L’espérance
Qu’est-ce
que l’espérance ? L’espérance, c’est vivre tendu vers la
révélation du Seigneur, vers la rencontre avec le Seigneur. Il y
aura peut-être des souffrances, des problèmes à venir, mais
aujourd’hui, l’Esprit Saint est à l’œuvre, et l’espérance,
c’est comme jeter l’ancre sur l’autre rive et s’y attacher
fermement. Et ce n’est pas seulement nous, mais « toute la
création attend d’être elle aussi libérée et d’entrer dans la
gloire des fils de Dieu ». Nous avons reçu les prémices de
l’Esprit Saint, mais « nous gémissons intérieurement, dans
l’attente de notre adoption ».
L’espérance,
c’est vivre constamment “tendu vers“, en sachant que nous ne
pouvons pas faire notre nid ici-bas. La vie du chrétien est “en
tension vers“, et si un chrétien perd cette perspective, sa vie
devient statique - et les choses qui ne bougent pas se dégradent.
Quand l’eau stagne, qu’elle ne coule pas, ne bouge pas, elle se
corrompt. Un chrétien qui n’est pas capable d’être tendu,
d’être en tension vers l’autre rive, manque de quelque chose et
il finira corrompu. Pour lui, la vie chrétienne se transformera en
doctrine philosophique, il vivra comme ça, et il dira qu’il a la
foi, mais sans espérance il ne l’a pas.
Il
est difficile de saisir ce qu’est l’espérance. L’espérance
est la plus humble des vertus, celle des pauvres. Si nous voulons
être des hommes et des femmes d’espérance, nous devons être
pauvres, attachés à rien. Pauvres, et tournés vers l’autre rive.
L’espérance est humble, c’est une vertu qui “se travaille“ -
disons-le ainsi -, tous les jours. Tous les jours, il faut y revenir,
tous les jours il faut reprendre la corde, voir que l’ancre est
bien fixée, et tenir la corde en main. Tous les jours, il faut
revenir à la promesse et savoir que l’Esprit Saint travaille en
nous, à travers les petites choses.
Jésus
compare le règne de Dieu à un grain de sénevé jeté dans un
champ. Nous attendons qu’il pousse, mais nous n’allons pas
vérifier tous les jours comment ça se passe, sinon il ne grandira
jamais. L’espérance nécessite de la patience, et la patience de
savoir que nous semons, et que c’est Dieu qui donne la croissance.
L’espérance est “artisanale“, petite. Comme le levain dans la
pâte, comme la graine dans la terre, l’espérance est une vertu
qui ne se voit pas : elle travaille de l’intérieur, et elle nous
fait lever les yeux.
Ce
n’est pas facile de vivre dans l’espérance, mais elle devrait
être l’air que respire le chrétien, un air d’espérance. Sinon,
il ne pourra pas marcher, il ne pourra pas avancer, parce qu’il ne
saura pas où aller.
L’espérance
nous donne de l’assurance : l’espérance ne déçoit pas, jamais.
Si tu espères, tu ne seras pas déçu. Elle nous fait tenir les
promesses du Seigneur, nous tourne vers ces promesses, en sachant que
l’Esprit Saint est à l’œuvre en nous.
C’est
le Seigneur qui nous donne la grâce d’être “tendus vers“.
Tendus non pas nerveusement ou à cause des problèmes, non, mais en
tension par l’Esprit Saint qui nous projette vers l’autre rive et
nous garde dans l’espérance.
Messe
à Sainte Marthe 29 octobre 2019
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