Le
Seigneur s’approche avec cette sonorité du silence propre à
l’amour
Dieu nous
parle comme le font un papa et une maman avec leur enfant. Quand
l’enfant fait un mauvais rêve, il se réveille en pleurant, et
le papa y va et dit : N’aie pas peur, n’aie pas peur. C’est
moi, je suis là. C’est comme ça que le Seigneur nous parle :
« N’aie pas peur, vermisseau de
Jacob, embryon d’Israël ». C’est la manière dont
parle le Seigneur : il s’approche.
Quand nous
regardons un papa ou une maman qui parle à son enfant, nous voyons
qu’eux-mêmes deviennent petits : ils parlent avec la voix
d’un enfant et font des gestes d’enfants. Quelqu’un qui regarde
de l’extérieur peut penser : Mais ils sont ridicules !
Ils se rapetissent à ce moment-là, non ? Parce que l’amour
du papa, de la maman, nécessite de se faire proche, je dirai même
de s’abaisser vers le monde de l’enfant. Et oui, si papa et maman
lui parlent normalement, l’enfant comprendra aussi, mais eux
veulent prendre la façon de parler de l’enfant : ils se font
proches, ils se font enfants - et le Seigneur est ainsi.
Les
théologiens grecs, pour parler de cette attitude de Dieu,
employaient un mot bien difficile : la synkatábasi,
la complaisance de Dieu, qui descend pour se faire comme l’un de
nous. Et c’est ce que nous voyons ici. Le Seigneur dit : Ne
crains pas, je suis ici, n’aie pas peur.
Et puis le
papa et la maman disent des choses un peu ridicules à l’enfant :
Ah mon amour, mon nounours… et plein d’autres choses. Eh bien le
Seigneur le fait aussi quand il dit : « Vermisseau de
Jacob » ! Tu es comme un vermisseau pour moi, une petite
chose, toute petite, mais je t’aime tant ! C’est là le
langage du Seigneur, et c’est le langage d’amour d’un père,
d’une mère. “Parole du Seigneur“ ? Oui, et nous entendons
ce qu’il nous dit. Mais nous voyons aussi la façon dont il le dit,
et nous devons faire ce que fait le Seigneur - faire ce qu’il dit,
et le faire comme il le dit : avec amour, avec tendresse, avec
cette complaisance envers les frères.
Dans la
rencontre d’Élie avec Dieu, Dieu est comme « la brise
légère », ou - comme le dit le texte original - un « souffle
qui fait résonner le silence » : c’est comme ça que
le Seigneur s’approche, avec cette sonorité du silence propre à
l’amour. Sans se donner en spectacle. Et il se fait petit pour me
rendre puissant. Lui va à la mort, il y condescend, pour que moi je
puisse vivre.
Telle est
la musique du langage du Seigneur, et en nous préparant à Noël,
nous devons l’entendre : l’entendre nous fera du bien, tellement
de bien ! Noël apparaît habituellement comme une fête plutôt
bruyante, mais nous ferons bien de faire un peu silence et d’entendre
ces paroles d’amour, ces paroles de proximité, ces paroles de
tendresse : Tu es un vermisseau, mais moi je t’aime tant
!
Faisons
donc silence en ce temps où, comme le dit le prophète, nous
« veillons dans l’attente ».
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