Agir en
fils de Dieu
L’Évangile
du jour nous rapporte les deux paraboles de la brebis perdue et de la
pièce d’argent égarée, que Jésus adresse aux pharisiens et aux
scribes qui se scandalisaient parce qu’il « faisait bon
accueil aux pécheurs et mangeait avec eux ». C’était un
vrai scandale pour ces gens - et imaginez ce que ça aurait été
s’il y avait eu les journaux à cette époque !
Mais Jésus
est venu pour ça : aller chercher ceux qui sont loin du
Seigneur. Ces deux paraboles nous montrent comment est le Cœur de
Dieu : Dieu ne s’arrête pas, Dieu ne va pas jusqu’à un
certain point, il va jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême limite,
toujours il va jusqu’à l’extrême limite. Il ne s’arrête pas
à mi-parcours sur le chemin du salut, comme s’il disait :
J’ai fait tout ce qui me revient, c’est leur problème !
Non, toujours il va, il sort, il descend dans l’arène !
Les
pharisiens et les scribes au contraire s’arrêtent à mi-chemin. Ce
qui leur importe, c’est que le bilan des profits et des pertes soit
plus ou moins favorable, et avec ça, ils partent tranquilles :
Oui bien sûr, j’ai perdu trois pièces, j’ai perdu dix brebis,
mais j’ai gagné tant ! Eh bien ça, ça n’entre pas dans
l’esprit de Dieu : Dieu n’est pas un affairiste, Dieu est
Père et il va jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême limite.
L’amour de Dieu est ainsi…
C’est
triste, le pasteur qui s’arrête à mi-chemin. C’est
triste le pasteur qui ouvre la porte de l’église et reste là à
attendre. C’est triste le chrétien qui n’éprouve pas à
l’intérieur, dans son cœur, le besoin, la nécessité d’aller
raconter aux autres que le Seigneur est bon. Et quelle perversion
dans le cœur de ceux qui se croient justes comme ces scribes, ces
pharisiens : eux ne veulent pas se salir les mains avec les
pécheurs. Rappelons-nous celui qui pensait : « S’il
était un prophète, il saurait que cette femme est une pécheresse ».
Le mépris… Ils utilisent les gens, puis ils les méprisent !
Être un
pasteur à moitié, c’est une défaite. Un pasteur doit avoir le
Cœur de Dieu, il doit aller jusqu’à l’extrême limite parce
qu’il ne veut pas qu’aucun se perde. Le vrai pasteur, le vrai
chrétien a ce zèle à l’intérieur que personne ne se perde.
C’est pour ça qu’il n’a pas peur de se salir les mains, il n’a
pas peur : il va là où il doit aller. Il risque sa vie, il
risque sa réputation, il risque de perdre son confort, son statut,
et même de perdre sa carrière ecclésiastique !... Mais il est
bon pasteur.
Les
chrétiens aussi doivent être comme ça. C’est trop facile de
condamner les autres comme le faisaient ces gens-là, de condamner
les publicains et les pécheurs. C’est trop facile, mais ce n’est
pas chrétien, non ? Ce n’est pas agir en fils de Dieu. Un
fils de Dieu va jusqu’à l’extrême limite, il donne sa vie,
comme l’a fait Jésus, pour les autres. Il ne peut pas rester
tranquille à s’occuper de lui-même, de son confort, de sa
réputation, de sa tranquillité. Rappelez-vous ceci : pasteurs
à moitié, jamais ! Chrétiens à moitié : jamais !
À la suite
de Jésus, le bon pasteur, le bon chrétien sort, toujours il sort :
il sort de lui-même, il sort pour aller vers Dieu dans la prière,
l’adoration. Il sort vers les autres pour leur porter le message du
salut. Et le bon pasteur, le bon chrétien savent ce que c’est que
la tendresse.
Ces scribes,
ces pharisiens, ne savaient pas, non, ils ne savaient pas ce que
c’était que de porter la brebis sur leurs épaules, avec
tendresse, et de la ramener au milieu des autres, à sa place. Ces
gens ne savent pas ce que c’est que la joie. Le chrétien et le
pasteur à moitié connaît peut-être une forme de divertissement,
de tranquillité, une certaine paix… Mais la joie ! Cette joie
qu’il y a au paradis, cette joie qui vient de Dieu, cette joie qui
vient justement du Cœur du Père qui part sauver : « J’ai
entendu les plaintes des israélites et Je suis descendu les
délivrer »…
C’est si
beau de ne pas avoir peur qu’on médise sur nous quand nous allons
trouver des frères et des sœurs qui sont éloignés du Seigneur.
Demandons cette grâce pour chacun de nous et pour notre Mère, la
sainte Église.
Homélie du
jeudi 6 novembre 2014 (Phil 3, 3-8 ; Lc 15, 1-10)
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