31 octobre 2015

Du Pape François 25/10/2015

Donne-nous Seigneur un regard guéri et sauvé, qui sait répandre de la lumière



     Dans la guérison de Bartimée, que nous rapporte l’Évangile, un détail est intéressant : Jésus demande à ses disciples d’aller appeler Bartimée, et ils s’adressent à l’aveugle en utilisant deux expressions, que seul Jésus utilise dans le reste de l’Évangile.
     D’abord, ils disent : « Courage ! », avec un mot qui signifie littéralement “Aie confiance, arme-toi de courage !“ Seule en effet la rencontre avec Jésus donne à l’homme la force pour affronter les situations les plus graves. La seconde expression est « Lève-toi ! » - comme Jésus avait dit à beaucoup de malades, les prenant par la main et les guérissant. Les siens ne font rien d’autre que de répéter les paroles encourageantes et libératrices de Jésus, conduisant directement à lui, sans sermons.
     Les disciples de Jésus sont appelés à cela, aujourd’hui aussi, et spécialement aujourd’hui : placer l’homme au contact de la miséricorde compatissante qui sauve. Quand le cri de l’humanité devient, comme en Bartimée, encore plus fort, il n’y a pas d’autre réponse que de faire nôtres les paroles de Jésus, et surtout d’imiter son cœur. Les situations de misère et de conflit sont pour Dieu des occasions de miséricorde : aujourd’hui est un temps de miséricorde !
     Mais il y a certaines tentations pour celui qui suit Jésus, et l’Évangile en met au moins deux en évidence. Aucun des disciples ne s’arrête comme le fait Jésus : ils continuent à marcher, ils avancent comme si de rien n’était. Si Bartimée est aveugle, eux sont sourds : son problème n’est pas leur problème ! C’est quelque chose qui nous guette : devant les problèmes continuels, il vaut mieux avancer, sans nous laisser déranger ! De cette façon, comme ces disciples, nous sommes avec Jésus, mais nous ne pensons pas comme Jésus. On est dans son groupe, mais on perd l’ouverture du cœur, on perd l’émerveillement, la gratitude et l’enthousiasme, et on risque de devenir “des routiniers de la grâce”. Nous pouvons parler de lui et travailler pour lui, mais en vivant loin de son cœur qui se penche vers celui qui est blessé.
     Là est la tentation : une “spiritualité du mirage ”. Nous pouvons marcher à travers les déserts de l’humanité, sans voir ce qui se passe réellement, mais ce que nous voudrions voir nous. Nous sommes capables de construire des visions du monde, mais nous n’acceptons pas ce que le Seigneur nous met sous les yeux. Une foi qui ne sait pas s’enraciner dans la vie des gens demeure aride, et au lieu d’oasis, elle crée d’autres déserts.
     Il y a une seconde tentation, celle de tomber dans une “foi programmée” : nous voulons bien marcher avec le peuple de Dieu, mais nous avons déjà notre plan de marche, où tout rentre. Nous savons où aller et combien de temps y mettre, tous doivent respecter nos rythmes, et chaque inconvénient nous dérange. Nous risquons de devenir comme beaucoup de ces gens dont parle l’Évangile, qui perdent patience et rabrouent Bartimée. Peu avant, ils avaient rabroué les enfants (cf. 10, 13). Maintenant, c’est le mendiant aveugle : celui qui gêne, ou qui n’est pas à la hauteur, est à exclure ! Jésus au contraire veut inclure, d’abord, celui qui est tenu en marge, et qui crie vers lui comme Bartimée : ceux-là ont la foi, parce que savoir qu’on a besoin de salut est la meilleure façon de rencontrer le Christ.
Et à la fin Bartimée se met à suivre Jésus le long du chemin (cf. v. 52) : non seulement il retrouve la vue, mais il s’unit à la communauté de ceux qui marchent avec Jésus.
Chers frères synodaux, nous avons marché ensemble. Je vous remercie pour la route que nous avons partagée, le regard fixé sur le Seigneur et sur nos frères, à la recherche des sentiers que l’Évangile indique à notre temps pour annoncer le mystère d’amour de la famille. Poursuivons le chemin que le Seigneur désire. Demandons-lui un regard guéri et sauvé, qui sait répandre de la lumière parce qu’il rappelle la splendeur qui l’a illuminé. Sans nous laisser jamais offusquer par le pessimisme et par le péché, cherchons et voyons la gloire de Dieu qui resplendit dans l’homme vivant.

Homélie de clôture du synode sur la famille, 25 octobre 2015 (Mc 10, 46-52)



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