Comment
puis-je résoudre ça !
La première
lecture nous montre le roi David
qui tombe amoureux de Bethsabée, la femme d’Urie, l’un de ses
généraux. Il la lui prend et envoie son mari en première ligne au
cours d’une bataille, provoquant ainsi sa mort et de fait,
commettant un meurtre. Pourtant, l’adultère et l’homicide ne
l’émeuvent pas plus que ça. David se trouve devant un gros péché,
mais lui ne perçoit pas le péché. Il ne lui vient pas à l’esprit
de demander pardon. Ce qui lui vient à l’esprit, c’est : Comment
puis-je résoudre ça ?
C’est
quelque chose qui peut nous arriver à tous. Tous, nous sommes
pécheurs, tous nous sommes tentés, et la tentation est notre pain
de chaque jour. Si l’un de nous disait : Moi, je n’ai jamais
eu de tentations, soit vous êtes un chérubin, soit vous êtes un
peu stupide, non ? Bien sûr, la lutte est normale la vie, et le
démon ne reste pas tranquille : lui veut sa victoire. Mais le
problème ici n’est pas tant la tentation et le péché contre le
neuvième commandement que la manière dont David agit. C’est David
qui ne parle pas de péché, mais qui parle d’un problème à
résoudre. Ça, c’est un signe ! Quand le règne de Dieu
s’amoindrit, quand le règne de Dieu s’affaiblit, un des signes
est que l’on perd le sens du péché.
Chaque jour,
en priant le “Notre Père“, nous demandons à Dieu : « Que
ton règne vienne » - ce qui veut dire : Que ton règne
s’étende. Mais quand le sens du péché se perd, se perd aussi le
sens du règne de Dieu, et à sa place émerge une conception
anthropologique de superpuissance : “Je peux tout.“ La
puissance de l’homme à la place de la gloire de Dieu ! Et ça
devient le pain de chaque jour… D’où l’importance de la prière
de chaque jour à Dieu : « Que ton règne vienne, que ton
règne s’étende ! », parce que le salut ne viendra pas
de nos ruses, de notre astuce, de notre habileté à mener
intelligemment les affaires. Le salut viendra de la grâce de Dieu et
de notre entrainement quotidien à accueillir cette grâce dans notre
vie chrétienne.
Pie XII a
dit que le plus grand péché aujourd’hui, c’est que les hommes
ont perdu le sens du péché. Et si on regarde Urie, l’homme
innocent livré à la mort par la faute de son roi, il devient
l’emblème de toutes les victimes de notre arrogance jamais
confessée.
Je vous
avoue que quand je vois cette injustice, cette arrogance humaine,
quand je vois aussi le danger qui me guette moi-même, le danger de
perdre le sens du péché, ça me fait du bien de penser à tous les
Urie de l’histoire, à tous les Urie qui aujourd’hui même,
souffrent de notre médiocrité chrétienne lorsque nous perdons le
sens du péché, que nous laissons tomber le règne de Dieu… Ce
sont les martyrs de nos péchés, non reconnus comme tels.
Nous ferions
bien de prier aujourd’hui pour nous, pour que le Seigneur nous
donne toujours la grâce de ne pas perdre le sens du péché, pour
que le règne ne s’affaiblisse pas en nous. Et aussi de porter une
fleur spirituelle sur la tombe de ces Urie contemporains qui payent
la note du banquet de ceux qui se sécurisent, de ces chrétiens qui
se sentent en sécurité.
Homélie du
vendredi 31 janvier 2014 (2 Sam 11, 1… 17 ; Mc 4, 26-34)
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