24 février 2014

Du Pape François 14/02/2014

Comme des agneaux, et avec joie !
    En cette fête de saint Cyrille et Méthode, demandons-nous : Comment doit être un disciple de Jésus ? La première lecture, tirée des Actes des apôtres, nous indique que le chrétien est « envoyé ». Le Seigneur envoie ses disciples : il leur demande d’aller de l’avant. Et ça signifie que le chrétien est disciple du Seigneur qui est en chemin, qui va toujours de l’avant.
    On ne peut pas concevoir un chrétien à l’arrêt. Un chrétien qui reste immobile est malade : il est atteint dans son identité chrétienne, il y a quelque chose de malade dans cette identité. Le chrétien est disciple pour cheminer, pour aller de l’avant. Et le Seigneur nous le dit à nous aussi - nous l’avons entendu dans le psaume - et il invite : « Allez dans le monde entier annoncer l’Évangile » - allez-y, marchez ! Un premier comportement qui fait partie de l’identité du chrétien est donc de marcher, de marcher même s’il y a des difficultés, d’aller au delà des difficultés. C’est ce qui est arrivé à Paul à Antioche de Pisidie : il y avait des problèmes avec la communauté juive, eh bien les païens sont allés de l’avant !
    Jésus exhorte à aller à la croisée des chemins, et à inviter tout le monde, les bons et les méchants. C’est ce que dit l’Évangile : oui, même les méchants, tout le monde ! Donc, le chrétien marche, et s’il y a des difficultés, il passe outre pour annoncer que « le Royaume de Dieu est proche ».
    Un second aspect de l’identité du chrétien est que le chrétien doit toujours rester un agneau. Le chrétien est un agneau, et doit garder cette identité. Le Seigneur nous envoie « comme des agneaux au milieu des loups ». Mais on pourrait proposer d’utiliser la force contre les loups - pensons à David lorsqu’il a dû lutter contre le philistin. On voulait le revêtir des armures de Saül, et il ne pouvait plus bouger !... Il n’était plus lui-même, il n’était plus l’humble, le simple David. Finalement, il a pris la fronde, et il a remporté la bataille !
    Oui, comme des agneaux. Ne pas devenir des loups… La tentation peut venir parfois de se dire : C’est difficile ça. Ces loups sont malins, mais moi, je serai plus malin qu’eux, n’est-ce pas ? Non : un agneau. Pas idiot, mais agneau. Avec la perspicacité chrétienne, mais toujours agneau. Car si tu es agneau, Lui te défend. Mais si tu te sens fort comme le loup, Lui ne te défend pas : il te laisse tout seul, et les loups te mangeront tout cru !
    Le troisième aspect de cette identité du chrétien, le style du chrétien, c’est la joie. Les chrétiens sont des personnes qui exultent, parce qu’elles connaissent le Seigneur et elles portent le Seigneur. On ne peut pas marcher en chrétien sans joie, on ne peut pas marcher comme des agneaux sans joie. Même au milieu des problèmes, des difficultés, même au milieu de nos propres erreurs et de nos péchés, il y a la joie de Jésus qui toujours pardonne et aide. Alors l’Évangile peut aller de l’avant, porté par ces agneaux envoyés par le Seigneur et qui marchent, avec joie !
    Ils ne font pas une faveur ni au Seigneur ni à l’Église, ces chrétiens qui ont pour tempo un adagio lamentoso. Qui vivent toujours en se lamentant de tout, qui sont tristes. Ce n’est pas le style du disciple. Saint Augustin disait aux chrétiens : Vas-y, va de l’avant, chante et marche - et avec joie ! C’est ça le style du chrétien : annoncer l’Évangile avec joie. Et le Seigneur s’occupe de tout. Au contraire, la tristesse trop grande, oui, cette tristesse trop grande, amère, nous conduit à vivre une sorte de christianisme sans le Christ : la Croix est vide, et les chrétiens sont en pleurs devant le sépulcre, comme Marie Madeleine, mais sans la joie d’avoir trouvé le Ressuscité.
    En cette fête de ces deux disciples du Christ, Cyrille et Méthode, l’Église nous fait réfléchir sur l’identité chrétienne. Le chrétien ne reste jamais immobile : c’est un homme, une femme, qui est toujours en chemin, par delà les difficultés. Il chemine comme un agneau : il ne s’appuie pas sur ses propres forces, et c’est un homme, une femme, qui chemine avec joie. Que par l’intercession de ces deux frères, saints et patrons d’Europe, le Seigneur nous accorde la grâce de vivre en chrétiens qui marchent comme des agneaux, et avec joie.

Homélie du vendredi 14 février 2014 (Ac 13, 46-49 ; Ps 116 ; Lc 10, 1-9)



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