3 février 2018

Du Pape François

Sainte Mère de Dieu, notre Mère !






Homélie de la messe célébrée à Sainte Marie Majeure à Rome le dimanche 28 janvier 2018,  à l’occasion du retour de l’icône « Marie, Salut du peuple romain » après sa restauration,




Comme peuple de Dieu en marche, nous venons faire une halte ici, dans le temple de la Mère. La présence de la Mère fait de ce temple une maison familiale pour nous, ses enfants. Avec des générations et des générations de romains, nous reconnaissons en cette maison maternelle notre maison, la maison où nous trouvons repos, consolation, protection, refuge. Le peuple chrétien a compris, depuis les débuts, que dans les difficultés et dans les épreuves, il faut recourir à la Mère, comme l’indique l’antienne mariale la plus ancienne : Sous ta protection nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais délivre-nous de tous les dangers, ô Vierge glorieuse et bénie.
Nous nous réfugions : nos pères dans la foi ont enseigné que dans les moments difficiles, il faut s’abriter sous le manteau de la sainte Mère de Dieu. Autrefois, les personnes persécutées et dans le besoin cherchaient refuge auprès des femmes nobles haut placées : lorsque leur manteau, qui était considéré comme inviolable, s’étendait en signe d’accueil, la protection était accordée. Il en est de même pour nous avec la Vierge Marie, la plus haute femme du genre humain : son manteau est toujours ouvert pour nous accueillir et nous abriter. L’Orient chrétien nous le rappelle bien, où beaucoup célèbrent la protection de la Mère de Dieu, représentée dans une belle icône où on la voit abriter ses enfants par son manteau, et couvrir le monde entier.
La Mère protège la foi, elle protège les relations, sauve dans les intempéries et préserve du mal. Là où la Vierge est chez elle, le diable n’entre pas. Oui, là où la Vierge est chez elle le diable n’entre pas. Là où la Mère est présente, l’inquiétude ne prévaut pas, la peur ne l’emporte pas. Qui parmi nous n’en a pas besoin, qui parmi nous n’est pas parfois troublé ou inquiet ? Que de fois le cœur est une mer dans la tempête, où les vagues des problèmes se chevauchent et les vents des préoccupations ne cessent pas de souffler ! Marie est l’arche sûre au milieu du déluge. Ce ne seront pas les idées ou la technologie qui nous donneront réconfort et espérance, mais le visage de la Mère, ses mains qui caressent la vie, son manteau qui nous abrite. Apprenons à trouver refuge en allant chaque jour vers la Mère.
Ne méprise pas nos prières, continue l’antienne. Quand nous la supplions, Marie supplie pour nous. Il y a un beau titre en grec qui dit ceci : “Grigorusa“, c’est-à-dire ‘‘celle qui intercède avec empressement’’. Et ce « avec empressement » est ce qu’utilise Luc dans l’Évangile pour dire comment Marie est allée chez Élisabeth : vite, en toute hâte ! Elle intercède avec empressement, elle ne traîne pas - comme nous l’avons entendu dans l’Évangile, où elle communique immédiatement à Jésus le besoin concret de ces gens : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3), juste cela ! Ainsi fait-elle chaque fois que nous l’invoquons : quand l’espérance nous manque, quand la joie diminue, quand les forces s’épuisent, quand l’étoile de la vie s’obscurcit, la Mère intervient. Et si nous l’invoquons, elle intervient davantage. Elle est attentive aux peines, sensible aux difficultés - les difficultés de la vie -, elle est proche du cœur. Et jamais, jamais elle ne méprise nos prières : elle n’en laisse pas tomber, ne serait-ce qu’une seule. Elle est Mère, elle n’a jamais honte de nous, au contraire elle attend seulement de pouvoir aider ses enfants.
Une anecdote peut nous aider à le comprendre. Près d’un lit d’hôpital, une mère veillait sur son fils souffrant après un accident. Cette mère était toujours là, jour et nuit. Une fois, elle s’est plainte au prêtre en disant : ‘‘Mais à nous les mères, le Seigneur n’a pas accordé une chose !’’  ‘‘Quoi ?’’ – demanda le prêtre. ‘‘Prendre sur nous la douleur de nos enfants’’, a répondu la femme. Voilà le cœur d’une mère : il n’a pas honte des blessures, des faiblesses de ses enfants, mais il veut les prendre sur lui. Et la Mère de Dieu et la nôtre sait prendre sur elle, consoler, veiller, guérir.
Délivre-nous de tous les dangers, continue l’antienne. Le Seigneur lui-même sait qu’il nous faut refuge et protection au milieu de si nombreux dangers. C’est pourquoi, au moment le plus critique, sur la Croix, il a dit à son disciple bien-aimé, et à chaque disciple : « Voici ta Mère » (Jn 19, 27). La Mère n’est pas un choix optionnel, elle est le testament du Christ, et nous avons besoin d’elle comme un pèlerin a besoin de repos, comme un enfant d’être porté dans les bras. C’est un grand danger pour la foi que de vivre sans Mère, sans protection, nous laissant balloter par la vie comme les feuilles par le vent. Le Seigneur le sait et nous recommande d’accueillir la Mère. Ce sont ne sont pas de bonnes manières spirituelles, c’est une exigence de vie.  L’aimer, ce n’est pas de la poésie, c’est savoir vivre. Car sans Mère, nous ne pouvons pas être des enfants, et avant tout, nous sommes des enfants, des enfants bien-aimés, qui ont Dieu pour Père et la Vierge pour Mère.
Comme le disciple qui au pied de la Croix, a reçu la Mère et « la prit chez lui », dit l’Évangile (Jn 19, 27), nous aussi, dans cette maison maternelle, invitons Marie chez nous, dans notre cœur, dans notre vie. On ne peut pas rester neutre ou séparé de la Mère, autrement nous perdons notre identité de fils, et notre identité de peuple, et nous vivons un christianisme fait d’idées, de programmes, sans confiance, sans tendresse, sans cœur. Mais sans cœur, il n’y a pas d’amour, et la foi risque de devenir une belle fable d’un autre temps. La Mère, par contre, protège et éduque les enfants. Elle les aime et les protège afin qu’ils aiment et protègent le monde. Faisons de la Mère l’hôte de notre vie quotidienne, la présence constante chez nous, notre refuge sûr. Confions-lui chaque journée, invoquons-la en chaque difficulté, et n’oublions pas de revenir chez elle pour la remercier !





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