Heureux
ceux qui sont persécutés à cause de mon nom
Le cœur des
impies qui se sont éloignés de Dieu veut s’emparer de la
religion : c’est ce que nous montre le livre de la Sagesse que
nous venons de lire. Puis nous voyons les ennemis de Jésus qui lui
tendent des pièges, qui s’emploient à le calomnier, à lui faire
perdre sa réputation. C’est comme ça que se mijote la destruction
du juste - parce qu’il s’oppose à leur conduite : il
réprimande les péchés commis contre les lois, il leur reproche les
transgressions contre l’éducation qu’ils ont reçue.
Dans toute
l’histoire du salut, les prophètes ont été persécutés :
Jésus lui-même le dit aux pharisiens. Toujours dans l’histoire du
salut, au temps d’Israël et dans l’histoire de l’Église, les
prophètes ont été persécutés. Les prophètes sont persécutés
parce qu’ils disent : Vous vous êtes trompés de route !
Revenez sur la route de Dieu ! Et ça, ça ne plaît pas aux
personnes qui exercent un pouvoir sur cette fausse route.
L’Évangile
d’aujourd’hui est clair, non ? Les derniers jours, Jésus se
cachait parce que son heure n’était pas encore venue. Mais lui
savait quelle serait sa fin, comment serait sa fin. Et Jésus est
persécuté dès le début. Rappelons-nous quand, au début de sa
prédication, il revient dans son pays. Il va à la synagogue et il
prêche, et tout d’un coup - après avoir manifesté une grande
admiration -, ils commencent : Mais celui-là, nous savons
d’où il est. Il est l’un de nous, alors avec quelle autorité
est-ce qu’il vient nous enseigner ? Où a-t-il étudié ?
Et ils le disqualifient ! Et là, nous avons le même discours,
non ? « Celui-là, nous savons d’où il est. Alors que
le Messie, quand il viendra, personne ne saura d’où il est ! »
Disqualifier
le Seigneur, disqualifier le prophète pour lui enlever son
autorité : Celui-là fait des miracles le jour du sabbat, or on
ne doit pas travailler le jour du sabbat. C’est donc un pécheur !
Il mange ceci, il va déjeuner avec les pécheurs : ce n’est
pas un homme de Dieu ! Ils le disqualifient. Pourquoi ?
Parce que Jésus sortait - et faisait sortir - de ce milieu religieux
fermé, de cette cage. Le prophète lutte contre les personnes qui
mettent en cage l’Esprit Saint, et pour cette raison, il est
persécuté. Toujours !
Les
prophètes sont tous persécutés, ou non compris, laissés de côté.
On ne leur donne aucune place ! Et cette situation n’a pas
cessé avec la mort et la résurrection de Jésus : elle
continue dans l’Église ! Persécutés de l’extérieur, et
persécutés de l’intérieur ! Quand nous lisons la vie des
saints, que d’incompréhensions, que de persécutions ils ont
subies - parce qu’ils étaient des prophètes !
Et de
nombreux penseurs de l’Église ont également été persécutés.
Je pense à l’un d’entre eux en ce moment, pas si loin de nous :
un homme de bonne volonté, un authentique prophète, qui dans ses
livres reprochait à l’Église de s’éloigner de la voie du
Seigneur. Il a immédiatement été révoqué, ses livres ont été
mis à l’index, on lui a retiré sa chaire, et cet homme a fini
ainsi sa vie, il n’y a pas si longtemps. Le temps a passé, et
aujourd’hui il est bienheureux. Mais comment cela : hier,
c’était un hérétique, et aujourd’hui il est bienheureux ? Eh
bien oui : hier, ceux qui avaient le pouvoir voulaient le
condamner au silence parce que ce qu’il disait ne plaisait pas.
Aujourd’hui, l’Église qui, grâce à Dieu, sait se repentir, dit
: Non, cet homme est bon ! Plus encore : il est sur la voie de
la sainteté - il est déjà bienheureux !
Toutes les
personnes que l’Esprit Saint choisit pour dire la vérité au
peuple de Dieu subissent des persécutions, et « heureux
ceux qui sont persécutés à cause de mon nom », nous dit Jésus -
et il est lui-même le modèle, l’icône : le Seigneur a pris
sur lui toutes les persécutions de son peuple.
Et
aujourd’hui encore, les chrétiens sont persécutés. J’ose dire
qu’il y a peut-être autant, et plus de martyrs maintenant que dans
les premiers temps, parce qu’à cette société mondaine, à cette
société un peu tranquille qui ne veut pas de problèmes, ils disent
la vérité : ils annoncent Jésus Christ. Vraiment,
aujourd’hui, il y a beaucoup de persécutions.
Par exemple aujourd’hui, dans certaines régions, c’est la peine de mort ou
l’emprisonnement si l’on a un Évangile chez soi, ou si l’on
enseigne le catéchisme ! Un catholique de ces pays-là me disait
qu’ils ne peuvent pas prier ensemble : c’est interdit ! Ils
peuvent seulement prier tout seuls, et cachés. Mais quand ils
veulent célébrer l’Eucharistie, comment font-ils ? Ils organisent
une fête d’anniversaire, ils font semblant de célébrer un
anniversaire, et ils célèbrent l’Eucharistie avant la fête. Et -
c’est arrivé ! - lorsqu’ils voient que les policiers arrivent,
tout de suite ils cachent tout et lancent : “Joyeux
anniversaire“, “tous nos vœux“, et font la fête. Puis
lorsqu’ils repartent, ils terminent l’Eucharistie. Ils sont
obligés de faire comme ça parce que c’est interdit de prier
ensemble. Ça se passe aujourd’hui !
Cette
histoire de persécution, c’est le chemin du Seigneur, c’est le
chemin de ceux qui suivent le Seigneur. Mais à la fin, ça finit
toujours comme pour le Seigneur : avec une résurrection - mais en
passant par la Croix ! Je pense au père Matteo Ricci qui a
évangélisé la Chine, et qui n’a pas été compris, pas du tout.
Mais lui a obéi comme Jésus. Il y aura toujours des persécutions,
des incompréhensions, mais Jésus est le Seigneur ! C’est le
défi de la Croix, en laquelle nous croyons ! Alors
quand ça arrive, dans nos communautés ou dans nos cœurs, regardons
le Seigneur, et pensons au passage du livre de la Sagesse qui parle
des pièges tendus aux justes par les impies.
Que le
Seigneur nous donne la grâce d’aller sur son chemin, et si ça
arrive, même avec la croix des persécutions !
Homélie du
vendredi 4 avril 2014 (Sg 2, 1… 22 ; Jn 7, 2 … 30)
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