7 octobre 2023

Du Pape François

 Trouver la présence du Seigneur dans le regard de sa sainte Mère

 

Chers frères et sœurs, je suis heureux de commencer ma visite en partageant avec vous ce moment de prière. Arrivant à Marseille, je me rallie aux plus grands : sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Charles de Foucauld, Jean Paul II, et tant d’autres, qui sont venus ici en pèlerinage pour se confier à Notre Dame de la Garde.

Dans la lecture biblique, le prophète Sophonie nous a exhortés à la joie et à la confiance, en nous rappelant que le Seigneur notre Dieu n’est pas loin : il est là, près de nous, pour nous sauver (cf. 3, 17). C’est un message qui nous renvoie, d’une certaine manière, à l’histoire de cette Basilique et à ce qu’elle représente. En effet, elle n’a pas été fondée en souvenir d’un miracle ou d’une apparition particulière, mais simplement parce que depuis le XIIIe siècle, le saint peuple de Dieu cherche et trouve ici, sur la colline de La Garde, la présence du Seigneur dans le regard de sa sainte Mère. C’est pourquoi, depuis des siècles, les Marseillais - spécialement ceux qui naviguent sur les flots de la Méditerranée - y montent pour prier. C’est le saint peuple fidèle de Dieu qui a “oint” ce sanctuaire, ce lieu de prière. Le saint peuple de Dieu dont le sens de la foi, comme le dit le Concile, est « infaillible in credendo ».

Aujourd’hui encore, la Bonne Mère est pour chacun la protagoniste d’un tendre “croisement de regards” : d’une part celui de Jésus, qu’elle nous indique toujours et dont l’amour se reflète dans ses yeux - le geste le plus fort de la Vierge est, en désignant Jésus : « Faites ce qu’il vous dira” ». D’autre part celui de nombreux hommes et femmes de tous âges et de toutes conditions, qu’elle rassemble et conduit à Dieu.

En ce carrefour des peuples qu’est Marseille, je voudrais réfléchir avec vous sur ce croisement de regards, car il me semble que s’y exprime parfaitement la dimension mariale de notre ministère. Nous aussi, prêtres, personnes consacrées, diacres, nous sommes appelés à faire sentir aux gens le regard de Jésus, et en même temps, à porter à Jésus le regard de nos frères - un échange de regards. Dans le premier cas, nous sommes des instruments de miséricorde, dans le second, des instruments d’intercession.

Premier regard : celui de Jésus qui caresse l’homme. C’est un regard qui va de haut en bas, non pas pour juger mais pour relever celui qui est à terre. C’est un regard plein de tendresse, qui transparaît dans les yeux de Marie. Et nous, appelés à transmettre ce regard, nous sommes tenus de nous pencher, d’éprouver de la compassion, et j’insiste sur ce mot : compassion. N’oublions pas que le style de Dieu est celui de la proximité, de la compassion et de la tendresse. J’aime à penser que le Seigneur ne sait pas faire le geste de pointer le doigt pour juger, mais qu’il sait faire le geste de tendre la main pour relever.

Frères, sœurs, laissons-nous enseigner par ce regard. Ne laissons pas un jour passer sans nous rappeler le moment où nous-mêmes l’avons reçu, et faisons-le nôtre pour être des hommes et des femmes de compassion. Proximité, compassion, tendresse, ne l’oublions pas ! Avoir de la compassion veut dire être proche et tendre. Ouvrons les portes des églises et des presbytères, mais surtout celles de notre cœur, pour montrer par notre douceur, notre gentillesse et notre accueil, le visage de notre Seigneur. Que celui qui vous approche ne trouve ni distance, ni jugement, qu’il trouve le témoignage d’une humble joie, plus fructueuse que toute capacité affichée.

Que les blessés de la vie trouvent un port sûr, un accueil dans votre regard, un encouragement dans votre étreinte, une caresse dans vos mains capables d’essuyer des larmes. Même dans les nombreuses occupations de chaque jour, s’il vous plaît, ne laissez pas faiblir la chaleur du regard paternel et maternel de Dieu. Et aux prêtres, s’il vous plaît, dans le sacrement de pénitence, pardonnez toujours ! Soyez généreux comme Dieu est généreux avec nous, pardonnez !

Avec le pardon de Dieu, de nombreux chemins s’ouvrent dans la vie. Il est bon de le faire en dispensant généreusement son pardon, toujours, toujours, afin de délivrer, par la grâce, les personnes des chaînes du péché, et les libérer des blocages, des remords, des rancunes, et des peurs dont elles ne peuvent triompher toutes seules.

Il est beau de redécouvrir avec émerveillement, à tout âge, la joie d’éclairer les vies avec les sacrements dans les moments heureux et tristes, et de transmettre, au nom de Dieu, des espérances inattendues : sa proximité qui console, sa compassion qui guérit, sa tendresse qui émeut. Proximité, compassion, tendresse. Soyez proches de chacun, surtout des plus fragiles et des moins chanceux, et ne laissez jamais ceux qui souffrent manquer de votre proximité attentive et discrète. C’est ainsi que grandiront en eux - mais aussi en vous - la foi qui anime le présent, l’espérance qui ouvre sur l’avenir, et la charité qui dure pour toujours.

Voilà le premier mouvement : porter à vos frères le regard de Jésus. Il n’y a qu’une seule situation dans la vie où il est permis de regarder une personne de haut en bas : c’est lorsque nous essayons de la prendre par la main et de la soulever. Dans les autres situations, c’est un péché d’orgueil. Vous, regardez les personnes qui sont en bas, et qui vous demandent - consciemment ou inconsciemment - de les soulever avec votre main. Prenez-les par la main et soulevez-les : c’est un très beau geste, un geste qui ne peut se faire sans tendresse.

Et puis il y a le second regard : celui des hommes et des femmes qui se tournent vers Jésus. De même que Marie à Cana recueille et porte au Seigneur les inquiétudes de deux jeunes mariés (cf. Jn 2, 3), vous êtes, vous aussi, appelés à être pour les autres la voix qui intercède. Que toutes vos prières soient pleines des visages de ceux que la Providence met sur votre chemin. Portez avec vous leurs regards, leurs voix, leurs questions, à la table eucharistique, dans l’adoration, devant le tabernacle ou dans le silence de votre chambre, là où le Père voit (cf. Mt 6, 6). Vous leur ferez écho fidèlement en tant qu’intercesseurs, comme des “anges sur la terre”, des messagers qui portent tout « devant la gloire de Dieu » (Tb 12, 12).

Comme Marie, portons partout la bénédiction et la paix de Jésus. Dans toutes les familles et dans tous les cœurs, semons la paix ! Chers frères et sœurs, nous devenons un Évangile vivant dans la mesure où nous le donnons, en reflétant sa lumière et sa beauté par une vie humble, joyeuse et riche de zèle apostolique. Que nous y aident les si nombreux missionnaires qui sont partis de ce haut lieu pour annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au monde entier.

Bien-aimés, portons à nos frères le regard de Dieu, portons à Dieu la soif de nos frères, et répandons la joie de l’Évangile. C’est notre vie, et elle est incroyablement belle malgré les difficultés et les chutes, et même nos péchés.

Prions ensemble la Sainte Vierge, qu’elle nous accompagne, qu’elle nous garde. Et vous, s’il vous plaît, priez pour moi.

 

Prière à Notre Dame de la Garde à Marseille avec les prêtres, les diacres, les religieux et religieses et les personnes consacrées, le vendredi 22 septembre 2023

 

 

 

 

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