Ne soyons
pas des chrétiens chauve-souris qui ont peur de la lumière, peur de
la joie
L’Évangile
de ce jour raconte l’apparition du Christ ressuscité aux
disciples. Lorsque le Seigneur adresse son salut de paix aux
disciples, eux, au lieu de se réjouir, sont « remplis de
stupeur et de crainte », « croyant voir un fantôme ».
Jésus cherche à leur faire comprendre que ce qu’ils voient est
réel, il les invite à toucher son corps, il se fait donner à
manger : il veut les conduire à la joie de la Résurrection, la
joie de sa présence au milieu d’eux. Mais les disciples ne
croyaient pas à la joie, ils ne pouvaient pas croire parce qu’ils
avaient peur de la joie.
Ça, c’est
une maladie des chrétiens : nous avons peur de la joie !
Il vaut mieux penser : Oui, oui, Dieu existe, il est là haut…
Jésus est ressuscité : il est là haut. Un peu de distance !
Nous avons peur de la proximité de Jésus parce que ça nous donne
de la joie ! C’est ce qui explique tous ces chrétiens
funèbres, non ? Ceux pour qui la vie semble un continuel
enterrement : ils préfèrent la tristesse à la joie. Ils
préfèrent se déplacer non pas dans la lumière de la joie, mais
dans l’obscurité, comme ces animaux qui ne réussissent à sortir
que la nuit, mais pas à la lumière du jour parce que là, ils
ne voient rien ! Comme les chauve-souris… Avec un peu
d’humour, nous pourrions dire que nous sommes des chrétiens
chauve-souris, qui préfèrent l’ombre à la lumière de la
présence du Seigneur : nous avons peur de la joie.
Mais
Jésus, par sa résurrection, nous donne la joie : la joie
d’être chrétiens, la joie de le suivre de près, la joie d’aller
sur la route des béatitudes, la joie d’être avec lui. Alors que
nous, si souvent, ou bien nous sommes remplis de stupeur quand nous
vient cette joie, ou bien remplis de peur. Ou nous croyons voir un
fantôme, ou encore nous pensons que Jésus, c’est avant tout une
manière d’agir : nous sommes chrétiens, nous devons donc
faire comme ceci.
Mais où
est Jésus ? Eh bien Jésus, il est au ciel… Est-ce que tu
parles avec Jésus ? Est-ce que tu lui dis : Je crois que
tu es vivant ? Que Tu es ressuscité, que Tu es près de moi,
que Tu ne m’abandonnes pas ? C’est ce que doit être la vie
chrétienne : un dialogue avec Jésus. Parce que c’est vrai :
Jésus est toujours avec nous. Il est toujours avec nous dans nos
problèmes, dans nos difficultés - et dans nos bonnes œuvres.
Si
souvent, nous chrétiens, nous ne sommes pas joyeux parce que nous
avons peur : nous restons terrassés par la Croix. Dans mon
pays, un proverbe dit : Quand quelqu’un se brûle avec du lait
bouillant, après, quand il voit une vache, il pleure ! Ces
chrétiens-là se sont brûlés avec le drame de la Croix et ils ont
dit : Arrêtons-nous ici. Lui il est au Ciel, très bien ! Il
est ressuscité, mais surtout, qu’il
ne revienne pas, parce que nous n’y arriverons pas !
Demandons
au Seigneur qu’il fasse avec nous tous ce qu’il a fait avec ses
disciples qui avaient peur de la joie : qu’il ouvre notre
esprit ! « Il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence
des Écritures » : qu’il ouvre notre esprit et nous
fasse comprendre qu’Il est une réalité vivante, qu’Il a un
corps, qu’Il est avec nous, qu’Il nous accompagne et qu’Il est
victorieux.
Demandons
au Seigneur la grâce de ne pas avoir peur de la joie.
Homélie du
jeudi 24 avril 2014 (Ac 3, 11-26 ; Lc 24, 35-48)
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