Comme des
agneaux, et avec joie !
En cette
fête de saint Cyrille et Méthode, demandons-nous : Comment
doit être un disciple de Jésus ? La première lecture, tirée
des Actes des apôtres, nous indique que
le chrétien est « envoyé ». Le Seigneur envoie ses
disciples : il leur demande d’aller de l’avant. Et ça
signifie que le chrétien est disciple du Seigneur qui est en chemin,
qui va toujours de l’avant.
On ne peut
pas concevoir un chrétien à l’arrêt. Un chrétien qui reste
immobile est malade : il est atteint dans son identité
chrétienne, il y a quelque chose de malade dans cette identité. Le
chrétien est disciple pour cheminer, pour aller de l’avant. Et le
Seigneur nous le dit à nous aussi - nous l’avons entendu dans le
psaume - et il invite : « Allez dans le monde entier
annoncer l’Évangile » - allez-y, marchez ! Un premier
comportement qui fait partie de l’identité du chrétien est donc
de marcher, de marcher même s’il y a des difficultés, d’aller
au delà des difficultés. C’est ce qui est arrivé à Paul à
Antioche de Pisidie : il y avait des problèmes avec la
communauté juive, eh bien les païens sont allés de l’avant !
Jésus
exhorte à aller à la croisée des chemins, et à inviter tout le
monde, les bons et les méchants. C’est ce que dit l’Évangile :
oui, même les méchants, tout le monde ! Donc, le chrétien
marche, et s’il y a des difficultés, il passe outre pour annoncer
que « le Royaume de Dieu est proche ».
Un second
aspect de l’identité du chrétien est que le chrétien doit
toujours rester un agneau. Le chrétien est un agneau, et doit garder
cette identité. Le Seigneur nous envoie « comme des agneaux au
milieu des loups ». Mais on pourrait proposer d’utiliser la force
contre les loups - pensons à David lorsqu’il a dû lutter contre
le philistin. On voulait le revêtir des armures de Saül, et il ne
pouvait plus bouger !... Il n’était plus lui-même, il
n’était plus l’humble, le simple David. Finalement, il a pris la
fronde, et il a remporté la bataille !
Oui, comme
des agneaux. Ne pas devenir des loups… La tentation peut venir
parfois de se dire : C’est difficile ça. Ces loups sont
malins, mais moi, je serai plus malin qu’eux, n’est-ce pas ?
Non : un agneau. Pas idiot, mais agneau. Avec la perspicacité
chrétienne, mais toujours agneau. Car si tu es agneau, Lui te
défend. Mais si tu te sens fort comme le loup, Lui ne te défend
pas : il te laisse tout seul, et les loups te mangeront tout
cru !
Le troisième
aspect de cette identité du chrétien, le style du chrétien, c’est
la joie. Les chrétiens sont des personnes qui exultent, parce
qu’elles connaissent le Seigneur et elles portent le Seigneur. On
ne peut pas marcher en chrétien sans joie, on ne peut pas marcher
comme des agneaux sans joie. Même au milieu des problèmes, des
difficultés, même au milieu de nos propres erreurs et de nos
péchés, il y a la joie de Jésus qui toujours pardonne et aide.
Alors l’Évangile peut aller de l’avant, porté par ces agneaux
envoyés par le Seigneur et qui marchent, avec joie !
Ils ne font
pas une faveur ni au Seigneur ni à l’Église, ces chrétiens qui
ont pour tempo un adagio lamentoso. Qui vivent toujours en se
lamentant de tout, qui sont tristes. Ce n’est pas le style du
disciple. Saint Augustin disait aux chrétiens : Vas-y, va de
l’avant, chante et marche - et avec joie ! C’est ça le
style du chrétien : annoncer l’Évangile avec joie. Et le
Seigneur s’occupe de tout. Au contraire, la tristesse trop grande,
oui, cette tristesse trop grande, amère, nous conduit à vivre une
sorte de christianisme sans le Christ : la Croix est vide,
et les chrétiens sont en pleurs devant le sépulcre, comme Marie
Madeleine, mais sans la joie d’avoir trouvé le Ressuscité.
En cette
fête de ces deux disciples du Christ, Cyrille et Méthode, l’Église
nous fait réfléchir sur l’identité chrétienne. Le chrétien ne
reste jamais immobile : c’est un homme, une femme, qui est
toujours en chemin, par delà les difficultés. Il chemine comme un
agneau : il ne s’appuie pas sur ses propres forces, et c’est
un homme, une femme, qui chemine avec joie. Que par l’intercession
de ces deux frères, saints et patrons d’Europe, le Seigneur nous
accorde la grâce de vivre en chrétiens qui marchent comme des
agneaux, et avec joie.
Homélie du
vendredi 14 février 2014 (Ac 13, 46-49 ; Ps 116 ; Lc 10,
1-9)
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