2 septembre 2023

Du Pape François

 Allons voir la Mère, notre Mère !

 

 Sur notre chemin à la redécouverte de notre passion de chrétiens pour l’annonce de l’Évangile, et voir comment le zèle apostolique, cette passion pour annoncer l’Évangile s’est développée dans l’histoire de l’Église, sur ce chemin, nous nous tournons aujourd’hui vers les Amériques.

Là, l’évangélisation a une source toujours vivante : Guadalupe ! C’est une source vivante, et les Mexicains en sont fiers !  Bien sûr, l’Évangile y était déjà parvenu avant ces apparitions, mais il avait malheureusement été aussi accompagné d’intérêts très mondains. Au lieu du chemin de l’inculturation, on a trop souvent emprunté le raccourci de la transplantation en imposant des modèles pré-constitués - européens, par exemple - sans respect pour les peuples autochtones. La Vierge de Guadalupe, en revanche, apparaît vêtue des habits des autochtones, parle leur langue, accueille et aime la culture locale : Marie est Mère, et sous son manteau chaque enfant trouve sa place.

En Elle, Dieu s’est fait chair, et à travers Marie, il continue à s’incarner dans la vie des peuples. La Vierge en effet annonce Dieu dans la langue la plus appropriée, c’est-à-dire la langue maternelle. Oui, l’Évangile est transmis dans la langue maternelle, et à nous aussi, la Vierge parle dans notre langue maternelle, celle que nous connaissons bien. L’Évangile se transmet dans la langue maternelle, et je voudrais dire merci aux nombreuses mères et aux nombreuses grands-mères qui le transmettent à leurs enfants et petits-enfants : la foi passe avec la vie, c’est pourquoi les mères et les grands-mères sont les premières annonciatrices. Et l’Évangile se communique, comme le montre Marie, dans la simplicité : la Vierge choisit toujours des personnes simples, sur la colline de Tepeyac au Mexique, comme à Lourdes et à Fatima, et en leur parlant, elle parle à chacun, dans un langage adapté à tous, dans un langage compréhensible, comme celui de Jésus.

Arrêtons-nous donc sur le témoignage de saint Juan Diego. Il est le messager, le garçon, l’autochtone qui a reçu la révélation de Marie, le messager de la Vierge de Guadalupe. C’était une personne humble, un Indien du peuple : sur lui s’est posé le regard de Dieu, qui aime accomplir des miracles à travers les petits.

Juan Diego est venu à la foi déjà adulte et marié. En décembre 1531, il a environ 55 ans. En chemin, il aperçoit sur une colline la Mère de Dieu qui l’appelle tendrement, et comment la Vierge l’appelle-t-elle ? « Mon petit fils bien-aimé, Juanito ». Elle l’envoie ensuite auprès de l’évêque pour lui demander de construire un temple à l’endroit où elle est apparue. Juan Diego, simple et disponible, y va avec la générosité de son cœur pur, mais il doit attendre longtemps. Il parle enfin à l’évêque, mais on ne le croit pas. Parfois, nous évêques... Il rencontre à nouveau la Vierge, qui le console et lui demande d’essayer à nouveau. L’indien retourne auprès de l’évêque, et non sans grande difficulté, le rencontre, mais ce dernier, après l’avoir écouté, le renvoie et envoie des hommes le suivre.

C’est l’épreuve de l’annonce : malgré le zèle, arrivent des imprévus, parfois de l’Église elle-même. Pour annoncer, en effet, il ne suffit pas de témoigner du bien, il faut pouvoir supporter le mal. N’oublions pas cela, c’est très important pour annoncer l’Évangile : il ne suffit pas de témoigner le bien, mais il faut aussi savoir supporter le mal. Un chrétien fait le bien, mais il supporte le mal. Les deux choses vont ensemble, la vie est ainsi.  Aujourd’hui aussi, dans de nombreux endroits, l’inculturation de l’Évangile et l’évangélisation des cultures exigent persévérance et patience, il ne faut pas craindre les conflits, ni perdre confiance.

Juan Diego, découragé parce que l’évêque le renvoie, demande à la Vierge de le dispenser et de nommer quelqu’un de plus estimé et plus capable que lui, mais il est invité à persévérer. Il y a toujours le risque d’une certaine capitulation dans l’annonce : une chose ne va pas, et on fait marche arrière en se décourageant. La Vierge, au contraire, tout en nous consolant, nous fait avancer, et ainsi nous fait grandir, comme une bonne mère qui, tout en suivant les pas de son fils, le lance dans les défis du monde.    

Juan Diego, encouragé, retourne auprès de l’évêque qui lui demande un signe. La Vierge le lui promet et le réconforte par ces mots : « Que ton visage et ton cœur ne se troublent pas. Ne suis-je pas ici, ta mère ? ». C’est beau cela. Très souvent, comme nous sommes en proie au découragement, à la tristesse, aux difficultés, la Vierge nous le dit à nous aussi, dans le cœur : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère ? ». Toujours proche pour nous réconforter, et nous donner la force d’aller de l’avant.  Elle lui demande ensuite d’aller cueillir des fleurs au sommet de la colline aride. C’est l’hiver, mais Juan Diego en trouve de très belles, les met dans son manteau et les offre à la Mère de Dieu, qui l’invite à les apporter à l’évêque comme preuve. Il s’y rend, attend patiemment son tour et finalement, en présence de l’évêque, ouvre sa tilma - qui est ce qu’utilisaient les autochtones pour se couvrir - il ouvre sa tilma en montrant les fleurs, et voici :  sur le tissu du manteau apparaît l’image de la Madone, la Vierge extraordinaire et vivante que nous connaissons tous, dans les yeux de laquelle les protagonistes de l’époque se reflètent encore.

Voici la surprise de Dieu : quand il y a disponibilité et quand il y a obéissance, Il peut accomplir quelque chose d’inattendu, en des temps et des manières que nous ne pouvons pas prévoir. C’est ainsi que le sanctuaire demandé par la Vierge a été construit et qu’aujourd’hui, on peut le visiter.

Juan Diego quitte tout, et avec la permission de l’évêque, consacre sa vie au sanctuaire. Il accueille les pèlerins et les évangélise. C’est ce qui a lieu dans les sanctuaires mariaux, destinations de pèlerinage et lieux d’annonce, où chacun se sent chez soi parce que c’est la maison de la Mère, et où il éprouve la nostalgie de sa Maison - c’est-à-dire la nostalgie du lieu où se trouve la Mère : le Ciel. Là, la foi est accueillie de manière simple, de façon authentique, de façon populaire, et la Vierge, comme elle l’a dit à Juan Diego, écoute nos pleurs et guérit nos peines.

Apprenons cela : quand il y a des difficultés dans la vie, allons voir la Mère. Et quand la vie est heureuse, allons voir la Mère pour partager cela également. Nous avons besoin de nous rendre dans ces oasis de consolation et de miséricorde, où la foi s’exprime dans la langue maternelle, où nous déposons les difficultés de la vie dans les bras de la Vierge, et où nous retournons à la vie avec la paix dans le cœur, la paix des enfants.

 

Audience générale du mercredi 23 août 2023

 

 

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