronter avec patience et
confiance, sans s'encombrer de problèmes inutiles. Dans nos fragilités, dans
les crises, quelle est la force qui nous fait avancer ? Le pardon.
Parce
que pardonner c’est savoir recommencer. Pardonner ne signifie pas oublier le
passé, mais ne pas se résigner au fait qu’il se répètera. C’est changer le
cours de l'histoire. C’est relever celui qui est tombé. C'est accepter l'idée
que personne n'est parfait et que non seulement moi, mais tout le monde, a le
droit de repartir.
Chers
amis, pour créer un avenir nouveau, nous devons donner et recevoir le pardon.
C'est ce que fait le chrétien : il n’aime pas seulement ceux qui l'aiment, mais
il sait arrêter la spirale des vengeances personnelles par le pardon. Je pense
au bienheureux Isidore Bakanja, un de vos frères qui a été longuement torturé
parce qu'il n'avait pas renoncé à témoigner de sa piété, et qu’il avait proposé
le christianisme à d'autres jeunes. Il n'a jamais cédé aux sentiments de haine,
et en donnant sa vie, il a pardonné à son bourreau.
Celui
qui pardonne apporte Jésus, là même où il n'est pas accepté. Il apporte l'amour,
là où l'amour est rejeté. Celui qui pardonne construit l'avenir. Mais comment
devenir capable de pardon ? En nous laissant pardonner par Dieu. Chaque fois
que nous nous confessons, nous recevons d'abord en nous-mêmes cette force qui
change l'histoire. Par Dieu, nous sommes toujours pardonnés, toujours et
gratuitement ! Et à nous aussi il est dit, comme dans l'Évangile : « Va et fais
de même » (Lc 10, 37). Avance sans rancune, sans venin, sans haine.
Progresse en faisant tien le style de Dieu, le seul qui renouvelle l'histoire.
Avance et crois qu'avec Dieu, il est toujours possible de recommencer, il est
toujours possible de repartir, il est toujours possible de pardonner !
Prière,
communauté, honnêteté, pardon. Nous sommes au dernier doigt, le plus petit. Tu
pourrais dire : je suis peu de chose, et le bien que je peux faire n’est qu’une
goutte dans la mer, mais c'est précisément la petitesse, le fait de se faire
petit, qui attire Dieu. Il y a un mot clé qui va dans ce sens : le
service.
Celui
qui sert se fait petit, comme une graine minuscule qui semble disparaître dans
la terre, mais qui, au contraire, porte du fruit. Selon Jésus, le service est
le pouvoir qui transforme le monde. Ainsi, la petite question que tu peux
t’attacher au doigt chaque jour est : Que puis-je faire aujourd’hui pour
les autres ? C’est-à-dire, comment puis-je servir l'Église, ma
communauté, mon pays ? Olivier, tu nous as dit que dans certaines régions isolées,
ce sont vous, les catéchistes, qui servez au quotidien les communautés de foi,
et que cela doit être, dans l'Église, "l'affaire de tous".
C'est
vrai, et il est beau de servir les autres, de prendre soin d'eux, de faire
quelque chose de gratuit, comme Dieu le fait avec nous. Je voudrais vous
remercier, chers catéchistes : vous êtes vitaux comme l'eau pour beaucoup de
communautés. Faites-les toujours grandir par la clarté de votre prière et de
votre service. Servir, ce n'est pas rester les bras croisés, c'est se
mobiliser. Vous, n'ayez pas peur de faire entendre votre voix : non
seulement l'avenir, mais aussi le présent sont entre vos mains, alors soyez au
centre du présent !
Mes
amis, je vous ai laissé cinq conseils pour établir des priorités parmi toutes
les rumeurs attrayantes qui circulent. Dans la vie, comme dans la circulation
routière, c'est souvent le désordre qui crée des embouteillages, et des
blocages inutiles qui font perdre du temps et de l'énergie, et qui
entretiennent la colère. Il est bon pour nous au contraire, même dans
l’agitation, de donner des points de référence au cœur et à la vie, des
directions stables pour initier un avenir différent, sans suivre les vents de
l'opportunisme.
Chers
amis, jeunes et catéchistes, je vous remercie pour ce que vous faites et pour
ce que vous êtes : pour votre enthousiasme, votre lumière et votre espérance.
Je voudrais vous dire une dernière chose : Ne vous découragez jamais ! Jésus
croit en vous et ne vous laisse jamais seuls. Gardez la joie que vous avez
aujourd'hui et ne la laissez pas s'éteindre.
Rencontre
avec les jeunes et les catéchistes, Stade des Martyrs, Kinshasa 2 février 2023
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.