15 mars 2015

Du Pape François 11/03/2015

Les grands-pères et les grands-mères : la “chorale“ permanente d’un grand sanctuaire spirituel



        Chers frères et sœurs, bonjour !

     Dans la catéchèse de ce jour, nous poursuivons notre réflexion sur les grands-parents, en considérant la valeur et l’importance de leur rôle dans la famille. Je le fais en m’identifiant à ces personnes, parce que moi aussi, j’appartiens à cette tranche d’âge.
     Quand je suis allé aux Philippines, le peuple philippin me saluait en disant : Lolo Kiko - c’est-à-dire “grand-père François“. Lolo Kiko  me disaient-ils ! Une première chose qu’il est important de souligner : c’est vrai que la société tend à nous mettre de côté, mais certainement pas le Seigneur. Le Seigneur ne nous met jamais de côté ! Il nous appelle à le suivre à tous les âges de la vie, et être âgé contient aussi une grâce et une mission, une véritable vocation du Seigneur. Être âgé est une vocation. Ce n’est pas encore le moment de “baisser les bras“.
     Cette période de la vie est différente des précédentes, ça ne fait aucun doute. Nous devons aussi un peu “l’inventer“, parce que nos sociétés ne sont pas prêtes, spirituellement et moralement, à donner à ce moment de la vie sa pleine valeur. La spiritualité chrétienne elle-même a été prise de court, et il s’agit de dégager une spiritualité des personnes âgées. Mais grâce à Dieu, les témoignages de saints et de saintes âgées ne manquent pas !
     J’ai été très frappé par la “Journée des personnes âgées“ que nous avons organisée ici, sur la place Saint Pierre l’année dernière : la place était pleine ! J’ai entendu des histoires de personnes âgées qui se dépensent pour les autres, et aussi des histoires de couples d’époux qui disaient : Nous fêtons notre cinquantième anniversaire de mariage, nous fêtons nos soixante ans de mariage... C’est important de le faire voir aux jeunes, qui se lassent vite : le témoignage de fidélité des personnes âgées est important. Ils étaient très nombreux sur cette place, ce jour-là, et c’est une réflexion qu’il faut poursuivre, aussi bien dans le domaine ecclésial que civil.
     L’Évangile vient à notre rencontre avec une image très belle, émouvante et encourageante : l’image de Siméon et Anne, dont nous parle l’Évangile de l’enfance de Jésus écrit par saint Luc. Ils étaient certainement âgés, le « vieux » Siméon, et la « prophétesse » Anne « qui avait quatre vingt quatre ans » - cette femme ne cachait pas son âge ! L’Évangile dit qu’ils attendaient la venue de Dieu tous les jours, avec une grande fidélité, depuis de longues années : ils voulaient vraiment le voir, ce jour, en saisir les signes, en deviner le commencement. Peut-être s’étaient-ils aussi un peu résignés, désormais, à mourir avant. Pourtant, cette longue attente continuait d’occuper toute leur vie, ils n’avaient pas d’engagements plus importants que celui-ci : attendre le Seigneur en priant. Eh bien, quand Marie et Joseph arrivent au Temple pour obéir aux prescriptions de la Loi, Siméon et Anne s’élancent, animés par l’Esprit Saint (cf. Lc 2,27) : le poids de l’âge et de l’attente disparaît en un instant. Ils reconnaissent l’Enfant et découvrent une force nouvelle, pour une nouvelle tâche : rendre grâce et rendre témoignage pour ce signe de Dieu. Siméon improvise un très bel hymne d’allégresse (cf. Lc 2,29-32) - il a été poète à ce moment-là ! - et Anne devient la première prédicatrice de Jésus : elle « parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem » (Lc 2,38).
     Chers grands-parents, chères personnes âgées, mettons-nous dans le sillage de ces vieillards extraordinaires ! Devenons nous aussi un peu poètes de la prière : prenons goût à chercher nos propres mots, en nous réappropriant ceux que nous enseigne la Parole de Dieu. La prière des grands-parents et des personnes âgées est un grand don pour l’Église ! La prière des grands-parents et des personnes âgées est un don pour l’Église, c’est une richesse ! Une grande injection de sagesse aussi pour la société humaine tout entière : surtout pour celle qui est trop affairée, trop prise, trop distraite. Il faut pourtant que quelqu’un chante, pour eux aussi, chante les signes de Dieu, proclame les signes de Dieu, prie pour eux !
     Regardons Benoît XVI, qui a choisi de passer la dernière tranche de sa vie dans la prière et dans l’écoute de Dieu ! C’est beau, cela ! Un grand croyant du siècle dernier, de tradition orthodoxe, Olivier Clément, disait : « Une civilisation où l’on ne prie plus est une civilisation où la vieillesse n’a plus de sens. Et c’est terrifiant, nous avons avant tout besoin de personnes âgées qui prient, parce que la vieillesse nous est donnée pour cela. » Nous avons besoin de personnes âgées qui prient parce que la vieillesse nous est donnée précisément pour cela. La prière des personnes âgées est quelque chose de beau.
     Nous pouvons remercier le Seigneur pour les bienfaits reçus, et remplir le vide d’ingratitude qui l’entoure. Nous pouvons intercéder pour les attentes des nouvelles générations et donner dignité à la mémoire et aux sacrifices de celles du passé. Nous pouvons rappeler aux jeunes ambitieux qu’une vie sans amour est une vie desséchée. Nous pouvons dire aux jeunes qui ont peur, que l’angoisse de l’avenir peut être surmontée. Nous pouvons enseigner aux jeunes trop amoureux d’eux-mêmes qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Les grands-pères et les grands-mères forment la “chorale“ permanente d’un grand sanctuaire spirituel, où la prière de supplication et le chant de louange soutiennent la communauté qui travaille et qui lutte dans le champ de la vie.
     La prière, enfin, purifie sans cesse le cœur. La louange et la supplication adressées à Dieu empêchent le durcissement du cœur dans le ressentiment et dans l’égoïsme. Comme c’est triste, le cynisme d’une personne âgée qui a perdu le sens de son témoignage, qui méprise les jeunes et ne communique pas une sagesse de vie ! En revanche, comme c’est beau, l’encouragement que la personne âgée transmet aux jeunes à la recherche du sens de la foi et de la vie ! C’est vraiment la mission des grands-parents, la vocation des personnes âgées. Les paroles des grands-parents ont quelque chose de particulier pour les jeunes - et eux le savent ! Les paroles que ma grand-mère m’a remises par écrit le jour de mon ordination sacerdotale, je les ai encore avec moi : elles sont toujours dans mon bréviaire, je les lis souvent, et ça me fait du bien.
     Comme je voudrais une Église qui défie la culture du rebut, par la joie débordante d’une étreinte nouvelle entre les jeunes et les personnes âgées ! C’est ce que je demande aujourd’hui au Seigneur : cette étreinte !



Catéchèse du mercredi 11 mars 2015

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