30 novembre 2019

Du Pape François


Découvrir ces visages de mères, de pères, de frères que le Seigneur veut nous donner



« Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » (Mt 12, 48).
Par cette question, Jésus a poussé la multitude qui l’écoutait à se demander une chose qui peut paraître évidente et certaine : qui sont les membres de notre famille, ceux qui nous appartiennent et à qui nous appartenons ?
Laissant la question avoir un écho en eux, il répond de manière claire et innovante : « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère » (Mt 12, 50). Il brise ainsi non seulement les déterminismes religieux et légaux de l’époque, mais aussi toutes les prétentions excessives de ceux qui pourraient croire avoir des droits ou des privilèges face à lui. L’Évangile est une invitation et un droit gratuit pour tous ceux qui veulent écouter.
Il est surprenant de constater combien l’Évangile est tissé de questions qui cherchent à réveiller les disciples et à les inviter à se mettre en chemin pour découvrir cette vérité capable de donner et de générer la vie, des questions qui visent à ouvrir le cœur et l’horizon à la rencontre d’une nouveauté beaucoup plus belle que ce qu’ils peuvent imaginer. Les questions du Maître visent toujours à renouveler notre vie et celle de notre communauté à travers une joie sans pareille.
Il en a été ainsi des premiers missionnaires qui se sont mis en chemin et qui sont arrivés sur ces terres. En entendant la parole du Seigneur et en cherchant à répondre à ses questions, ils ont pu voir qu’ils appartenaient à une famille beaucoup plus grande que celle créée par les liens du sang, de la culture, de la région ou de l’appartenance à un groupe déterminé.
Poussés par la force de l’Esprit, remplis de l’espérance qui naît de la bonne nouvelle de l’Évangile, ils se sont mis en chemin pour rencontrer les membres de cette famille, qu’ils ne connaissaient pas encore. Ils sont allés à la recherche de leurs visages. Il leur fallait ouvrir le cœur à une nouvelle dimension - sans ces qualificatifs qui divisent toujours -, pour découvrir tant de mères et de frères thaï, absents de la table dominicale, et découvrir non seulement tout ce qu’ils pouvaient leur offrir, mais aussi tout ce qu’ils avaient besoin de recevoir d’eux afin de grandir dans la foi et dans la compréhension des Écritures.
Sans cette rencontre, votre visage aurait manqué au christianisme, les chants, les danses qui façonnent le sourire thaï si particulier de ces terres auraient manqué. Ils ont ainsi mieux perçu le dessein d’amour du Père qui est beaucoup plus grand que tous nos calculs et prévisions, et ne peut se réduire à une poignée de personnes ou à un contexte culturel déterminé. Le disciple missionnaire n’est pas un mercenaire de la foi ni un fabricant de prosélytes, mais un mendiant qui reconnaît que ses frères, ses sœurs, ses mères lui manquent, pour célébrer et fêter le don irrévocable de la réconciliation que Jésus offre à nous tous : le festin est préparé, allez inviter tous ceux que vous rencontrerez en chemin (cf. Mt 22, 4.9). Cet envoi est une source de joie, de gratitude et de bonheur complet parce que « nous permettons à Dieu de nous conduire au-delà de nous-mêmes pour que nous parvenions à notre être le plus vrai. Là se trouve la source de l’action évangélisatrice » (cf. Evangelii Gaudium, n. 8).
Chères communautés thaïlandaises, continuons le chemin en suivant les traces des premiers missionnaires, pour rencontrer, découvrir et reconnaître avec joie tous ces visages de mères, de pères et de frères que le Seigneur veut nous donner et qui manquent à notre banquet dominical.
Homélie de la messe du 21 novembre 2019 à Bangkok

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