4 février 2014

Du Pape François 31/01/2014

Comment puis-je résoudre ça !

La première lecture nous montre le roi David qui tombe amoureux de Bethsabée, la femme d’Urie, l’un de ses généraux. Il la lui prend et envoie son mari en première ligne au cours d’une bataille, provoquant ainsi sa mort et de fait, commettant un meurtre. Pourtant, l’adultère et l’homicide ne l’émeuvent pas plus que ça. David se trouve devant un gros péché, mais lui ne perçoit pas le péché. Il ne lui vient pas à l’esprit de demander pardon. Ce qui lui vient à l’esprit, c’est : Comment puis-je résoudre ça ?
C’est quelque chose qui peut nous arriver à tous. Tous, nous sommes pécheurs, tous nous sommes tentés, et la tentation est notre pain de chaque jour. Si l’un de nous disait : Moi, je n’ai jamais eu de tentations, soit vous êtes un chérubin, soit vous êtes un peu stupide, non ? Bien sûr, la lutte est normale la vie, et le démon ne reste pas tranquille : lui veut sa victoire. Mais le problème ici n’est pas tant la tentation et le péché contre le neuvième commandement que la manière dont David agit. C’est David qui ne parle pas de péché, mais qui parle d’un problème à résoudre. Ça, c’est un signe ! Quand le règne de Dieu s’amoindrit, quand le règne de Dieu s’affaiblit, un des signes est que l’on perd le sens du péché.
Chaque jour, en priant le “Notre Père“, nous demandons à Dieu : « Que ton règne vienne » - ce qui veut dire : Que ton règne s’étende. Mais quand le sens du péché se perd, se perd aussi le sens du règne de Dieu, et à sa place émerge une conception anthropologique de superpuissance : “Je peux tout.“ La puissance de l’homme à la place de la gloire de Dieu ! Et ça devient le pain de chaque jour… D’où l’importance de la prière de chaque jour à Dieu : « Que ton règne vienne, que ton règne s’étende ! », parce que le salut ne viendra pas de nos ruses, de notre astuce, de notre habileté à mener intelligemment les affaires. Le salut viendra de la grâce de Dieu et de notre entrainement quotidien à accueillir cette grâce dans notre vie chrétienne.
Pie XII a dit que le plus grand péché aujourd’hui, c’est que les hommes ont perdu le sens du péché. Et si on regarde Urie, l’homme innocent livré à la mort par la faute de son roi, il devient l’emblème de toutes les victimes de notre arrogance jamais confessée.
Je vous avoue que quand je vois cette injustice, cette arrogance humaine, quand je vois aussi le danger qui me guette moi-même, le danger de perdre le sens du péché, ça me fait du bien de penser à tous les Urie de l’histoire, à tous les Urie qui aujourd’hui même, souffrent de notre médiocrité chrétienne lorsque nous perdons le sens du péché, que nous laissons tomber le règne de Dieu… Ce sont les martyrs de nos péchés, non reconnus comme tels.
Nous ferions bien de prier aujourd’hui pour nous, pour que le Seigneur nous donne toujours la grâce de ne pas perdre le sens du péché, pour que le règne ne s’affaiblisse pas en nous. Et aussi de porter une fleur spirituelle sur la tombe de ces Urie contemporains qui payent la note du banquet de ceux qui se sécurisent, de ces chrétiens qui se sentent en sécurité.


Homélie du vendredi 31 janvier 2014 (2 Sam 11, 1… 17 ; Mc 4, 26-34)



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