François
Évêque de Rome
Serviteur des serviteurs de
Dieu
À ceux qui liront cette
lettre
grâce, miséricorde et paix.
Jésus Christ est le visage de
la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est
là tout entier. Devenue vivante et visible, elle
atteint son sommet en Jésus de Nazareth (1).
…
Nous avons toujours besoin de
contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie,
de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut.
Miséricorde est le mot qui révèle le mystère de
la Sainte Trinité. La miséricorde, c’est l’acte ultime
et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre.
La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de
chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il
rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin
qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à
l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de
notre péché (2).
…
Il y a des moments où nous sommes
appelés de façon encore plus pressante, à fixer notre regard
sur la miséricorde, afin de devenir nous aussi signe efficace de
l’agir du Père.
…
Face à la gravité du péché,
Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera
toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer
une limite à l’amour de Dieu qui pardonne (3).
…
Dans les paraboles de la
miséricorde, Jésus révèle la nature de Dieu comme celle d’un
Père qui ne s’avoue jamais vaincu, jusqu’à ce
qu’il ait absous le péché et vaincu le refus par la
compassion et la miséricorde. Nous connaissons ces
paraboles, trois en particulier : celle de la brebis égarée, celle
de la pièce de monnaie perdue, et celle du père et des deux fils
(cf. Lc 15, 1-32). Dans
ces paraboles, Dieu est toujours présenté comme rempli de joie,
surtout quand il pardonne. Nous y trouvons le noyau de
l’Evangile et de notre foi, car la miséricorde y est
présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit
le cœur d’amour, et qui console en pardonnant.
…
Jésus affirme que la miséricorde
n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère
pour comprendre qui sont ses véritables enfants. En résumé,
nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il
nous a d’abord été fait miséricorde. Le pardon des offenses
devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux,
et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons
pas nous soustraire. Bien souvent, il nous semble difficile de
pardonner - cependant, le pardon est le moyen déposé
dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se
défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la
vengeance, est la condition nécessaire pour vivre heureux
(9).
…
Nous ne pouvons pas échapper aux
paroles du Seigneur et c’est sur elles que nous serons jugés :
aurons-nous donné à manger à qui a faim et à boire à qui a
soif ? Aurons-nous accueilli l’étranger et vêtu celui qui était
nu ? Aurons-nous pris le temps de demeurer auprès de celui qui est
malade et prisonnier ? (cf. Mt
25, 31-45). De même, il nous sera demandé si nous avons aidé
à sortir du doute qui engendre la peur - et bien souvent la
solitude ; si nous avons été capable de vaincre l’ignorance dans
laquelle vivent des millions de personnes, surtout des enfants privés
de l’aide nécessaire pour être libérés de la pauvreté ;
si nous nous sommes fait proches de celui qui est seul et affligé ;
si nous avons pardonné à celui qui nous offense, si nous
avons rejeté toute forme de rancœur et de haine qui porte à la
violence ; si nous avons été patient à l’image de Dieu qui
est si patient envers nous ; si enfin, nous avons confié au
Seigneur, dans la prière, nos frères et sœurs. C’est dans
chacun de ces « plus petits » que le Christ est présent. Sa
chair devient de nouveau visible en tant que corps torturé, blessé,
flagellé, affamé, égaré… pour être reconnu par nous, touché
et assisté avec soin. N’oublions pas les paroles de Saint Jean de
la Croix : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur
l’amour » (15).
Misericordiae
Vultus
Bulle
d’indiction du jubilé extraordinaire de la miséricorde, donnée à
Rome, près Saint Pierre,
le
11 avril, veille du IIème
Dimanche de Pâques ou de la Divine Miséricorde,
de
l’An du Seigneur 2015, le troisième de mon pontificat. (Extraits)
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