9 septembre 2023

Du Pape François

 C’est l’amour qui nous désaltère

 

Avec les paroles du psaume, nous avons prié : « Ô Dieu, mon âme a soif de toi. Après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » (Ps 63, 2). Cette merveilleuse invocation accompagne le voyage de notre vie, au milieu des déserts que nous sommes appelés à traverser, et c’est précisément dans cette terre aride que nous parvient une bonne nouvelle : nous ne sommes pas seuls sur notre chemin. Nos aridités n’ont pas le pouvoir de rendre notre vie stérile à jamais, notre cri de soif n’est pas ignoré : Dieu le Père a envoyé son Fils pour nous donner l’eau vive de l’Esprit Saint, afin de désaltérer notre âme (cf. Jn 4, 10), et Jésus - nous venons de l’entendre dans l’Évangile - nous montre le chemin pour être désaltérés. C’est le chemin de l’amour, qu’il a parcouru jusqu’au bout, jusqu’à la Croix, et sur lequel il nous appelle à le suivre en perdant notre vie, pour la retrouver à nouveau (cf. Mt 16, 24-25).

Arrêtons-nous ensemble sur ces deux aspects : la soif qui nous habite, et l’amour qui nous désaltère.

Nous sommes appelés à reconnaître la soif qui nous habite : le psalmiste crie à Dieu sa soif ardente parce que sa vie ressemble à un désert. Ses mots ont une résonance particulière dans une terre comme la Mongolie : un territoire immense, riche d’histoire, une terre pleine de culture, mais marquée aussi par l’aridité de la steppe et du désert.

Le désert évoqué par le psalmiste se réfère à notre vie : nous sommes cette terre aride qui a soif d’une eau limpide, d’une eau qui désaltère en profondeur. Notre cœur aspire à découvrir le secret de la vraie joie, celle qui, même au milieu des aridités de l’existence, peut nous accompagner et nous soutenir. Nous portons en nous une soif inextinguible de bonheur, et surtout nous sommes assoiffés d’amour, car c’est seulement l’amour qui nous satisfait vraiment, qui nous ouvre à la confiance, en nous faisant goûter la beauté de la vie.

Chers frères et sœurs, la foi chrétienne répond à cette soif. Elle la prend au sérieux, elle ne la supprime pas, et elle ne cherche pas à l’étancher avec des palliatifs ou des substituts, non ! Car notre grand mystère se trouve dans cette soif : elle nous ouvre au Dieu vivant, au Dieu Amour qui vient à notre rencontre pour faire de nous ses enfants, et des frères et sœurs entre nous.

C’est là le deuxième aspect : l’amour qui nous désaltère. C’est tout le contenu de la foi chrétienne : dans son Fils Jésus, Dieu qui est amour s’est fait proche de toi, de moi, de nous tous. Il nous offre l’eau limpide et rafraîchissante, l’eau vive de l’Esprit, qui jaillissant en nous, nous renouvelle. Cette eau nous est donnée par Jésus, et si nous nous reconnaissons dans l’assoiffé, nous nous reconnaîtrons aussi dans le désaltéré, dit saint Augustin. Le Seigneur a pris pitié de notre infortune, nous dit-il : des prédicateurs de sa parole ont été envoyés par lui vers nous, il a rempli ses apôtres de l’Esprit Saint, qui est devenu en eux source d’eau vive, jaillissant en vie éternelle - et telle est bien votre histoire.

 À travers eux, la Parole nous ramène toujours à l’essentiel de la foi : nous laisser aimer par Dieu, pour faire de notre vie une offrande d’amour, car seul l’amour nous désaltère vraiment.

C’est ce que Jésus dit d’un ton fort à l’apôtre Pierre dans l’Évangile d’aujourd’hui. Celui-ci n’accepte pas que Jésus doive souffrir, être accusé par les chefs du peuple, passer par la passion et mourir sur la croix. Pierre réagit, Pierre proteste, il voudrait convaincre Jésus qu’il a tort… Mais le Seigneur réprimande Pierre, parce que sa façon de penser n’est pas selon Dieu (cf. Mt 16, 21-23).

Si nous pensons que le succès, le pouvoir, les choses matérielles, suffisent à étancher la soif ardente de notre vie, c’est une mentalité mondaine qui ne conduit à rien de bon, et bien plus, nous laisse plus arides qu’auparavant. Jésus, au contraire, nous montre le chemin : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera » (Mt 16, 24-25).

Au cœur du christianisme, se trouve cette nouvelle bouleversante, cette nouvelle extraordinaire : lorsque tu perds ta vie, lorsque tu l’offres généreusement dans le service, lorsque tu la risques en l’engageant dans l’amour, lorsque tu en fais un don gratuit pour les autres, alors elle te revient en abondance, elle répand en toi une joie qui ne passe pas, une paix du cœur, une force intérieure qui te soutient - et nous avons besoin de paix intérieure.

C’est la vérité que Jésus nous invite à découvrir, que Jésus veut révéler à tous, à cette terre de Mongolie : il n’est pas nécessaire d’être grand, riche ou puissant pour être heureux, non ! Seul l’amour désaltère notre cœur, seul l’amour guérit nos blessures, seul l’amour nous donne la vraie joie, et c’est la voie que Jésus a enseignée et ouverte pour nous.

Écoutons donc nous aussi, la parole que le Seigneur dit à Pierre : « Passe derrière moi » (Mt 16, 23), c’est-à-dire : deviens mon disciple, fais le même chemin que moi, et ne pense plus selon le monde. Avec la grâce du Christ et de l’Esprit Saint, nous pourrons alors marcher sur le chemin de l’amour, même quand aimer signifie renoncer à nous-mêmes, lutter contre nos égoïsmes, personnels et mondains, prendre le risque de vivre la fraternité, car lorsque nous perdons notre vie pour l’Évangile, le Seigneur nous la donne en abondance, pleine d’amour et de joie, pour l’éternité.

 

Messe du dimanche 3 septembre 2023 en Mongolie

 

 

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