Les
lectures que nous venons d’entendre nous rappellent que nous ne
sommes pas nés pour la mort, mais pour la résurrection. En effet,
comme l’écrit saint Paul dans la seconde lecture, dès maintenant
« nous sommes citoyens des cieux » (Ph 3, 20), et comme
le dit Jésus dans l’Évangile, « nous ressusciterons au
dernier jour » (cf. Jn 6, 40). Posons-nous la
question : Comment est-ce que je réponds à mon appel à
ressusciter ?
Dans
l’Évangile de ce jour, Jésus nous dit : « Celui qui vient à
moi, je ne vais pas le jeter dehors » (Jn 6, 37).
« Venez à moi », voilà son invitation (cf. Mt 11,
28) - venir à lui, aller à lui, le Vivant, pour nous vacciner
contre la mort, contre la peur que tout finisse.
Aller
à Jésus peut sembler une invitation spirituelle évidente et
générale. Mais essayons de la rendre concrète en nous posant des
questions comme celles-ci : Aujourd’hui, dans les dossiers que j’ai
eus en main au travail, me suis-je rapproché du Seigneur ? En ai-je
fait une occasion de dialogue avec lui ? Et dans les rencontres que
j’ai faites, ai-je impliqué Jésus, ai-je conduit ceux que je
rencontrais à lui par la prière ? Ou bien ai-je tout fait en
restant dans mes pensées, me réjouissant seulement de ce qui allait
bien pour moi, et me plaignant de ce qui allait mal ? Finalement,
est-ce que je vis en « allant vers le Seigneur »,
ou bien tourné vers moi-même ? Quelle direction a ma route ? Est-ce
que je cherche seulement à faire bonne figure, sauvegarder ma place,
mes temps et mes espaces, ou bien est-ce que je vais vers le Seigneur
?
La
phrase de Jésus a quelque chose d’explosif : « Celui qui
vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors », comme s’il nous
disait qu’être jeté dehors est prévu pour le chrétien qui ne va
pas à lui. Pour celui qui croit il n’y a pas de moyen terme : on
ne peut pas appartenir à Jésus et se renfermer sur soi-même. Celui
qui appartient à Jésus vit en sortie vers lui.
Toute
la vie est une sortie : du sein maternel pour venir à la lumière,
de l’enfance pour entrer dans l’adolescence, de l’adolescence
dans la vie adulte, et ainsi de suite, jusqu’à la sortie de ce
monde.
Aujourd’hui,
alors que nous prions pour nos frères cardinaux et évêques qui
sont sortis de cette vie pour aller à la rencontre du Ressuscité,
nous ne pouvons pas oublier la sortie la plus importante et la plus
difficile, qui donne sens à toutes les autres : celle de nous-mêmes.
C’est seulement en sortant de nous-mêmes que nous ouvrons la porte
qui conduit au Seigneur. Demandons cette grâce : Seigneur, je désire
venir à toi à travers les rues et les compagnons de voyage de tous
les jours. Aide-moi à sortir de moi-même pour aller à ta
rencontre, toi qui es la vie.
Une
stimulation peut être, avant de prendre une décision importante, de
nous mettre sous le regard de Dieu pour voir la réalité avec les
yeux du Seigneur et pas seulement avec les nôtres, pour avoir un
regard projeté vers la résurrection, et pas seulement sur
l’aujourd’hui qui passe, pour poser des choix qui ont saveur
d’éternité, le goût de l’amour.
Au
milieu des nombreuses voix du monde qui font perdre le sens de
l’existence, accordons-nous à la volonté de Jésus, ressuscité
et vivant : nous ferons alors de l’aujourd’hui que nous vivons
une aube de résurrection.
Messe
pour les cardinaux et évêques défunts dans l’année, le 4
novembre 2019
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