25 février 2023

Du Pape François

Il nous désire et nous attend…

 

 

« Voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant, le jour du salut ! » (2 Co 6, 2). Cette phrase de l'apôtre Paul nous aide à entrer dans l'esprit du temps du Carême. Le Carême est en effet, le temps favorable pour revenir à l'essentiel, pour nous dépouiller de ce qui nous encombre, pour nous réconcilier avec Dieu, pour rallumer le feu de l'Esprit Saint qui demeure caché dans les cendres de notre fragile humanité. Revenir à l'essentiel… C'est le temps de grâce pour mettre en pratique ce que le Seigneur nous a demandé dans le premier verset de la Parole que nous venons d’écouter : « Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2, 12) - revenir à l'essentiel, qui est le Seigneur

Le rite des cendres nous introduit sur ce chemin de retour et nous adresse deux invitations : revenir à la vérité sur nous-mêmes, et revenir à Dieu et à nos frères.

Tout d'abord : revenir à la vérité sur nous-mêmes. Les cendres nous rappellent qui nous sommes, et d'où nous venons, elles nous ramènent à la vérité fondamentale de notre vie : seul le Seigneur est Dieu, et nous sommes l'œuvre de ses mains. C’est notre vérité : nous avons la vie, alors que Lui, il est la vie. C’est Lui le Créateur, tandis que nous sommes l'argile fragile est modelée par ses mains. Nous venons de la terre, et nous avons besoin du Ciel, de Lui. Avec Dieu, nous renaîtrons de nos cendres, mais sans Lui nous sommes poussière, et alors que nous inclinons humblement la tête pour recevoir les cendres, ayons au cœur cette vérité : Nous sommes du Seigneur, nous Lui appartenons.

En effet, « il modela l’homme avec la poussière tirée du sol et il insuffla dans ses narines le souffle de vie », nous dit la Genèse (Gn 2, 7). Nous existons parce qu'Il a insufflé en nous le souffle de vie, et en tant que Père tendre et miséricordieux, tout au long de ce Carême, Il nous désire, nous attend, et il attend notre retour. Et Il nous encourage toujours à ne pas désespérer, même lorsque nous tombons dans la poussière de notre fragilité et de notre péché, car « il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussière » (Ps 103, 14).

Le Carême est donc le temps de nous rappeler qui est le Créateur, et qui est la créature, de proclamer que Dieu seul est Seigneur, de nous dépouiller de la prétention de nous suffire à nous-mêmes et de la soif de nous mettre au centre - à être les “premiers de la classe“ et à penser qu'avec nos seules capacités nous pouvons être les protagonistes de la vie, et transformer à notre manière le monde qui nous entoure.

C'est le temps favorable pour nous convertir, pour changer de regard avant tout sur nous-mêmes, et regarder à l'intérieur de nous-mêmes. Combien de fois nous nous laissons distraire par nos envies - ou par ce qui nous manque -, nous éloignant du centre de notre cœur, oubliant d'embrasser le sens de notre être dans le monde. Le Carême est un temps de vérité pour faire tomber les masques que nous mettons chaque jour pour paraître aux yeux du monde.  

Il y a alors une deuxième étape : les cendres nous invitent à revenir à Dieu et à nos frères. En effet, si nous revenons à la vérité de ce que nous sommes et que nous nous rendons compte que notre moi ne se suffit pas à lui-même, nous découvrons alors que nous n'existons qu'à travers les relations : la relation originelle avec le Seigneur, et les relations vitales avec les autres. Notre vie est avant tout une relation : nous l'avons reçue de Dieu et de nos parents, et nous pouvons toujours la renouveler et la régénérer grâce au Seigneur et à ceux qu'il place à nos côtés.

Le Carême est le temps favorable pour revitaliser nos relations avec Dieu et avec les autres, pour nous ouvrir dans le silence à la prière, et pour briser les chaînes de l'individualisme et de l’isolement et redécouvrir, à travers la rencontre et l'écoute, ceux qui marchent chaque jour à nos côtés, et réapprendre à les aimer, comme des frères et des sœurs.

Pour accomplir ce parcours, nous sommes invités à parcourir trois grandes voies : l'aumône, la prière et le jeûne. Il ne s'agit pas de rites extérieurs, mais de gestes qui doivent exprimer un renouvellement du cœur. L'aumône n'est pas un geste rapide pour se donner bonne conscience et pour équilibrer un peu le déséquilibre intérieur, mais c’est le fait de toucher de ses mains et de ses larmes la souffrance des pauvres. La prière n'est pas un rituel, mais un dialogue de vérité et d'amour avec le Père, et le jeûne n'est pas un simple renoncement, mais un geste fort pour rappeler à notre cœur ce qui compte et qui ne passe pas.

Si nous nous mettons humblement sous le regard de Dieu, alors l'aumône, la prière et le jeûne ne restent pas des gestes extérieurs, mais expriment ce que nous sommes vraiment : des enfants de Dieu, et des frères entre nous. L'aumône manifestera notre compassion envers ceux qui sont dans le besoin et nous aidera à revenir vers les autres. La prière donnera voix à notre désir intime de rencontrer le Père, en nous faisant revenir vers Lui. Le jeûne sera un geste spirituel pour renoncer joyeusement à ce qui est superflu et qui nous encombre, pour devenir intérieurement plus libres et revenir à la vérité sur nous-mêmes. Liberté intérieure, rencontre avec le Père, compassion…

Chers frères et sœurs, ne perdons pas la grâce de ce temps saint : fixons le Crucifix et marchons ! Répondons avec générosité aux appels forts du Carême, et au bout du chemin, nous rencontrerons avec une plus grande joie le Seigneur de la vie : nous le rencontrerons - le Seul qui nous fera renaître de nos cendres.

 

Messe du mercredi des Cendres 22 février 2023

 

 

  

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